Vendredi, 4 octobre 2024
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    « James Dean : sa vie, sa légende » de Donald Spoto

    Voilà un livre bien démystificateur sur James Dean. Pour tous ceux qui en rêvaient jour et nuit, qui ont punaisé ses posters dans leur chambre ou ses calendriers dans leur cuisine, qui ont gardé secrètement une photo de lui dans leur portefeuille, eh bien, ils vont déchanter.

    « James Dean Collage » par Eliza (CC BY 2.0, via Flickr)

    La nouvelle biographie de Donald Spoto, un universitaire américain qui a déjà écrit des biographies remarquées sur Marilyn Monroe (publié en français en 1993) et Elizabeth Taylor (publiée en même temps que ce Dean, en 1996), vient jeter un éclairage nouveau et étonnant sur ce beau et talentueux jeune homme, mort à vingt-quatre ans d’un accident de voiture, après avoir tourné seulement trois films.

    Il y confirme ce que les autres biographes – comme Paul Alexandre et Ronald Martinetti 1 – avaient récemment signalé : oui, James était homosexuel. Et Donald Spoto d’ajouter des témoignages et des documents incontournables, tout en laissant dans l’obscurité un doute sur une véritable bisexualité (on ne saura jamais si James aura même couché avec une femme; probablement que non).

    Mais le mérite et l’audace du livre résident dans la description du caractère de cet acteur fétiche, né en plein cœur de la crise économique, dans la campagne profondément religieuse (presbytérienne) des États-Unis (l’Indiana), et qui se retrouvera à Hollywood, orphelin de mère et ignoré par un père qui ne le désirait pas. Toute sa vie n’aura donc été qu’un combat, une lutte sans merci pour être reconnu – d’où son caractère détestable.

    Pis que lui, tu meurs! Tous les témoins de la carrière de James Dean, malgré leur compréhension et leur compassion, le disent : il était plus que difficile de travailler avec lui, il n’en faisait qu’à sa tête, provoquant le scandale (pissant en public, durant les répétitions, par exemple) ; tout ça parce qu’il avait un talent fou, une foi profonde dans le théâtre (un art de la catharsis), une volonté de réussir et de faire ce qu’il avait envie de faire (dont, entre autres, être lui-même réalisateur de films).

    Il a été obligé de surmonter de nombreux obstacles, dont celui de sa grandeur (il était petit), de sa myopie. Par ailleurs, il possédait une beauté à donner des crises cardiaques au plus straight des hommes ; ce qui ne l’empêcha pas d’avoir un certain complexe qui le rendait insupportable.

    Perturbé, il traumatisait ses compagnons et compagnes de travail. Violent, il refusait les conventions. La peur verrouillée au ventre, il projetait toute son âme torturée sur la scène et l’écran. Ambitieux, il était grossier, peu attentionné, mal attifé. Il était magnifique certes, mais c’était, tout compte fait, un malotru. Si sa vie avait été connue plus tôt, on se demande s’il aurait pu devenir ce mythe qui perdure (chaque année, des dizaines de fans, jeunes et vieux, se rendent sur sa tombe).

    Donald Spoto ne veut pas détruire une légende; on sent même chez lui une volonté de rendre la plus juste – et complexe – image de l’acteur; ne le guide que la vérité à débusquer, que la réalité à éclairer, que le portrait fidèle à tracer.

    Il a toutefois pris le risque de déboulonner une statue, de détruire une idole, de briser tous nos rêves de communion avec l’un des plus beaux garçons du monde. C’est tout à son honneur. Nous ne regarderons plus comme avant, le coeur battant, les photos de James Dean.

    James Dean : sa vie, sa légende / Donald Spoto. Paris; Montréal : Presses de la Cité; Laurédit, 1996. 303p.

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