Donald Trump a réussi son pari de revenir à la Maison-Blanche, une victoire sans appel, qui provoque une onde de choc aux États-Unis et à travers le monde, en particulier pour les personnes LGBTQ+ dont les droits risquent de reculer sur plusieurs fronts.
Ce come-back du républicain est d’autant plus extraordinaire que sa troisième campagne a été marquée par deux tentatives d’assassinat, quatre inculpations, une condamnation au pénal, des discours délirants, xénophobes où il a annoncé qu’il serait autoritaire et agira rapidement sur plusieurs dossiers.
Comme en 2016, sa victoire a été nette et rapide, l’ancien président raflant les deux États disputés de Caroline du Nord et de Géorgie en une poignée d’heures, avant que la Pennsylvanie ne lui serve de tremplin, et que le Wisconsin ne vienne enterrer les derniers espoirs de la vice-présidente.
L’ancien homme d’affaires devient ainsi le deuxième président américain de l’histoire à remporter deux mandats non consécutifs, après Grover Cleveland (qui a dirigé le pays entre 1885 et 1889, puis entre 1893 et 1897).
À court terme, les marchés ont accueilli favorablement la nouvelle, avec des gains prononcés du dollar américain.
Après avoir quitté la Maison-Blanche dans le chaos, le républicain est parvenu, comme en 2016, à convaincre les Américains qu’il comprenait leurs difficultés du quotidien mieux que personne. Ou mieux, en tout cas, que Kamala Harris qui a mené une campagne éclair après le retrait spectaculaire de Joe Biden.
Le retour de Donald Trump à la Maison-Blanche plonge des millions d’Américains MAGA dans l’euphorie et autant d’autres dans l’effroi, traumatisés par sa rhétorique de plus en plus amère. Durant sa campagne, il a assailli sa rivale d’injures et accusé les migrants d’«empoisonner le sang du pays».
Dans son discours de victoire, Donald Trump, qui prêtera serment le 20 janvier 2025, a tout de même lancé un appel à l’«unité», exhortant les Américains à mettre «les divisions des quatre dernières années derrière nous». À quoi ressemblera une présidence Trump 2.0? Le milliardaire a proposé la «plus grande opération» jamais vue d’expulsion de migrants, dès le premier jour.
Et, Trump s’est montré incroyablement négatif à l’égard de la communauté LGBTQ+ ces dernières semaines, poussant constamment une rhétorique anti-LGBTQ+ et promettant d’adopter des politiques odieuses.
Rappelons que la première présidence de Trump a conduit à un recul des protections et des lois anti-discrimination pour les personnes LGBTQ+, et il ne semble pas qu’un second mandat serait différent, sur la base des promesses de campagne et des propositions politiques décrites dans le Projet 2025.
En prévision d’une victoire de Trump, l’American Civil Liberties Union (ACLU) croit qu’une nouvelle administration Trump « rétablirait et intensifierait considérablement la suppression des politiques anti-discrimination… exigerait de manière proactive la discrimination de la part du gouvernement fédéral [et] militariserait la loi fédérale contre les personnes transgenres à travers le pays ».
Alors, quel est le point de vue de Trump sur les droits LGBTQ+, et que pourrait-il faire exactement ?
Supprimer les protections fédérales contre la discrimination pour les personnes LGBTQ+
Le premier mandat de Trump a été extrêmement préjudiciable aux droits et à la protection des personnes LGBTQ+, et un deuxième mandat pourrait encore une fois faire reculer les protections. Les personnes LGBTQ+ pourraient ne plus être garanties contre toute discrimination dans le cadre de plusieurs programmes du gouvernement fédéral, tels que la sécurité sociale, l’assurance-maladie, le logement et l’emploi. Cela encouragerait et augmenterait la discrimination envers toutes les personnes queer, mais envers les personnes trans en particulier. Déjà, 53 pour cent des personnes LGBTQ+ ont déclaré avoir été victimes de discrimination en raison de leur orientation sexuelle et 18 pour cent en raison de leur identité de genre.
Exclure les personnes ouvertement transgenres de l’armée
La première administration Trump a annulé sa politique autorisant les personnes trans à servir dans l’armée, et il n’est pas difficile d’imaginer que le président fasse de même. Une autre interdiction des personnes trans dans l’armée forcerait le personnel transgenre en service actif à quitter l’armée et empêcherait les personnes trans de s’enrôler à l’avenir. Et ce malgré un rapport de 2016 révélant que les politiques trans-inclusives ont « peu ou pas d’impact sur la cohésion des unités, l’efficacité opérationnelle ou l’état de préparation ». En fait, les politiques militaires trans-inclusives pourraient bénéficier à tous les militaires actifs en « créant une force plus inclusive et plus diversifiée ».
Retenir le financement fédéral si les responsables de l’école confirment que les élèves sont transgenres
Trump a déclaré qu’il agirait pour empêcher tout district scolaire d’introduire ou de maintenir des politiques et pratiques inclusives pour les trans. Cela impliquerait de refuser le financement fédéral permettant aux étudiants trans d’utiliser des toilettes et des vestiaires qui correspondent à leur identité de genre, ou même de reconnaître qu’ils sont trans, ainsi que d’affirmer que les politiques inclusives trans violent les droits des élèves cisgenres. Une telle décision entraînerait probablement une discrimination à l’égard des étudiants trans, causant un préjudice important à la communauté dans son ensemble. De nombreux enfants et adolescents trans déclarent déjà ne se sentir pas en sécurité pour aller à l’école en raison de l’intimidation et de problèmes de santé mentale.
Interdire aux femmes trans du sport féminin
Lors d’un récent rassemblement électoral, Trump a déclaré qu’il n’allait pas du tout « laisser » les femmes trans participer à des événements sportifs s’il redevenait président. Il a déclaré qu’invoquer l’interdiction « ne serait pas une grosse affaire », citant des événements sportifs récents au cours desquels des femmes trans concouraient contre des femmes cisgenres, affirmant que l’athlète trans avait un avantage concurrentiel sur son adversaire. « Physiquement, d’un point de vue musculaire… regardez ce qui s’est passé en natation. Regardez les records qui sont battus », a-t-il déclaré.
Interdire les soins d’affirmation de genre dans les programmes de santé fédéraux
Les soins médicaux affirmant le genre seront probablement inexistants sous un second mandat Trump. Il s’est déjà engagé à « mettre fin à la folie des genres de gauche » et à interdire le financement fédéral des opérations de réaffectation. Son site internet promet également que dès son premier jour dans le Bureau Ovale, il publierait un décret « ordonnant à chaque agence fédérale de cesser tous les programmes qui promeuvent le concept de sexe et de transition de genre, à tout âge ». L’administration refuserait probablement également le financement Medicaid aux hôpitaux qui dispensent des soins d’affirmation de genre, obligeant ainsi les médecins à refuser aux personnes trans les soins dont elles ont besoin. L’accès aux soins de santé pour plus de 100 000 jeunes transgenres dans 24 États a déjà été interrompu au cours des trois dernières années.
Autoriser les employeurs à discriminer le personnel LGBTQ+
Une deuxième administration Trump pourrait introduire des dispositions permettant aux employeurs de discriminer les membres du personnel LGBTQ+ sur la base des croyances religieuses déclarées du patron, ce qui constituerait un renversement des lois de non-discrimination existantes. Cela ne nécessiterait pas le soutien du Congrès ou des deux partis, et pourrait être promulgué par un décret du président. L’administration pourrait aller plus loin pour empêcher les gouvernements des États et locaux d’appliquer les lois de non-discrimination si l’accusé affirme que la discrimination était fondée sur la croyance religieuse. Les lois protégeant les personnes LGBTQ+ et les autres minorités contre la discrimination fondée sur des caractéristiques protégées pourraient également disparaître.
Criminaliser la non-conformité de genre dans la vie publique
Le Projet 2025 – un ensemble de 900 pages de propositions/recommendations politiques conservatrices de droite proposé par la Heritage Foundation, signé par des personnes de l’entourage de Trump – suggère le recours au droit pénal pour punir la non-conformité de genre dans la vie publique, la pornographie étant au cœur du problème. Les auteurs du projet, la Heritage Foundation, associent inexplicablement la pornographie à « l’idéologie transgenre » et soutiennent qu’aucune des deux n’a de « prétention à la protection du premier amendement » et devrait donc être interdite. « Ceux qui le produisent et le distribuent doivent être emprisonnés », exigent-ils. « Les éducateurs et les bibliothécaires publics qui le diffusent devraient être classés comme délinquants sexuels enregistrés, et les entreprises de télécommunications et de technologie qui facilitent sa propagation devraient être [fermées] ». Cela signifie que toute discussion sur les personnes transgenres dans les écoles et les bibliothèques pourrait être criminalisée, et que les personnes trans pourraient être condamnées à une peine de prison pour être elles-mêmes. Trump ne pourrait mettre cela en pratique qu’avec l’approbation du Congrès et il est peu probable qu’il y ait un soutien bipartisan en faveur d’une telle loi, mais même une faible possibilité est terrifiante.
Le mariage homosexuel pourrait-il être inversé ?
Malheureusement, oui, c’est possible. Après l’annulation par la Cour suprême de la législation cruciale sur l’avortement Roe v. Wade, de nombreuses personnes ont déclaré qu’elles reviendraient ensuite sur les jugements Windsor, Obergefell et Lawrence – trois décisions qui ont ouvert le droit national au mariage homosexuel. Avant 2015, la question de savoir si un couple de même sexe pouvait se marier variait selon les États. Avec sa décision 5 contre 4 dans l’affaire Obergefell c. Hodges, la Cour suprême a étendu le plein droit fédéral de se marier à tous les couples de même sexe. Alors, est-ce que cela pourrait-il être supprimé ? Bien des gens pensent que la Cour suprême n’oserait pas. Le mariage homosexuel est désormais accepté par la majorité des américain.es, affirment-ils. Revenir sur cette question provoquerait un « chaos juridique ». Cependant, il n’en reste pas moins que certains juges, en particulier Samuel Alito et Clarence Thomas, semblent impatients de renverser Obergefell. En 2022, le juge Thomas a déclaré que la Cour suprême « devrait reconsidérer » ses décisions passées codifiant les droits à l’accès à la contraception, aux relations homosexuelles et au mariage homosexuel.