Jeudi, 28 mars 2024
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    Le Village : Une nouvelle destination culturelle en devenir

    De plus en plus, des galeries d’art, des boutiques spécialisées ont pignon sur rue dans le Village gai de Montréal. Presque inexistant auparavant, ce secteur d’activité bourgeonne, foisonne presque, serait-on tenté de dire. La Galerie dentaire, la boutique et galerie Ka-Vie-Art, la Galerie Rye et, dernièrement, la Galerie Le 1201 (Voyages Terre des Hommes) s’adressent à une clientèle d’amants des arts visuels. Aurait-on trouvé, à l’image de la rue Saint-Paul, dans le Vieux-Montréal, une nouvelle vocation à ce secteur? Une mixité bouffe, club et arts ? Si on ajoute à cela la grande toile (murale) de Ziïlon, installée sur l’édifice de l’ancien Ouimetoscope (à l’angle de Montcalm) par la SDC du Village et l’autre murale au coin de Champlain (sur le mur est du Complexe Bourbon) également créée à l’initiative de la SDC, on croirait, effectivement, que le Village devient un tout nouveau quartier destiné aux arts, en complément de l’offre culturelle déjà existante de l’Olympia et du Théâtre National.

    Il y a également d’autres établissements, comme le Nü Vü, le Gotha ou le Sky Pub, qui exposent souvent des artistes. Chaque été, depuis maintenant 11 ans, le Festival international Montréal en arts (FIMA) attire aussi une clientèle passionnée des arts visuels et d’artisanat. Plus tôt cette année, l’artiste Joël A. Prévost, sculpteur, ouvrait son atelier galerie sur de Maisonneuve (près de Montcalm). On a d’ailleurs pu le voir à l’œuvre plusieurs fois au parc de l’Espoir lors d’Aires Libres, cet l’été.

    L’an dernier, Ka-Vie-Art a ouvert ses portes sur Beaudry tout juste au nord de Sainte-Catherine, la Galerie Rye (1331A, Sainte-Catherine Est, 2e étage) a suivi ce printemps. Depuis le 1er octobre, la Galerie Le 1201 (1201 Sainte-Catherine) mettait ses 450 pieds carrés à la disposition d’artistes. Un projet piloté par Pascal Chalmel, le propriétaire de Voyages Terre des Hommes.

    Déjà, les artistes Line Milotte et Patricia Klimov ont répondu à l’appel lancé par M. Chalmel, tandis que Michel Desrochers, artiste peintre, exposera du 1er au 8 novembre prochains. «Le calendrier se remplit tranquillement, j’ai eu des demandes et la réponse, autant des artistes que du public est très positive», de dire M. Chalmel. Quant aux clients de l’agence de voyage, ils y trouvent une belle salle d’attente ! «Il y a quel-que temps, je me demandais si j’allais rester ici ou déménager, poursuit Pascal Chalmel. Puis après une discussion avec Bernard Plante, le directeur général de la SDC, j’ai eu l’idée de développer ce projet et de transformer le local. D’après les commentaires reçus, je crois que les voyages et les arts forment un beau mélange. Éventuellement, j’aimerais faire des expositions avec des photographes de voyages, de paysages, etc.»

    Tranquillement donc, des galeries poussent dans le Village. Mais est-ce suffisant pour en faire une véritable destination artistique ? «Nous sommes sur la bonne voie, mais je ne crois pas qu’on soit une destination culturelle encore. Il faudrait que d’autres ouvrent dans le secteur, que l’art soit au niveau de la rue, qu’il soit visible», de dire Jean Fortin, galeriste d’expérience, et conservateur des expositions de la Galerie Dentaire qui est, maintenant, la plus ancienne galerie dans le Village puisque fondée en 2003. Opinion entièrement partagée par la SDC du Village, via Aires Libres, qui a commandé cet été aux artistes Marie-Michelle Ouellet et Valérie Lemieux l’installation interactive et lumineuse La Traverse dans le but d’occuper par l’art l’horrible terrain vague au coin des rues Sainte-Catherine et Wolfe. Ce que confirme également le propriétaire de la boutique Ka-Vie-Art, Simon Daniel Brisebois : «L’ouverture récente d’espaces d’exposition dans le Village est une excellente nouvelle. Nous semblons répondre à un intérêt renouvelé d’une certaine clientèle tout en intéressant une autre clientèle peut-être moins habituée au milieu des galeries d’art. De plus, rien de tel que d’avoir un grand nombre de galeries regroupées afin d’attirer enfin dans le secteur des collectionneurs d’oeuvres d’art intéressants. Plus il y a de lieux de qualité rassemblés dans un même secteur, plus il est incontournable de venir nous visiter régulièrement pour y faire des découvertes et, espérons-le, de nombreuses acquisitions.»

    Loin de faire peur, la venue de l’espace Galerie Le 1201 suscite l’approbation. «La fusion entre voyages et arts ajoute un plus à la rue Sainte-Catherine, de poursuivre M. Fortin. Si le quadrilatère était plein de galeries, les gens viendraient nous visiter et voir ce que chacun offre en termes d’artistes, de styles, etc., parce que nous avons tous des produits uniques et originaux.» «Ce que nous offrons, surtout, c’est une visibilité pour nos nombreux artistes talentueux, dont plusieurs sont issus de la communauté», d’ajouter M. Brisebois.

    Les deux intervenants en arts aimeraient plus de visibilité pour les arts dans le secteur. La Galerie Dentaire effectue de fréquents vernissa-ges, et Ka-Vie-Art attire une certaine clientèle d’amateurs par deux soirées par mois, l’une (le 1er samedi) destinée aux artistes, l’autre (le 3e samedi, soirée HmmmARTini) s’adressant aux aficionados d’artisanat. «En somme, tout comme la Galerie Dentaire qui attire par un service offert (dentisterie, massothérapie) une clientèle afin de lui faire découvrir l’expérience d’une visite d’exposition, ma clientèle est ici invitée à venir découvrir un monde de créateurs des plus variés. De façon à être viables, il est important de parler de nous et, pour nous, de nous renouveler sans cesse afin d’attirer dans chacune de nos galeries toujours d’avantage de clientèle», insiste le proprio de Ka-Vie-Art.

    De même l’arrivée du resto Nü Vü est considérée comme «géniale, parce que cela donne une nouvelle ouverture aux artistes exposants», indique Jean Fortin.

    «On entend souvent dire que les jeunes LGBT fréquentent moins le Village depuis l’obtention de l’égalité juridique et de l’ouverture de la société envers les LGBT. Il faudrait donc quelque chose de nouveau qui les attire, qui les rejoint, et une approche culturelle aiderait certainement à attirer les jeunes artistes gais. Peut-être qu’il faudrait penser à des commerces différents qui les ramèneraient dans le Village, parce qu’il ne faut pas oublier que le Village nous a permis de devenir une «minorité visible» dans la société, d’être entendus, pris en compte et reconnus. Je crois qu’il faut œuvrer, tous ensemble, avec la SDC du Village, à sauvegarder le Village et à encourager la relève et les artistes», explique Jean Fortin.

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