Samedi, 17 mai 2025
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    Le pape François, un « révolutionnaire » sur les questions LGBTQ+

    La papauté de François se résume, aux yeux de plusieurs analystes, par un seul terme : modernité. Des excuses portées aux Autochtones au soutien envers les personnes migrantes, les déclarations et prises de position du pape ont bien souvent marquées une nouvelle ère au sein de l’Église catholique, une ère de rupture, de progressisme qui, comme soulignent des experts, n’a toutefois pas été généralisée ou parfaite. Ainsi, si le pape François en a étonné plus d’un par ses propos en soutien envers les personnes homosexuelles, d’autres déclarations sont venues miner son bilan LGBTQ+.

    Le changement d’attitude de l’Église envers les personnes homosexuelles a été remarqué très rapidement dès le début du mandat de François qui déjà par son approche et sa sobriété avait étonné les observateurs du monde entier.

    « Si une personne est homosexuelle, qu’elle est en quête de Dieu et qu’elle a de la bonne volonté, qui suis-je pour la juger? »

    « Si une personne est gai et cherche le Seigneur avec bonne volonté, qui suis-je pour juger ? »

    C’est seulement, en 2013, quelques mois après avoir été élu pape que François a prononcé ces mots, en réponse à un journaliste l’interrogeant aux sujets des prêtres homosexuels. Une déclaration qui est désormais probablement parmi les plus célèbres de son pontificat.

    Suivra au fil des années d’autres déclarations d’ouverture et de reconnaissance des personnes homosexuelles, ce qui sèmera la grogne chez certains catholiques plus conservateurs.

    Une certaine dichotomie
    François, de son vrai nom Jorge Mario Bergoglio, continuera toutefois à tenir certaines positions jugées décevantes par les LGBTQ+.

    En 2016, le pape appelle à mettre fin à la « discrimination injuste » envers les homosexuels et affirme que les homosexuels devraient, à l’instar des pauvres et des exploités, recevoir des excuses de l’Église.

    Cette même année, il souligne néanmoins qu’il « n’y a absolument aucune raison de considérer les unions homosexuelles comme étant de quelque manière que ce soit similaires ou même vaguement analogues au plan de Dieu pour le mariage et la famille ».

    Le pape : "Si une personne est gay, qui suis-je pour la juger ?"

    Il indiquera quelques années plus tard qu’il souhaite que l’union civile soit permise bureaucratiquement pour les couples homosexuels. 

    « Les homosexuels ont le droit de faire partie de la famille. Ils sont des enfants de Dieu et ont droit à une famille. Personne ne devrait être mis à la porte, ni devenir malheureux à cause de cela. »

    En 2023, il autorisera aussi que l’on puisse bénir les couples homosexuels. Or, il a récemment mis au clair que l’« on bénit les personnes, pas les relations ». Au final, malgré ces avancées pour les LGBTQ+, le pape François n’a jamais touché à la doctrine de l’Église qui fait de l’homosexualité un péché.

    En visite en Irlande en 2018, il conseille aux parents d’enfants homosexuelles de faire preuve de compréhension et d’écoute envers leur progéniture, tout en leur suggérant de les soumettre à des thérapies psychiatriques.

    À un journaliste qui le questionnait à son départ d’Irlande sur la façon dont devraient réagir un parent au coming out de son enfant, le Pape répondait : « Je lui dirais premièrement de prier, ne pas condamner, de dialoguer, de comprendre, de donner une place au fils ou à la fille, de donner une place pour qu’il s’exprime. Et puis, je regarderais à quel âge se manifeste cette inquiétude de son fils ? C’est important. Quand cela se manifeste dès l’enfance, il y a alors beaucoup de choses à faire par la psychiatrie pour voir comment les choses se présentent. La situation est différente quand cela se manifeste après vingt ans. Mais je ne dirai jamais que le silence est un remède. »

    La rupture du pape face à ses prédécesseurs s’est aussi bien sentie à l’intérieur même de l’Église. À quelques mois de son décès, François a permis aux hommes homosexuels italiens de devenir prêtre s’ils demeurent célibataires.

    Récemment, François a aussi fait les manchettes en utilisant le terme « frociaggine » (« tapette » en italien), en suggérant, lors d’une rencontre privée, qu’il y en a trop dans les séminaires religieux. Le Vatican s’est excusé pour l’utilisation de ce terme, certains analystes soulignant que l’italien n’est pas la première langue du pape. Ce dernier aura toutefois réutilisé ce terme plus tard.

    Sur l’identité de genre
    Outre les déclarations et prises de position, le pape François aura marqué les esprits en rencontrant des personnes et des organisations LGBTQ+, que ce soit au Vatican ou lors de ses visites à l’étranger. Une manière pour l’Argentin de faire comprendre que l’Église les accueille. 

    Par exemple, en 2023, le pape a confirmé à une jeune Italienne trans tiraillée entre sa foi et son identité de genre que « Dieu nous aime comme nous sommes ».

    Concernant les personnes trans et l’identité de genre, François n’a toutefois pas radicalement divergé des positions traditionnelles de l’Église. S’il approuve en 2023 le baptême des personnes trans et qu’il affirme que ces personnes sont « invitées » dans l’Église, il met au clair qu’il s’oppose à la « théorie du genre » et à toute « colonisation idéologique » de manière générale.

    En 2017, il dénonce certaines avancées biomédicales et tranche que l’ « utopie du neutre » met à risque la création de la vie. L’année dernière, le Vatican juge que les chirurgies d’affirmation de genre sont de graves violations de la dignité humaine.

    Le pape soupçonné d'injure homophobe | Radio-Canada

    Des réactions à la suite de son décès
    À la suite de l’annonce du décès du pape François, de nombreux organismes et personnes LGBTQ+ – bien souvent catholiques – ont salué son héritage.

    La présidente de l’organisme GLAAD, Sarah Kate Ellis, n’y est pas allée de main morte à son sujet. « Le pape François a été un leader transformateur qui a inclus les personnes LGBTQ de manière historique », a-t-elle déclarée via un communiqué partagé le jour de l’annonce de son décès. « Lorsque le pape François s’est élevé contre la criminalisation des personnes LGBTQ et qu’il a prononcé la célèbre phrase « Qui suis-je pour juger? », il a donné un exemple d’unité que les dirigeants religieux et les leaders de la société civile devraient suivre. »

    Des hommages sur cette partie de son héritage ont aussi émergés de l’intérieur. Le jour de son décès, père Martin, rédacteur en chef du magazine catholique America, a publié une lettre ouverte dans le New York Times spécifiquement sur le sujet, le qualifiant de « champion, bien qu’imparfait » pour les LGBTQ+, et soulignant qu’il a, à lui seul, fait davantage pour cette communauté que tous ses prédécesseurs réunis.

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