Samedi, 19 avril 2025
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    Parler pour parler en version écrite

    Janette Bertrand ne se lasse pas de vouloir démystifier les relations humaines. Elle a donc invité le professeur et chercheur Michel Dorais à répondre à ses quelques 450 questions sur la sexualité dans un livre intitulé Vous croyez tout savoir sur le sexe?

    Janette Bertrand ne se lasse pas de vouloir démystifier les relations humaines. Elle a donc invité le professeur et chercheur Michel Dorais à répondre à ses quelques 450 questions sur la sexualité dans un livre intitulé Vous croyez tout savoir sur le sexe? Michel Dorais a participé plusieurs fois aux émissions télévisées de Janette Bertrand :  Janette veut savoir et Parler pour parler. Il enseigne à l’École de travail social et de criminologie de l’Université Laval, notamment le cours Diversité sexuelle et intervention sociale. Il effectue de la recherche en sociologie de la sexualité. Il a publié une vingtaine d’ouvrages, dont La sexualité spectacle (2012), Mort ou fif.

    Homophobie, intimidation et suicide (2014) et De la honte à la fierté (2014). Ils ont écrit ce livre de plus de 400 pages pour tous les publics: les jeunes, les célibataires, les couples, les séparés ou divorcés qu’ils appellent «ces nouveaux et nouvelles célibataires», les personnes de la diversité sexuelle et les gens âgés de plus de soixante ans. «Notre livre est une mise à jour sur la sexualité et nous voulons rejoindre beaucoup de monde», précise Janette Bertrand en entrevue à Fugues. «Nous sommes partis des tabous, des préjugés, des mythes sur la sexualité pour les déconstruire et dire les vraies affaires. […] Ce n’est pas un livre sur les cent positions sexuelles, mais sur l’aspect humain de la sexualité», ajoute Michel Dorais. À leur avis, le Web et les médias sociaux diffusent des informations «incomplètes, contradictoires ou carrément fausses» sur la sexualité. Ils amorcent leur «dialogue» sur la présence d’une «nouvelle ignorance sexuelle» dans la société, traitent ensuite du désir et de l’ignorance sexuelle pour chacun des groupes mentionnés ci-dessus. «J’ai enseigné pendant vingt ans, souligne Janette Bertrand. J’ai beaucoup d’enfants, de petits-enfants et d’arrière-petits-enfants. Par conséquent, je suis beaucoup en contact avec les jeunes et les moins jeunes.

    J’ai aussi beaucoup d’expérience. Ce n’est pas la même ignorance que la mienne, mais c’est une autre ignorance, peut-être pire que la mienne, parce qu’ils pensent tout savoir. En réalité, ils ne savent rien. Ce n’est pas parce que tu regardes de la porno que tu sais ce que c’est que l’amour. Je voulais donc qu’on remette les pendules à l’heure.» Malgré l’avancement des connaissances sur la sexu-alité depuis la Révolution tranquille, les deux auteurs affirment que les gens se posent encore les mêmes questions. «Nous sommes partis d’une sexualitéinstallée par la religion où il fallait faire l’amour pour avoir des enfants, pour arriver à une sexualité spectacle. Aujourd’hui, c’est autre chose, mais ça reste la même sexualité. […] Les êtres humains cherchent les mêmes choses: l’amour et le plaisir», croit Janette Bertrand. «Avant, il fallait tout cacher, renchérit Michel Dorais. Maintenant, il faut tout montrer. On est passé d’un extrême à l’autre. Assez curieusement, quand on va sur les sites Internet comme Tel-jeunes, les jeunes se posent les mêmes questions qu’il y a cinquante ans.» 

    La diversité sexuelle vulgarisée
    Le chapitre Sortir de l’ignorance sur la diversité sexuelle est l’un des plus volumineux. Michel Dorais explique la signification des différents termes comme transgenre, cisgenre, transsexuel, travesti, transformiste, drag-queen, intersexué, queer, bisexualité, asexualité, etc. Des réalités concernant également les personnes LGBT+ sont abordées dans les autres chapitres, précise-t-il, comme par exemple l’infidélité et l’exclusivité dans un couple. «Nous avons fait un grand pas au Québec. […] La tolérance est immense», se réjouit Janette Bertrand, une des premières qui a parlé de ce sujet dans ses émissions notamment Avec un grand A. Michel Dorais fait remarquer que les lois québécoises sont «très progressistes » envers les personnes LGBT+, notamment celles permettant l’union civile entre des conjoints de même sexe et l’adoption d’un enfant par des conjoints de même sexe. «Il n’y a jamais eu un parti politique anti-LGBT+ au Québec.

    C’est un des seuls endroits au monde où il n’y a jamais eu un seul élu qui a parlé contre les droits des personnes LGBT+.» Par contre, ils conviennent que certains parents peuvent trouver difficile d’apprendre que leur enfant soit homosexuel. «Le père qui apprend que sa fille ou son fils est gai va tout de suite avoir le réflexe de dire que c’est une catastrophe, parce que c’était une catastrophe d’appartenir à une minorité quelle qu’elle soit», explique Janette Bertrand. Selon Michel Dorais, les parents acceptent généralement l’homosexualité de leur enfant. «Il faut leur laisser un peu de temps, parce qu’ils ne sont pas préparés à avoir un enfant LGBT+. Dans la majorité des cas, ils vont faire le même cheminement que leur enfant et s’apercevoir qu’il n’a pas changé.» 

    Des cours d’éducation sexuelle obligatoire
    Pour contrer l’ignorance sexuelle, les deux auteurs prônent dans leur dernier chapitre «une éducation sexuelle pour tous». «C’est la solution, puisque les parents ont beaucoup de difficultés à le faire, pense Janette Bertrand. Quand ils parlent de sexualité avec leurs adolescents, ces derniers ne les croient pas. C’est pour cette raison qu’on doit laisser l’éducation sexuelle aux personnes qui s’y connaissent [à des éducateurs et à des éducatrices à la sexualité].» Selon eux, les parents ne devraient pas avoir le droit de retirer leurs enfants des cours d’éducation sexuelle pour un motif religieux. «Si un parent est raciste et demande au directeur d’école de retirer les enfants noirs de la classe de son enfant, le directeur d’école refusera, soutient Michel Dorais. Quand il s’agit d’homosexualité ou de transsexualité, comment se fait-il qu’on va écouter l’homophobie et la transphobie? Les parents ont le droit d’être sexistes, racistes, homophobes et transphobes, mais l’école a le devoir de faire de l’éducation citoyenne et de refuser qu’un enfant soit retiré d’un cours d’éducation sexuelle.» 

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