À travers ses élus et ses organismes communautaires, et même par des actions individuelles, le Québec et le Canada portent partout où ils le peuvent une parole demandant plus de respect des droits et plus de protection pour les personnes LGBTQ à travers le monde. Une parole, mais aussi des gestes. Beaucoup se demande si cela est suffisant ou si ce n’est pas complètement inutile compte tenu du peu de poids géopolitique que le Canada détient pour faire infléchir des politiques contraires aux droits fondamentaux de la personne.
Au dernier sommet de la francophonie à Madagascar, le premier ministre Justin Trudeau, tout comme les représentant.es du Québec, ont rappelé à tous les pays de la Francophonie la nécessité de respecter les libertés et les droits fondamentaux de tout individu et de leur assurer la protection, et en particulier vis-à-vis des personnes LGBTQ. Les plus hauts élus n’hésitent pas à remettre la question sur le tapis dans toutes les rencontres internationales, multilatérales et bilatérales avec leurs homologues. Le Québec et le Canada n’exigent rien de plus que ce qui est contenu dans la Déclaration universelle des droits de l’homme de 1948, où sont définis les libertés et les droits des personnes et du devoir des états de les protéger. Une déclaration signée par 58 pays!
Le Québec a décidé de mettre en place un Réseau international francophone LGBTQ avec son siège à Montréal. Et bien évidemment d’appeler d’autres pays francophones à s’engager. Ce qui est un lourd défi compte tenu du grand nombre d’états qui n’écoutent que d’une oreille distraite quand on leur rappelle le respect des personnes LGBTQ.
On peut aussi souligner le rôle des ambassades du Canada dans leur aide parfois discrète pour que des événements LGBTQ puissent avoir lieu dans des pays où l’homophobie et la transphobie sont institutionnalisées. Les gens de Fierté Montréal en savent quelque chose, eux qui se sont déplacés dans différents pays pour soutenir des marches de la fierté ou pour rencontrer des militants LGBTQ (Lettonie, Ukraine, Inde, Kenya) et qui ont reçu le soutien des ambassades ou des hauts commissariats canadiens. Chaque petit geste compte et des changements se produisent, lentement, très progressivement.
Soulignons aussi les tentatives d’organismes communautaires d’ici qui tissent des liens privilégiés avec des groupes émergents à l’étranger. En aidant la mise en place d’un festival de films et de culture LGBTQ en Haïti, Arc-en-Ciel d’Afrique a soulevé un émoi dans la presse locale et chez les politiques haïtiens. Et plus récemment, notre collaborateur Richard Burnett qui s’est rendu à l’Île Maurice avec sa mère (originaire de l’Île), pour montrer leur solidarité lors de la marche de la Fierté sur l’île, accompagnés par l’homme politique français Jean-Luc Roméro, ont été confrontés physiquement aux manifestations de groupes hostiles aux LGTQ et au peu de sécurité offerte par les autorités.
Ces initiatives s’inscrivent dans de toutes petites fenêtres ouvertes. D’une part, ni le Canada, ni le Québec, sur l’échiquier géopolitique n’ont le même poids que d’autres nations. D’autre part, les relations économiques dans le cadre de la mondialisation prévalent souvent sur la question des droits humains. Sans oublier que des prises de position accompagnées de pression peuvent produire des effets contrai-res, avec dans le pays ciblé, une plus grande répression des personnes LGBTQ. Défendre les droits et les libertés sur la scène internationale relève actuellement d’un exercice d’équilibriste en tenant compte des gouvernements en place et surtout en tenant compte des besoins et des revendications LGBTQ sur le terrain.
Bien sûr, d’autres pays par le biais d’organismes humanitaires internationaux ou de leurs ambassades aident aussi les groupes LGBTQ qui revendiquent plus de droits. Mais les opposants dénoncent l’ingérence de pays étrangers sur des questions nationales. Lors du défilé de la fierté du 9 juin dernier à Varsovie, les groupes d’extrême-droite conservateurs et religieux ont dénoncé non seulement le soutien et l’aide financière de plusieurs ambassades occidentales, mais aussi ceux de grandes entreprises privées comme Google, Microsoft et d’autres.
Si des avancées existent, les opposants aux droits LGBTQ organisent aussi la résistance. On se souvient du déchirement en France autour du mariage pour tous, et actuellement des reculs pour nos voisins du sud sous le gouvernement de Trump.
Mais ce qui reste le plus évident, ce sont que le Canada et le Québec, non seulement font leur part à l’international, mais rappellent aussi partout et en tout temps la nécessité de respecter et protéger toute personne indépendamment de son orientation sexuelle ou de son identité de genre. On souhaiterait que d’autres pays pour qui ses valeurs sont aussi importantes qu’ici se joignent au duo Québec-Canada dans le concert des nations pour y former enfin un chœur.