Depuis ses débuts en drag, Kendall Gender milite pour de nombreuses causes sociales et donne une part des profits de ses spectacles à des organismes de charité. Il n’est donc pas surprenant d’apprendre que la finaliste de la deuxième saison de Canada’s Drag Race ait accepté de devenir le visage de la marque de cosmétique Annabelle en proposant un partenariat avec Rainbow Railroad, une organisation venant en aide aux réfugiés LGBTQ+. Fugues s’est entretenu avec elle.
Pourquoi as-tu accepté d’être le visage d’Annabelle ?
Kendall Gender : C’est quelque chose que je manifestais dans mes rêves les plus fous en tant qu’enfant, et le fait que ça devienne la réalité, ça me dépasse complètement ! Le plus cool là-dedans, c’est que ce n’est pas seulement une campagne de promotion pour n’importe quelle entreprise. Annabelle croit vraiment à la liberté d’expression et à l’empowerment [l’autodétermination, NDLR]. Je trouve ça chouette comme artiste queer d’être impliquée avec des entreprises qui se soucient vraiment des créateurs et qui cherchent des moyens de redonner. Quand je signe un partenariat, je m’assure que ça ne tourne pas seulement autour de moi. Je tiens à renvoyer l’ascenseur aux communautés et aux organisations qui m’ont amenée là où je suis rendue dans la vie.
Pourquoi avoir choisi d’associer Rainbow Railroad à cette aventure ?
Kendall Gender : C’est une organisation canadienne sans but lucratif qui vient en aide aux personnes LGBTQ2S+ qui doivent fuir les violences et la persécution dans leur pays, en
fonction de leur orientation sexuelle, de leur identité de genre ou d’autres caractéristiques sexuelles. L’idée de la contacter vient de moi. Je travaille avec cette équipe depuis des années et je suis très heureuse de pouvoir l’impliquer dans un projet d’une telle ampleur. On a tourné une vidéo dans laquelle je m’exprime sur le fait de vivre fièrement et une donation est faite à Rainbow Railroad chaque fois que la vidéo est vue. On préférait cela à une campagne basée sur la consommation durant laquelle un pourcentage des produits vendus est remis à un organisme.
Quelles autres portes t’ont été ouvertes par ta participation à Canada’s Drag Race ?
Kendall Gender : J’ai pu voyager partout dans le monde pour donner des spectacles et prendre part à plusieurs campagnes. Mes rêves de pop star sont devenus bien réels, mais ce qui me rend la plus fière, c’est la campagne avec Annabelle. Pas parce qu’on voit mon visage dans plusieurs magasins à travers le pays, mais parce que je peux être une représentation pour les gens. Quand j’étais jeune, je voyais très peu de personnes qui s’habillaient ou qui s’exprimaient comme moi. Je trouve ça cool de penser que la jeune génération pourra se reconnaitre en moi. Je crois qu’on peut créer une vague de changement en étant visibles.
Avec quelles queens de l’émission es-tu restée proche ?
Kendall Gender : Outre mes bonnes amies du Brat Pack de Vancouver (Gia Metric, Synthia Kiss), je suis devenue très proche de Pythia de Montréal. Je l’adore et je respecte énormément son sens artistique, même si on ne pourrait pas être plus différentes. J’aimerais beaucoup faire un spectacle avec elle. Écris-le sur papier. Il faut faire en sorte que ça se produise !
Replongeons maintenant dans le passé. Comment as-tu commencé la drag ?
Kendall Gender : En 2014, quand je suis tombée sur une version relativement contemporaine de la drag, je suis devenue obsédée. Je sentais que toutes les choses que j’aimais, comme la mode, le maquillage et la performance sur scène, étaient réunies dans la même discipline. Je me disais : « Oh, mon Dieu, c’est ce que je dois faire ! ». J’ai commencé de façon sporadique durant des années, puis ma carrière a pris son envol. Je crois sincèrement que la drag a fait de moi une personne plus confiante et plus consciente de qui je suis et de ce que je veux.
As-tu toujours vu la drag comme un véhicule de divertissement et d’implication sociale ?
Kendall Gender : J’ai toujours pensé que la drag et l’activisme social devaient aller ensemble. Dès que j’ai commencé à produire mes propres spectacles, un pourcentage des profits allait à des organismes de charité. Un an avant que je fasse Drag Race, j’étais l’Empress of Vancouver, ce qui signifie que je participais à des levées de fonds pour des organismes de charité. C’est quelque chose que j’aime faire.
Te vois-tu comme un modèle ?
Kendall Gender : Oh, c’est une question difficile… Je suppose que oui. Je suis devenue une personne relativement sage et âgée, même si on ne peut pas nécessairement le voir à cause de tout mon botox. Je crois qu’un modèle est quelqu’un qui est fidèle à son système de croyances de manière positive. Tant et aussi longtemps que je fais ça, tu peux dire que je suis un modèle.
Quels sont tes projets à venir ?
Kendall Gender : À la fin juillet, j’aurai terminé la tournée de Canada’s Drag Race 2. Je vais participer à plusieurs Prides jusqu’en septembre. Cet automne, le film dans lequel je tiens le rôle principal, Stay, va sortir. C’est une histoire que je n’avais jamais vue sur les écrans auparavant. Mon personnage est une drag queen qui tente de naviguer dans sa vie sentimentale, tout en trouvant sa voix en drag et hors drag. Ce n’est pas l’histoire de Kendall, mais d’une drag queen qui se nomme Ivy Diamonds. C’est une expérience qui me stressait beaucoup, puisque je n’avais pas énormément d’expérience en jeu, mais comme le personnage est très proche de moi, c’était plus facile à jouer.
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