Une rare incursion de Ralf König dans l’univers des relations hommes-femmes, autour du phénomène de la porno (avec quelques apartés dans la communauté gaie, dont une petite surprise).
On le sait, le bédéiste fait preuve d’un mordant particulièrement bien effilé, tout en proposant des personnages toujours étonnamment crédibles, et ce dernier opus ne fait pas exception à la règle.
Le récit est divisé en trois cycles correspondant à trois générations au sein d’une même famille, de même qu’à trois types de support de films érotiques: super 8 avec papa Schlüter, VHS avec son fils Eberhard Schlüter et DVD avec Flo, le fils de ce dernier.
Le cœur de l’action est centré autour d’Eberhard qui offre à Fritte, son meilleur ami, la «chance» de se joindre au tournage d’un film porno. Les choses ne se déroulent cependant pas tout à fait comme prévu et, des années plus tard, un tatouage très personnel d’Eberhard vient envenimer des tensions déjà importantes dans la maison de ce dernier, après la découverte d’un sac de DVD, au grenier.
Ralf König met bien en scène les deux solitudes de la porno: source de plaisir versus dégradation du corps et de l’âme. Il prend cependant bien soin de ne pas cantonner les positions selon le sexe en présentant différentes perceptions en particulier chez les femmes (bien que, évidemment, les visions extrêmes soient les plus rigolotes).
Il a également eu l’idée fort intéressante de demander au bédéiste Nicolas Mahler de réaliser les extraits de films, ce qui leur donne une facture fort intéressante qui détonne avec le reste de la BD.
Le tout forme un récit fort amusant où les angoisses et les désirs des uns et des autres s’affrontent dans une guerre à finir où, paradoxalement, c’est Flo, âgé de 11 ans, qui semble avoir le dernier mot: «Vous me gonflez, là! Si vous savez pas gérer le porno, ben, regardez-en pas!»
Porn story / Ralf König (avec la participation de Nicolas Mahler). Glénat (2018, 160p.)