Lundi, 24 mars 2025
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    La Maison Gauthier enveloppante et asymétrique

    Atelier Barda architecture

    La Maison Gauthier est située à proximité de la ville de Mont-Tremblant dans les Laurentides. Elle est implantée dans un paysage naturel au relief marqué, au milieu de forêts denses et étendues caractéristiques de cette région montagneuse.


    C’est à Atelier Barda, un bureau d’architecture dont la méthodologie s’appuie sur la singularité de chaque commande et de chaque client, qu’a été confié le mandat d’idéaliser la maison dont le terrain se situe sur une butte rocheuse boisée d’épineux et de bouleaux. Celle-ci est ceinturée à l’est par la route principale, et à l’ouest par la ferme équestre des propriétaires.


    La volonté des clients était de privilégier un volume dont les vues seraient largement orientées vers le manège des chevaux en contrebas, tout en bénéficiant de l’intimité créée naturellement par la topographie de la parcelle. Le filtre boisé conservé dans le talus privilégie une approche séquencée et progressive du bâti. Le volume, non visible depuis la route principale en contrebas, apparaît progressivement jusqu’à l’imposante façade de briques opaque, composée d’une unique arche désaxée constituant l’entrée principale de la maison.


    Organisation et récit perceptif
    L’intérêt marqué de la cliente pour les peintres minimalistes américains et la demande qu’on intégre dans la résidence un espace atelier pour la clientèle, qui est céramiste, ont influencé la composition du plan masse ainsi que l’imbrication de volumes géométriques simples dans la conception des volumes intérieurs.


    Les volumétries des écuries et haras européens font partie des références explorées dans le processus initial de conception. L’organisation de la maison selon un plan en V asymétrique permet la liaison de deux zones distinctes : une aile dédiée au garage et à l’atelier de céramique de la cliente, et une aile dédiée aux espaces de vie communs. La relation entre les différents espaces et leur imbrication est pensée de manière à créer un récit perceptif pour l’usager et le visiteur. L’alternance, dans la perception de l’espace vécu, des sensations de compression et dilatation accompagne le parcours, et la présence sensorielle de la matière (brique, chaux, chêne huilé) contribue à révéler une atmosphère particulière.


    Depuis la voute de l’entrée, la séquence marque le passage entre les espaces de services, l’atelier d’artiste, et le noyau familial plus intime. Le couloir courbe entre les deux ailes constitue le point d’articulation marquant le seuil de l’une à l’autre. L’effet de pincement en clair-obscur généré par la courbe contraste, une fois celle-ci franchie, avec le vaste volume de la pièce principale de la maison. Dans celui-ci, les hauts plafonds inclinés sont divisés par deux lames verticales qui partitionnent cuisine, salle à manger et salon sans jamais cloisonner le volume. Le gazebo est une prolongation fluide de l’intérieur vers l’extérieur.


    Proportions et matérialité du vide
    Larges, mais relativement basses, les ouvertures encadrent savamment les vues vers le manège des chevaux. Le jeu de proportions met en tension volume intérieur et paysage. De vastes puits de lumière orientés à l’est canalisent la lumière venant affleurer les lames verticales recouvertes de chaux. Ils permettent également la ventilation naturelle du volume principal. Ces volumes composent une atmosphère vibrante apportant une certaine sacralité à l’espace.


    Un troisième canon lumineux positionné dans l’atelier de céramique dirige la lumière zénithale dans la pièce. Les plans inclinés du plafond à 3 pans, les voiles verticaux et les canons de lumière confèrent à l’espace des caractéristiques sculpturales. La matérialité du vide donne corps au volume. Séparées de l’espace de vie par une cloison épaisse, les chambres et les salles de bain s’organisent dans le repli du volume général qui leur assure intimité et introspection.


    L’implantation de la maison confère à chaque pièce une lumière naturelle filtrée en fonction de l’usage. La diversité des espaces intérieurs contraste avec l’apparente simplicité du volume extérieur. La toiture massive s’assoit sur le socle en brique de 7 pi. Leur lecture géométrique rentre en dialogue avec l’imposant corps de ferme existant, tout en assumant leur empreinte dans une nature omniprésente. Le volume asymétrique, la forme enveloppante, le clair-obscur, les ombres, les marges, les seuils, le vide, la matière brute contribuent à l’éclosion de l’atmosphère du lieu sans camoufler la part rationnelle de logique structurale de la maison.

    INFOS | atelierbarda.com

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