Le 11 janvier dernier, afin de bien commencer la nouvelle année, on s’est installé dans les locaux de la Société de développement commercial (SDC) du Village, sur la rue Sainte-Catherine Est, afin d’avoir une conversation avec l’équipe renouvelée sur les projets à venir, dont la piétonnisation de la rue qui arrive plus vite qu’on le pense.
Ce fut une discussion bien sympathique avec, autour de la table, Gabrielle Rondy, la directrice générale, Gilles Paquette, le responsable des relations avec les membres, ainsi que deux personnes qui se sont jointes nouvellement à l’équipe, soit Émilie Cognard, qui sera l’adjointe à la direction, et Frank Descoteaux, le responsable des communications.
On y a appris également que les travaux de réfection du système de canalisation de la Ville ne seront pas effectués avant l’automne 2025 au plus tôt. Cela laisse donc du répit aux commerçant·e·s. Évidemment, on ne pouvait pas échapper à la nouvelle du jour à ce moment-là : l’annonce de la fermeture temporaire et du déménagement à l’extérieur du Village du populaire bistro Le Passé Composé anciennement au coin de Maisonneuve et de la Visitation. « Le commerce avait des problèmes, mais on ne le savait pas, explique Gabrielle Rondy. Il ne faisait pas partie du territoire de la SDC, mais malgré ça, on aurait pu l’aider à trouver des solutions et l’informer des ressources disponibles. C’est essentiellement ce que j’ai expliqué à plusieurs médias. Il est important pour nous de renseigner nos membres sur les options qui s’offrent à eux, de continuer à tisser des liens avec, et qu’il y ait plus d’entraide, plus de fierté d’appartenir au Village. C’est un de nos objectifs qu’on s’est fixé à la SDC. »
« On ne connaissait pas les difficultés du Passé Composé, mais, par exemple, il y a un nouveau programme de rénovation mis sur pied par la Ville, ajoute Gilles Paquette. Disons que tu as des travaux d’une valeur de 125 000$, la Ville finance 40% des travaux. Ça vaut la peine. Il faut informer les commerçant·e·s de l’existence de ce genre de programme, peut-être qu’une ressource de la sorte aurait fait une différence dans la décision qu’on prit les gens du Passé Composé. »
Avant Noël, il y avait eu pourtant une annonce plus qu’intéressante : on apprenait que la Faculté de médecine de l’Université de Montréal installerait une partie importante de ses étudiant·e·s aux 3e et 4e étages de la Place-Dupuis (888, de Maisonneuve Est), sur une superficie totale de 6 200 m2. Ce n’est pas rien ça. Ainsi, 630 étudiant·e·s de première et de deuxième année y suivraient des cours. Le gouvernement du Québec accorde 17 M$ en subventions pour la location, la rénovation, l’aménagement et tout l’équipement technologique nécessaire. La Faculté a signé un bail de 10 ans et Québec paie les cinq premières années.
« C’était une très bonne nouvelle pour le secteur, pour la Place-Dupuis, pour ses commerces. C’est bon pour les commerçant·e·s et le Village, mais l’annonce a été très peu couverte dans les médias, souligne Gabrielle Rondy. On met plus d’emphase ici sur les mauvaises nouvelles, alors qu’une vraie bonne nouvelle pour le coin, qui amène une nouvelle clientèle aussi, on en parle beaucoup moins. »
« Nous entamons donc une nouvelle année avec une nouvelle énergie, une équipe renouvelée et une vision de travailler encore plus ensemble », indique Gabrielle Rondy. « Je viens du monde des relations publiques, dès les premières discussions que nous avons eues, on a parlé de l’importance de renforcer les liens, non seulement entre les commerçant·e·s et la SDC, mais aussi de continuer à bâtir une communauté plus serrée entre les commerçant·e·s, ramener le sentiment de fierté de faire affaire dans le Village. C’est l’objectif que je me suis fixé », note pour sa part Frank Descoteaux qui a été au préalable au Cabinet de relations publiques NATIONAL. « Je connais le Village, je fréquente surtout les restaurants, les bars et les clubs depuis des années, poursuit-il. J’ai appris à connaître les employé·e·s, les propriétaires et les gérant·e·s, j’entends leurs préoccupations et je comprends leur situation. J’aimerais continuer à développer ces connexions. Ce sont des établissements qui me tiennent à cœur et je veux faire de mon mieux pour les soutenir. »
Quant à Émilie Cognard, « elle vient nous épauler dans la coordination et l’exécution d’une variété de nos projets pour en assurer le bon déroulement, en plus de siéger sur des tables de concertation et faire le lien avec la SDC», dit Gabrielle Rondy. Une habituée du Village, Émilie est très au courant de la situation particulière du quartier. Comment entrevoit-elle cette tâche ? « C’est un gros défi, dit-elle avec un sourire. Mais ça ne me fait pas peur, j’aime ça quand ça bouge. C’est la première fois que je participe à une SDC. Cependant, je viens souvent dans le Village, je réside dans le Centre-Sud et je suis très contente de pouvoir travailler pour ce quartier que j’aime beaucoup », dit-elle avec enthousiasme.
Une 18e piétonnisation
Oui, on s’en va déjà vers la 18e piétonnisation de la rue Sainte-Catherine Est avec une quarantaine de terrasses. Ce sera également les 25 ans du Festival Mtl en Arts cet été. La SDC prévoit une animation avec de la musique, des performances de cirques, des drags, etc. La rue sera fermée à partir du long week-end de la Fête des patriotes jusqu’à celui de l’Action de grâce. Le tout se terminera par une « nuit blanche », avec l’ouverture des bars jusqu’à tôt le matin. « Mon objectif à long terme est que les résident·e·s et les commerçant·e·s puissent retrouver une fierté dans le Village et ses activités. D’avoir des événements qui font plaisir aux visiteur·euse·s et aux résident·e·s. Rappelons que l’an dernier, on a enregistré 10 millions de passages. Il y avait du monde, malgré tout ce qu’on dit sur le Village!», insiste Gabrielle Rondy.
Développer plus le secteur
« Il y a du potentiel de développement ici », continue Gabrielle Rondy. Elle prend pour exemple un sondage effectué l’année dernière auprès des commerçant·e·s par Raymond Chabot Grant Thornton, il y avait eu 40% de répondants. « Il y a des actions qu’on peut entreprendre à court, moyen et long terme, ajoute-t-elle. Il faut évaluer la superficie des locaux disponibles, voir quel type de commerce il manque dans le secteur et aller chercher quelqu’un qui va faire du démarchage auprès d’entreprises pour les inciter à s’installer ici. Il y a de la demande, et ça ne fera qu’augmenter au cours des prochaines années. On s’attend à l’arrivée de près de 20 000 résident·e·s avec les constructions de nouveaux édifices, comme sur les terrains de Radio-Canada, entre autres.»
« On doit viser des commerces de ‘’jour’’ aussi et non seulement de soir, ajoute Gilles Paquette. Que ce soit occupé tout le temps, que des gens fréquentent le secteur et ses commerces de jour comme de soir. La perception du Village est qu’il y a beaucoup de locaux vides, qu’il ne se passe rien en raison du nombre de locaux inoccupés, une impression qui est exacerbée en partie à cause de la grande superficie de certains d’entre eux. Mais quand on regarde les chiffres, on voit que cette impression n’est pas tout à fait la bonne, il y a de l’activité et des commerces qui ouvrent. »
On notera d’ailleurs que le taux d’occupation actuel est de 83% sur la rue Sainte-Catherine Est. « Il est plutôt stable depuis quelques années, dit Gabrielle Rondy. Mais lorsqu’on voit des grands locaux comme ceux de l’ancien Drugstore et de la Station C, ou encore du futur Espace LGBTQ+ (les anciens Yellow et BEDO), les gens pensent que le Village est ‘’vide’’.
Il faut travailler à trouver des investisseurs sérieux qui soient prêts à développer des projets ici, et qui ont à cœur les valeurs du Village. » « Il y a plusieurs pistes de solutions, on se doit de les explorer et d’encourager la participation des commerçant·e·s à de tels projets communs pour le bien-être du Village», pense Frank Descoteaux.
Les travaux à l’horizon
On ne pourra pas y échapper, il y aura éventuellement des travaux de réfection des canalisations sur la rue Sainte-Catherine. On n’a pas le choix, ces installations sont plus que vétustes. Cela dit, il y aura quand même une piétonnisation à l’été de 2025. Ce qui est une bonne nouvelle pour les commerces. « Il va y avoir des consultations publiques, des séances d’information pour les commerçant·e·s avec la Ville, souligne Gilles Paquette. Mais il faut que les commerçant·e·s participent, soient présent·e·s aux rencontres. On va essayer de les faire participer le plus que possible. Qu’ils donnent leur avis et nous fassent part de leurs préoccupations. C’est en communiquant et en travaillant ensemble, la SDC et les membres, qu’on pourra atténuer le plus possible les effets des travaux. Mais il faut que les commerçant·e·s fassent leur part, et ça commence par être là aux rencontres.» «Il y a du travail à faire, les choses ne se font pas toutes seules, évoque Gabrielle Rondy. On l’aime le Village, on voudrait qu’il y ait plus de commerces, que ce soit plus attrayant, mais il faut passer par les travaux. C’est l’épée de Damoclès qu’on a au-dessus de la tête depuis longtemps. Mais ce sera mieux et plus beau après, et on pourra travailler à améliorer la rue, les commerces, etc. Comme le dit Gilles, il y a des options pour soutenir ceux qui désirent rénover leurs commerces, ce sera intéressant et excitant. Il faut qu’on travaille tous ensemble, qu’on resserre encore plus les liens entre la SDC et les membres.»