Jean-Philippe Dion en mène large dans le paysage culturel québécois. En plus de produire Star Académie et Sortez-moi d’ici, qui seront probablement les plus grands succès des prochains mois, son entreprise concocte Le Tricheur, Chanteurs masqués et Sucré salé. Par-dessus le marché, il a récemment adopté un enfant avec son amoureux. Incursion dans la tête d’un passionné.
Dans quel état d’esprit penses-tu être quand Star Académie va commencer ?
Jean-Philippe Dion : J’espère être zen. J’ai travaillé très fort cet automne pour tomber en mode animateur cet hiver, et non producteur exécutif qui fait avancer ce gros bateau. Star Académie, c’est trois productions : En route vers Star Ac pendant une semaine, 48 quotidiennes et 12 variétés. Ce sont des équipes distinctes qu’il faut mener à bon port en même temps. À partir du 6 janvier, je vais me concentrer sur l’animation pour m’économiser. Cela dit, c’est sûr que je vais être excité. C’est certainement le plus gros projet que j’aurai animé et je crois être à la bonne place dans ma vie pour le faire.
En 2022, les académicien.ne.s Jules, Laurie et Mathieu sentaient une énorme liberté à exprimer leur queerness et affirmaient que l’équipe les soutenait. Conçois-tu volontairement un safe space ?
Jean-Philippe Dion : Je suis gai moi-même, alors je serais mal placé comme producteur d’essayer de les retourner dans le garde-robe. Ces jeunes-là sont en mode d’éveil. Ils reçoivent des commentaires sur leurs performances et leur allure. Les gens les idolâtrent. J’aime mieux les préparer à être eux-mêmes qu’à vivre dans le mensonge en étant des personnages toute leur carrière. Moi, dès que je suis arrivé dans le métier et qu’on me demandait en entrevue ce que j’avais fait durant mes vacances, je disais que j’étais allé en voyage avec mon chum.
Lors de la sélection des jeunes, quels critères considérez-vous ?
Jean-Philippe Dion : C’est toujours le talent qui prime. On ne va jamais choisir quelqu’un de moins fort en chant, parce qu’il a une grande personnalité, et je n’ai pas envie de sentir que les gens sont là parce qu’ils cochent des cases. Dans nos discussions de casting, il y a toujours quelqu’un qui va questionner la présence suffisante de la diversité ou de la représentation régionale, mais moi, je réponds que je ne voudrais pas être choisi parce que je suis né à Granby, parce que je suis noir ou parce que je suis gai, mais bien parce que je suis talentueux et que quelqu’un a vu quelque chose en moi. Imposer une diversité, c’est régresser. Cela dit, les différentes formes de diversité rentrent dans la personnalité. On veut des gens capables de bien s’exprimer et qui sont intéressants, mais aussi des gens avec des histoires de vie différentes.

La 3e saison de Sortez-moi d’ici arrivera en ondes ce printemps. Pourquoi tu ne l’animes plus ?
Jean-Philippe Dion : À cause de Star Académie. Les tournages de Sortez-moi d’ici ont pris fin en décembre. Je serais rentré de la vraie jungle, alors que j’étais déjà dans la « jungle » en produisant Star Académie. C’était impossible pour moi de faire les deux. Si j’étais mon propre agent, je me serais dit que je suis cave de ne plus animer le show numéro 1 des deux derniers hivers et qui m’a fait connaître d’un public plus jeune, mais je n’ai jamais pris mes décisions de carrière dans un but de construire quoi que ce soit. Je préfère choisir les défis ou les projets de cœur.
Pourquoi confier l’animation à Guy Jodoin et Rosalie Vaillancourt ?
Jean-Philippe Dion : Avec Alexandre Barrette et moi, c’était un peu les deux chocottes qui débarquent dans la jungle. On voulait changer le narratif autour de l’animation pour ne pas reproduire la même chose. Rosalie a vécu l’expérience l’année dernière, alors on trouvait ça l’fun. Guy Jodoin est un animateur incroyable et ça faisait deux ans qu’il signifiait son ouverture à participer à Sortez-moi d’ici, mais ça n’avait jamais fonctionné en raison des dates de tournage. Comme ma boîte produit aussi Le Tricheur et qu’on savait qu’il tournait plus tard, on lui a proposé d’animer Sortez-moi d’ici.
Le recrutement des personnalités est-il différent depuis que les gens savent à quoi s’attendre ?
Jean-Philippe Dion : C’est plus facile. Cette année, le casting est impressionnant : on a
beaucoup de gros noms. En majorité, les personnalités nous contactaient elles-mêmes pour vivre l’expérience. Dernièrement, j’ai reçu une vidéo de Claudine Desrochers, qui a participé à la deuxième saison : en faisant son bilan de 2024, elle m’expliquait que Sortez-moi d’ici aura été le plus grand pivot dans sa vie et qu’elle n’a jamais vécu quelque chose qui lui a apporté autant. Claudine s’ennuyait du petit écran. Cette année, elle a joué dans des séries, elle a collaboré à Sucré salé et elle a vécu ce qu’elle rêvait de revivre depuis longtemps.
C’est un peu la même chose pour Nathalie Simard. Les artistes voient les effets positifs pour eux. Même si le public les regarde vivre des situations pas possibles, on les voit surtout
surmonter leurs peurs et c’est bon pour tout le monde.
Pourquoi travailles-tu autant ?
Jean-Philippe Dion : J’aime vraiment beaucoup mon travail. Je collabore avec des artistes de plusieurs disciplines. Avec Productions Déferlantes, on a aussi produit La face cachée de la lune de Robert Lepage à Télé-Québec, on fait plein d’événements culturels et des documentaires sur des sujets de société. J’ai sorti deux livres de La vraie nature qui m’ont permis de collaborer avec des auteurs et des graphistes. J’ai la chance de m’impliquer dans plusieurs médiums. C’est ma vie professionnelle rêvée.
Comment concilies-tu ta vie professionnelle avec ta vie de papa ?
Jean-Philippe Dion : C’est très dur. Quand tu vois dans l’œil de ton enfant que tu n’es pas assez présent, ça chicote. La pause de La vraie nature n’a pas été prise seulement pour me concentrer sur Star Académie et éviter un doublon de moi comme animateur le dimanche, mais aussi parce que je voulais passer une partie de l’été au chalet avec mon gars et mon chum. J’ai pris trois semaines consécutives de vacances. Sa venue dans nos vies redéfinit la façon de voir la place de ma carrière, mais je suis comme je suis. Quand je plonge dans Star Académie, je me donne à 1500 % et c’est ma famille qui écope, mais j’ai la chance de bien gagner ma vie et de pouvoir les gâter avec un voyage au Costa Rica après Star Ac. Peut-être que pendant 12 semaines, cet hiver, il ne pourra pas aller skier avec son père, mais il va pouvoir voyager deux semaines avec nous.
Quel a été le processus d’adoption de votre fils ?
Jean-Philippe Dion : On est d’abord devenu famille d’accueil, car une personne de notre entourage nous a expliqué qu’un enfant avait besoin d’une famille dans l’immédiat. On a levé la main. Après deux ans, on avait le droit d’entrer dans le processus d’adoption.
Au départ, on voulait surtout l’aider, lui offrir un lieu stable, une maison, un toit et de l’amour. Finalement, on s’est attaché à lui. Alex va avoir 15 ans. On a eu des discussions avec lui pour savoir s’il voulait vivre ici et qu’on l’adopte. C’est l’avantage d’avoir un enfant de cet âge-là. Tous les trois, on a décidé d’aller de l’avant. On est donc devenus officiellement papas.
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Jean-Philippe Dion (@jphilippedion)