Bar mythique du milieu gai montréalais, le KOX/Katakombes défraie la manchette en février 1994, alors que des policiers investissent les lieux et y arrêtent tous les hommes présents pour s’être trouvés dans une «maison de débauche». Des vies ont été bouleversées cette nuit-là.
Traités en criminels, beaucoup vont souffrir longtemps de cet épisode traumatisant. Était-ce encore une tactique d’intimidation de la police, qui avait visité aussi la discothèque Max et les 2R (un bar de danseurs nus) auparavant?
Quoi qu’il en soit, cet événement survient à peine quelques semaines après les audiences de la Commission des droits de la personne qui pointait du doigt, entre autres, la police pour sa répression à l’égard de la communauté gaie. Cet événement triste a été marquant pour le Village et rappelait les raids policiers des années 1970-80, dans les bars Truxx et Bud’s, ainsi que dans des saunas fréquentés par les hommes gais. Mais la police est prise à son propre jeu et doit abandonner les accusations contre 92 des 165 personnes arrêtées.
En fin de compte, après des pressions, seulement une poignée d’entre eux seront formellement accusés. Ironiquement, la descente ouvrira des négociations sérieuses entre la police et la communauté et pavera la voie, non seulement à la mise sur pied de Dire enfin la violence (DELV), mais aussi à une table où les gais, la Ville et les corps policiers pourront se parler et faire avancer les dossiers.
Neuf ans après la descente du KOX/ Katakombes, l’escouade de la moralité fait de nouveau un coup d’éclat et arrêtait plus d’une trentaine de personnes au club de danseurs nus Taboo en mai 2003. Les hommes arrêtés sont accusés de diverses infractions d’ordre sexuel : tenir une maison de débauche, s’être trouvé dans une maison de débauche, avoir commis des actes indécents. Si certains des accusés ont décidé entre-temps de plaider coupables, pour diverses raisons (peur de devoir témoigner, maladie ou autre), le procès de la plupart des accusés, commencé en décembre 2004 est abandonné par la poursuite, lorsque la Cour suprême du Canada redéfinie la notion d’«acte indécent»