Qui est Jonathan Bécotte ? Il est l’auteur, au nom de famille irrésistible, du très touchant Souffler dans la cassette, un roman poétique articulé autour d’une amitié amoureuse entre deux garçons de l’école primaire dont la magnificence s’est vue récompensée du Prix Cécile-Gagnon de l’Association des écrivains québécois pour la jeunesse.
Dans ce nouvel ouvrage, l’auteur se penche sur les premières années de l’enfance et la relation privilégiée du narrateur avec sa mère (et son père).
C’est avec une adresse et une délicatesse étonnante qu’il évoque ces petits riens qui, à travers les yeux d’un enfant, s’imprègnent d’un émerveillement qui marque l’esprit à jamais : la douceur inhérente à l’étalement du linge sur la corde, la protection du père face aux peurs insaisissables de la nuit, etc.
Deux séparations viendront fracturer l’existence du jeune garçon, à la fois naïf et profondément conscient des forces qui s’animent peu à peu : celle, incompréhensible, de la cellule familiale et celle, plus terrifiante et absolue, du souffle de sa mère.
Un récit qui gagne le difficile pari de venir nous chercher par l’intermédiaire de deux fils d’Ariane dont le maillage n’est pas tout à fait évident : la douceur des multiples instantanés de l’enfance, ces madeleines qui éveillent des souvenirs apaisants, et la brutalité implacable des déchirements.
En raison du titre, on serait porté à penser que la mère seule soit pivot du récit, mais rien n’est plus faux puisque Jonathan Bécotte évoque le père avec une grande subtilité, en pourtour de cet amour maternel, à la fois stoïque, inébranlable et fragile.
On ne peut s’empêcher d’en dévorer les pages pour s’imprégner de cet entrelacs d’émotions parfois à demi-mot évoqué.
« C’est Pâques, je reviens à la vie / Mais il n’y a ni lapin ni chocolat / Seulement les yeux brillants de ma mère / Et les mots que mon père n’a pas ».
Maman veut partir / Jonathan Bécotte. Montréal : Leméac, 2018. 209p.