Ayant immigré au Québec en 2008, alors qu’il réalisait un doctorat en microbiologie à l’Université McGill, Chih-Ying Lay est originaire de Taïwan, dont la géographie et l’histoire sont omniprésentes au sein des dix nouvelles qui composent La libellule rouge, au même titre que les thèmes de l’amour et de la filiation.
La première nouvelle donne dès le départ le ton, avec un récit exposant un sujet qui pourrait être macabre, mais qui se révèle tout au contraire étonnamment romantique. À l’issue de la Seconde Guerre mondiale, alors que Taïwan est agité par des dissensions entre le Japon et la Chine, un étudiant en médecine découvre le corps de son amant, disparu depuis peu, sur la table de dissection.
D’abord interdit, il demeure malgré tout en place et, dans un exercice qui rappelle la madeleine de Proust, retrouve dans chacun des organes qu’il amène à la lumière, les souvenirs de celui qu’il a jadis bercé dans ses bras.
Au fil des pages, la notion de foyer émerge, alors que chacun des personnages cherche à établir une relation tangible et à l’inscrire au cœur d’un espace qu’il peut faire sien. Nulle surprise, en ce sens, que plusieurs récits mettent en scène des personnages queers qui se cherchent et se découvrent.
Le recueil présente un mélange surprenant de genres et d’époques et offre un regard privilégié sur la culture et l’histoire taïwanaises.
INFOS | La libellule rouge : nouvelles / Chih-Ying Lay. Montréal : Hashtag, 2023, 251 p.