Très grande surprise télévisuelle de 2021, la série « Chucky » a immédiatement conquis les amateurs d’horreur, de références à la pop culture, d’humour grinçant et d’intrigues complètement déjantées. Cerise sur cette coupe glacée démoniaque, elle met en scène deux adolescents, Jake et Devon qui, non contents de combattre une poupée démoniaque, découvrent l’amour.
La poupée sanglante est apparue pour la première fois en 1988 dans le film « Child’s Play » (Jeu d’enfant), mais au fil de ses sept déclinaisons et du remake de 2019, elle n’avait que peu laissé transparaître ses affiliations queers. Du moins, jusqu’à leurs consécrations dans cette étonnante série télévisée où Don Mancini, lui-même gai et scénariste de plusieurs des films initiaux, est aux commandes à titre de scénariste et producteur exécutif. Il s’est donc assuré que cette réalité y soit bien représentée.
Loin des habituels clichés hollywoodiens, les personnages y bénéficient d’arcs narratifs riches nappés d’un flot d’hémoglobine jubilatoire et d’effets spéciaux d’une redoutable efficacité! Dans l’horreur, la thématique LGBTQ se cantonne bien souvent à deux lignes narratives : une métaphore assez nébuleuse ou, au contraire, une orientation queer très claire, mais qui est associée au mal absolu ou à rôle de victime de seconde zone. La série fait donc figure d’ovni télévisuel puisque sur quatre personnages principaux, outre Chucky, elle met en scène deux adolescents de 14 ans, Jake Wheeler (Zackary Arthur) et Devon Evans (Björgvin Arnarson), qui sont confrontés à deux épreuves : l’éponyme poupée meurtrière et une appropriation de leur orientation sexuelle.
L’enjeu ne réside cependant pas dans une acceptation de soi, mais bien plutôt de faire face à l’intolérance d’autrui puisque les deux ados évoluent dans une petite ville conservatrice peuplée d’adultes (parents et autres personnes en situation d’autorité) dont la morale est plus que corsetée. Chucky incarne ici une corruption de l’âme puisqu’il suggère aux deux adolescents de ne pas embrasser ce qu’ils sont, mais tente plutôt de les mener vers la destruction à coup de répliques sournoises et toxiques. Ce n’est que progressivement qu’ils affronteront leurs démons et découvriront ce qui se cache réellement derrière le persifflage, les promesses et les machinations de la poupée.
Deux autres personnages gravitent autour de Jake et Devon : Lexy Cross (Alyvia Alyn Lind), dans le rôle d’une adolescente profondément narcissique qui pratique l’intimidation comme activité de détente, et Junior Wheeler (Teo Briones) dans le rôle du cousin instable de Jake. S’ajoute une myriade de personnages plus ou moins déséquilibrés : pères homophobes ou aux attentes démesurées, mère intransigeante, sœur sociopathe, de même que certains vétérans de la franchise originale (Jennifer Tilly, Alex Vincent et Christine Elis).
La série met par ailleurs l’accent sur un concept propre à la communauté LGBTQ, celle de famille choisie puisque les quatre jeunes sont tous issus de réalités dysfonctionnelles ou brisées et forgent entre eux des liens profonds et durables. Qu’on ne s’y trompe pas, malgré une distribution principale relativement jeune, les spectateurs sont gâtés par des scènes sanglantes et truculentes ainsi qu’un humour à la fois noir et camp qui se déguste avec le plus grand plaisir.
La série compte trois saisons et n’a malheureusement pas été renouvelée pour une quatrième, mais vous pouvez en visionner la première sur Netflix et nul doute que les suivantes suivront sous peu! Frissons et fous rires assurés!
INFOS | La saison 1 de Chucky est disponible sur Netflix en anglais et dans un excellent doublage français.