Mardi, 18 mars 2025
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    Le Village = l’identité et la fierté

    Vous l’avez probablement vue sur les réseaux sociaux depuis près d’un mois. Elle a pour objectif de promouvoir les communautés incluses dans le fameux « 2SLGBTQ+ ». Lancée en avril dernier, une campagne vidéo nouveau genre vise à positionner le Village comme safe space pour les membres de ses communautés. Sur le rythme des vers, 17 personnes dévoilent leur.s identité.s dans cette grande danse de la diversité, toutes sélectionnées pour leur appartenance au Village et leur identification à l’une ou l’autre des franges des communautés de la diversité sexuelle et de genre.


    Grâce au soutien financier de la Ville de Montréal, la Société de développement commerciale (SDC) du Village a concocté cette vidéo en collaboration avec l’agence de marketing lg2 et la réputée maison de production Gorditos. D’abord, il y a eu le lancement d’une nouvelle image de marque avec une refonte du logo du Village, de nouveaux tubulaires avec des messages portant les valeurs du quartier le long de la rue Sainte-Catherine Est, et maintenant, on poursuit la campagne de positionnement avec cette vidéo manifeste.

    La vidéo se veut avant tout une représentation du réel, tant par la mise en relief des enjeux du quartier que par les figurant.e.s qui vivent chacun.e cet écosystème unique. « Oui, le quartier égale l’itinérance ou l’extravagance, mais il égale aussi l’identité et la fierté », peut-on entendre de la rappeuse Calamine à la narration, fière Montréalaise et Révélation Radio-Canada 2021-2022, qui s’identifie aussi aux communautés 2SLGBTQ+. Ici, le symbole mathématique « égal », nouveau logo du Village formé par l’accentuation des deux « l », ponctue et met en relation l’ensemble des éléments visuels et narratifs de la vidéo.

    Nous sommes allé.e.s à la rencontre de trois des participant.e.s à cette vidéo pour en apprendre plus sur leur histoire, mais aussi pour comprendre leur relation au Village. Artie Prado, Sasha Baga, Javier Leon et Gabrielle Rondy, la directrice générale par intérim de la SDC, participent à la rencontre. Attablé.e.s au café Chez Lulu, l’ambiance est très décontractée et les éclats de rire font partie de cette conversation.

    JAVIER LEON / PHOTO : CHARLES MACKAY

    « Je viens du Mexique, ce n’est pas très ouvert là-bas. Les gens ne se rendent pas compte qu’on est chanceux ici d’avoir une place d’ouverture comme le Village et je ne comprends pas comment des gens de la communauté descendent le Village. […] Lorsqu’il y a des gens que je connais qui viennent visiter Montréal, je les amène ici, dans le Village, afin qu’ils puissent voir ce que c’est, quel espace que c’est, qu’il y a toutes sortes de gens, qu’on est accepté.e.s comme nous sommes […] Donc, pour ça, je trouve que c’est bien de montrer [par la vidéo] que tout le monde doit avoir sa place dans le Village », dit Artie Prado, qui provient du milieu de la télévision au Mexique.

    Javier Leon réagit tout de suite aux propos de son compatriote puisque lui aussi est originaire du Mexique : « Je travaille dans un salon de coiffure queer friendly, toutes mes collègues ont partagé cette vidéo et des client.e.s aussi. C’est très cool. C’est une campagne qui représente bien le Village. J’apprécie ce que la SDC a fait parce que je trouve ça terrible qu’il y ait de la discrimination entre les membres de la communauté. C’est pour ça que j’y ai participé ».

    « Pour la majorité des gens comme moi, ici, dans le Village, c’est une des seules places à Montréal où quelqu’un de trans peut vivre librement. Mais ça ne veut pas dire qu’il n’y a pas de discrimination. Je peux vous dire qu’il y a même beaucoup de discrimination dans le milieu », indique Sasha Baga qui est aussi drag queen. « Je suis la seule qui est la plus en chair dans la vidéo, je n’ai pas fait de chirurgie plastique, rien. C’est mon corps, point. J’ai beaucoup apprécié le fait qu’il y ait toutes sortes de personnes différentes. » « C’était un des objectifs de la vidéo, non pas seulement de mettre en valeur un Village inclusif, mais on voulait aussi représenter la diversité corporelle », souligne pour sa part Gabrielle Rondy.

    Encore en 2022, l’amour peut choquer
    Si, dans l’ensemble, les commentaires positifs abondent sur les réseaux sociaux, on a vu des gens s’insurger en citant des versets de la Bible. « Eh bien, moi je dirais que si ça dérange ces personnes-là, qu’elles restent chez elles, elles ne sont pas obligées de venir dans le Village », ajoute Javier Leon. « Nous sommes parti.e.s du Mexique parce que c’est une société très religieuse et que, justement, on voulait avoir plus de liberté ici et qu’il y ait moins d’oppression. » « Le message de tolérance et d’inclusion était vraiment très important », dit Sasha Baga. « Ma mère est très pratiquante et elle a trouvé la vidéo très trippante ! […] Il y aura toujours des gens qui ne sont pas d’accord, mais c’est à nous aussi d’expliquer les choses et de se rendre visibles […]. »

    « Il y a beaucoup de Latinos LGBT qui viennent dans le Village parce qu’on s’y sent à l’aise », renchérit Artie Prado. « On est en confiance. Lorsque je vivais à New York, j’étais dans une famille de mormons, c’était très conservateur, mais presque à chaque week-end je venais à Montréal dans le Village, c’est reconnu partout. Il va y avoir des messages d’intolérance, mais ça ne change rien au Village […] »

    « Village gai »
    D’autres commentaires indiquaient qu’on ne dit plus le « Village gai », qu’est-ce que vous en pensez ? « On leur doit beaucoup [aux hommes gais] parce qu’ils ont fondé le Village », souligne Sasha Baga. « Ils ont fait beaucoup pour les droits, etc. Mais ils l’ont fait aux côtés des communautés de la diversité et c’est important de le rappeler. C’est important aussi de ne pas résumer toutes les identités du Village à une seule des lettres du “parapluie” 2SLGBTQ+. » « Je peux comprendre la nostalgie, mais la société n’est plus là. Le fait d’être plus inclusif de certaines identités, ça ne signifie pas d’en exclure d’autres, ou de faire une croix sur l’histoire, bien au contraire », ajoute Javier Leon.    
     
    « Il ne s’agit pas d’effacer ou de mettre de côté qui que ce soit ici comme certain.e.s ont pu le penser en regardant la vidéo », ajoute Gabrielle Rondy. « Il y a une génération de pionnier.ère.s qu’il faut reconnaitre et qui a bâti le Village. Mais comment concrétiser ce devoir de mémoire et de l’histoire du Village ? On veut justement travailler là-dessus au cours de la prochaine année. Mais il fallait d’abord que l’on s’occupe du plus pressant après deux années passées avec la COVID-19. »

    « On sait qu’on a de la formation à faire sur les différentes communautés auprès des commerçant.e.s parce que ce sont de nouvelles clientèles potentielles. Et ça va venir. Mais comme je l’ai dit, on est en période postpandémie et il faut d’abord s’en sortir […] », conclut Gabrielle Rondy.

    ARTIE PRADO / PHOTO : CHARLES MACKAY

    L’itinérance
    Bien sûr, on parle de l’itinérance dans cette vidéo-là puisqu’ici, on traite du réel. « C’était important pour nous de nommer l’itinérance, de ne pas faire comme si elle n’existait pas », affirme Gabrielle Rondy. Sasha Baga connait plusieurs itinérant.e.s, elle qui a travaillé pour la SDC, elle les a côtoyé.e.s et a développé certains liens avec ces populations marginalisées. « On parle souvent du sentiment de sécurité, mais ce ne sont pas toustes les itinérant.e.s qui sont violent.e.s », poursuit Sasha Baga. « Certain.e.s venaient même m’offrir des cafés, pourtant ce sont des itinérant.e.s et iels n’ont pas d’argent. Il y a plusieurs façons de voir les choses lorsqu’on est souvent sur la rue comme je l’ai été pour la SDC. Ce sont des êtres humains comme les autres… » 

    En conclusion
    « J’ai fait de la télévision au Mexique, on me disait qu’il fallait que je sois plus “masculin”. Mais pas ici. On ne m’a jamais dit ça. Les gens sont chanceux ici de vivre dans un pays plus libre, plus ouvert et d’avoir un tel Village. Et ils ne s’en rendent pas compte », souligne Artie Prado. Mais même si on dit que le Mexique n’a pas d’ouverture, il y a beaucoup d’homosexuel.le.s qui visitent Puerto Vallarta, par exemple, non ? « Oui, il y a des endroits plus ouverts au Mexique comme le centre de Vallarta, mais dès qu’on sort de là, à peine à quelques rues du centre touristique, on risque de se faire frapper. On n’accepte pas bien les gens comme nous… Je suis très content d’avoir participé à cette vidéo, je suis content que la SDC ait fait une vidéo pareille avec tant de personnes différentes et de montrer cette
    diversité. J’ai été très touché et mon entourage aussi. Comme je l’ai dit, ce n’est pas pour rien que beaucoup de Latinos LGBTQ+ viennent dans le Village, c’est parce qu’on s’y sent bien et qu’on peut être soi-même et vivre sa vie [sans craindre d’être violenté.e ou tué.e comme ailleurs] … C’est une très bonne chose [cette vidéo-là] », conclut Artie Prado.  


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