Alors que de multiples abus sont constatés au Qatar envers la communauté LGBTQIA+, l’organisme français Stop Homophobie a décliné le drapeau arc-en-ciel pour échapper aux sanctions.
Ce dimanche 20 novembre 2022 marquera le départ de la Coupe du monde 2022 dans un climat électrique, tant les polémiques sont nombreuses: conditions des travailleurs du Mondial, impact écologique ou encore respect des droits de la communauté LGBTQIA+.
L’homosexualité est en effet interdite dans le pays hôte, le Qatar, avec des peines allant théoriquement jusqu’à sept ans de prison selon l’article 285 du Code pénal qatari, au même titre que toutes les relations sexuelles extraconjugales. Dans ce contexte, les drapeaux arc-en-ciel seront admis dans les stades, comme l’assure la Fifa, mais le sujet reste sensible, particulièrement en-dehors de ces enceintes sportives. Au ministère de l’Intérieur qatari, le général Abdulaziz Abdullah Al Ansari a affirmé à Associated Press que ceux-ci pourraient être quand même retirés à certains supporters, officiellement «pour les protéger».
Des codes Pantone à la place des couleurs
Afin que la communauté LGBTQIA+ puisse brandir ce symbole “de la liberté et de l’amour“, Stop Homophobie a eu l’idée de s’associer à l’entreprise Pantone, connue pour ses nuanciers qui répertorient toutes les couleurs existantes. De leur collaboration est né un tout nouveau drapeau arc-en-ciel… en noir et blanc. Les bandes subsistent et à l’intérieur de chacune d’entre elles, on trouve des codes d’identification universel. Chacun d’entre eux renvoient à la couleur d’origine, à savoir rouge, orange, jaune, vert, bleu et violet. Une façon de brandir l’arc-en-ciel originel, sans le faire paraître explicitement.
«L’initiative Colors Of Love, a été imaginée en collaboration avec l’agence TBWA Paris. Une astuce pour ‘résister’, car le combat de la liberté et de l’égalité demeure», fait savoir l’association dans son communiqué. Cette dernière en profite pour appeler «les autorités qataries à abroger cette loi et introduire une législation qui protège contre la discrimination et les violences LGBT+phobes».

Un climat tendu alors que des abus multiples sont constatés
Mis-à-part cette initiative, d’autres ont émergé pour soutenir la communauté LGBTQIA+ dans le contexte de la Coupe du monde au Qatar. On compte notamment la campagne «One Love» qui consiste à faire porter aux capitaines de différentes équipes un brassard aux couleurs arc-en-ciel. La Belgique en fait partie et Eden Hazard devrait par conséquent participer à cette action.
En théorie, la France soutient elle aussi ce mouvement mais ce lundi, le capitaine de l’équipeHugo Lloris a assuré en conférence de presse qu’il ne porterait pas de brassard LGBTQIA+ au Qatar, au nom du «respect de la culture» qatarie. Une position fortement critiquée sur les réseaux sociaux, des internautes l’accusant de protéger surtout une »culture de l’homophobie».
Cette réserve de l’équipe française sur cette question des droits LGBTQIA+ a déjà été dénoncée à plusieurs reprises cette année. Ce 9 novembre, une tribune publiée dans des journaux français et signée notamment par SOS Homophobie et Amnesty International appelle par exemple le monde du football français à «prendre position publiquement pour défendre ces droits fondamentaux». Le Qatar «persécute, emprisonne et torture les personnes LGBT+, les privant de leurs droits les plus fondamentaux», font-ils remarquer en ajoutant que «des sportifs ont également pris position contre ces atteintes insupportables : le champion olympique Tom Daley, les footballeurs Josh Cavallo, Eric Cantona et Philipp Lahm».