Malgré ses projets littéraires, l’animation (Cette année-là) ou la scénarisation télévisuelle (Six degrés, où il tient également le rôle d’Antoine Beaulieu), le rythme de production de Simon Boulerice et la qualité de ses créations ne démentent pas.
Créée à l’été 2021, la pièce de théâtre Nous nous sommes tant aimés porte avec raison le sous-titre de « Conventum » puisqu’il s’agit effectivement d’une plongée, 30 ans plus tard, au cœur de ce moment cathartique que constitue le bal des finissants du secondaire.
Chacun des cinq personnages approche de la cinquantaine et porte donc un regard critique, ou évite sciemment de le faire, sur ses réalisations, ainsi que celles des autres. Bien que la retenue et la bienséance soient au départ de rigueur, plus la soirée avance et plus il appert qu’il y a « quelque chose de pourri au royaume du Danemark ».
Steve est menuisier, divorcé, et relativement solitaire. Méo (Marie-Ève) est coiffeuse et mère de trois enfants. Lucie est enseignante au primaire, célibataire, et n’a pas la langue dans sa poche. Lancelot est comédien et se cherche encore sur le plan professionnel.
L’atmosphère est tout d’abord placée sous le signe de la légèreté et de la nostalgie, mais les digues vont bientôt se fendre et les secrets se révéler, notamment ceux entourant un personnage qui agit en coulisse et traverse régulièrement le quatrième mur au profit des spectateurs : Maryse, une critique de cinéma, lesbienne, qui porte en elle une blessure encore à vif.
L’écriture est efficace et ménage bien les rebondissements. On ne peut d’ailleurs que se reconnaitre dans les références culturelles et les aprioris de cette génération des années 90, de même que dans ses convictions et illusions qui se révèlent progressivement quelque peu chambranlantes.
INFOS | Nous nous sommes tant aimés / Simon Boulerice. [Québec] Éditions Ta Mère, 2021. 175 p.