À la suite de l’annonce du décès de sa mère, James se voit contraint de délaisser ses activités de photographe à San Francisco pour se rendre à Malcourt-en-Meuse, en France, pour régler les affaires de cette dernière. Au détour d’un dernier doigt d’honneur à l’endroit de sa chère maman, il voit cependant sa carrière s’écrouler.
Leur relation ne s’était jamais placée sous l’égide d’un amour incommensurable, bien au contraire. Alors qu’il contemple le visage embaumé et acariâtre de celle-ci, il ne peut résister à l’idée d’insérer un marqueur rouge vif entre les dents de celle-ci. Il ne lui faut ensuite que quelques secondes pour publier le sourire inquiétant et déformé sur les réseaux sociaux.
Grave erreur puisqu’il ne faut qu’un battement de cils pour le voir passer d’artiste prometteur, quasi-coqueluche de l’art photographique contemporain, à l’incarnation du mal ultime auquel personne ne veut plus être associé. « Adieu veau, vache, cochon, couvée ! », comme l’aurait si bien dit Perrette et son célèbre pot au lait : James se retrouve donc persona non grata, comme si d’outre-tombe, sa mère lui retournait un bras d’honneur.
Loin de sonner le glas de sa carrière, James trouve éventuellement le moyen de retourner la situation à son avantage en faisant en sorte que ce même geste, honni par tous et toutes, se transforme paradoxalement en une marque de commerce rassembleuse et inspirante.
Ce premier roman de François Ulrich navigue allègrement sur les vagues d’un humour incisif qui vise avec adresse le milieu artistique et les influenceurs bien-pensants qui tirent les ficelles d’une justice sociale trop souvent factice.
INFOS | Fais pas tout foirer, James Becker/François Ulrich.
Montréal : Fides, 2023, 297 p.