Avec «In the Name of», la réalisatrice Malgorzata Szumowska s’intéresse à l’évolution de la société polonaise, et de son paysage rural. En abordant la question de l’homosexualité chez les prêtres, elle aborde un sujet sensible et finalement assez peu traité au cinéma. Nous nous sommes entretrenus avec elle alors que son film fera l’ouverture du festival Image+nation, le 28 novembre.
Quelles étaient vos intentions en vous attaquant à ce sujet?
Mon premier sentiment était de faire un film sur la solitude terrible d’un prêtre, car une relation physique entre deux personnes est interdite pour les prêtres. J’ai parlé avec beaucoup d’entre eux et ils m’ont dit combien c’était dur pour eux. Je suis simplement partie d’une approche individuelle. Je ne pense jamais aux réactions possibles pendant le processus créatif : je ne calcule pas et je suis parfois étonnée ensuite de la perception des spectateurs.
Vous deviez bien quand même vous douter que traiter le sujet de l’homosexualité dans l’Église catholique ne passerait pas inaperçu?
Il est évident que l’aile conservatrice de la société sera interpellée par le film et que sans doute elle ne l’aimera pas. Je pense que ce sujet est une question de pouvoir et une longue tradition qui n’est plus en adéquation avec la société moderne. Mais c’est une question difficile qui entraîne des réactions parfois intolérantes. Pourtant, sans doute que des prêtres, même s’ils n’ont pas le droit de le dire, se retrouveront dans le film. ??En tous cas, il est nécessaire d’avoir ce type de voix en Pologne, même si j’ai un peu peur que l’on veuille m’identifier obligatoirement à une idéologie pro-gaie. Comme cela arrive souvent en Pologne, les gens jugeront que la réa-lité est soit noir, soit blanche, alors qu’elle est le plus souvent entre les deux, dans le gris. Ceci étant dit, même si ce n’était pas l’objectif principal, on peut quand même dire que c’est un film qui s’inscrit dans la mouvance d’une représentation réaliste de la réalité gaie.
Comment avez-vous sélectionné tous ces jeunes qui excellent dans les seconds rôles?
Nous les avons trouvés autour du lieu de tournage, dans de petits villages. C’était très compliqué pour moi au départ car ils étaient assez agressifs, ils juraient beaucoup et me défiaient un peu. J’ai passé du temps avec eux, en les observant avant de les choisir. Mais une semaine après le début du tournage, ils étaient devenus doux comme des agneaux.
Pourquoi ce final assez dur?
Beaucoup d’articles nous ont influencés : il arrive parfois que des prêtres fassent entrer leurs amants au séminaire. C’est un peu dramatique en un sens car ce sont souvent des jeunes qui ont peu de perspectives. Or, quand on est prêtre, en Pologne, on a de l’argent, une éducation et une position dans la société. Le film ne pouvait pas avoir de «fin heureuse». C’est un final un peu ironique, mais réaliste et un peu troublant.
Le financement du film a-t-il été difficile?
Non, et ce, grâce au Polish Film Institute qui n’a pas peur des sujets controversé. Mais il y a eu quelques autres personnes qui ont eu peur des polémiques. La question fondamentale pour le film était : «a-t-on ou non le courage de toucher à des sujets politiques ? » Cependant, c’était un très petit budget car nous n’avions pas besoin de beaucoup. Et la production nous a laissé tout le temps nécessaire pour peaufiner le film.
Le film IN THE NAME OF de Malgorzata Szumowska sera présenté dans le cadre du festival image+nation, qui se tiendra du 28 novembre au 8 décembre.
• Jeudi 28 Novembre 19h00 | PGM 01 | Imperial
Pour de plus amples renseignements sur le festival, consultez le site du festival www.image-nation.org