Jay Parini présente une biographie particulièrement bien ficelée de Gore Vidal, l’écrivain, le journaliste et l’homme politique.
En effet, le biographe était très proche de celui-ci et il se révèle ainsi dans la position envieuse de pouvoir truffer l’ouvrage de nombreuses anecdotes savoureuses qui permettent de mieux cerner l’homme au-delà de l’image que ce dernier souhaitait projeter. Par ailleurs, il a eu également accès au journal et papiers personnels de ce dernier de même qu’à ceux de son conjoint, Howard Austen.
Chaque chapitre débute par une citation de l’auteur (par exemple, “After a certain age, lawsuits take the place of sex”) et est précédé par une page ou deux d’anecdotes plus truculentes les unes que les autres.
Selon Vidal, il y a deux choses fondamentales dans la vie : ne jamais rater une occasion de passer à la télévision et avoir le maximum de sexe. Il prêchait par l’exemple puisqu’il a abondamment consommé des deux et ne s’en cachait d’ailleurs pas. Fait intéressant, il réfutait l’existence même de l’identité homosexuelle; pour lui, il n’existait que des comportements homosexuels.
Son entourage se composait de personnalités en provenance de tous les milieux : politique, journalisme, littéraire, musique, cinéma, sport. De même, ses adversaires étaient nombreux et donnèrent ainsi lieu à de multiples joutes de mots d’esprit visant à tourner l’autre en ridicule, un art que Gore Vidal maîtrisait à la perfection.
Une biographie très riche sur l’un des esprits les plus provocateurs et les plus incisifs de son époque. Le ton caustique de ses répliques et la vivacité avec laquelle il les délivre font en sorte qu’il est difficile de ne pas afficher un sourire au fil des pages.
Un plaisir à la fois intellectuel et ludique, parfois même hystérique : une rare combinaison dans le secteur des biographies!
Empire of self : A life of Gore Vidal / Jay Parini. Toronto : Doubleday, 2015. 465p.