Jeudi, 28 mars 2024
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    Jean-Sébastien Bourré fait témoigner 12 personnes trans

    À peine plus d’un an après la publication du livre TRANSition : évolution du mouvement trans et de ses revendications, qui avait été à la fois salué et durement critiqué par différents membres de la communauté trans, Jean-Sébastien Bourré rapplique avec l’ouvrage TRANSition : une quête de soi.

    TRANSition de Jean-Sébastien Bourré

    Le professeur d’art dramatique et auteur se dit touché par les réalités trans depuis son cégep, période pendant laquelle il a côtoyé la comédienne trans Pascale Drevillon. «C’est à son contact que j’ai réalisé que les personnes trans sont des gens normaux. Plusieurs individus croient que les personnes trans sont des malades mentaux avec plein de problèmes, alors que c’est faux. Quand ils font leur transition, plusieurs problématiques diminuent dans leur vie. Notre rencontre a été un déclencheur. Avec le temps, j’ai voulu faire quelque chose de positif destiné aux gens qui n’ont jamais rencontré des personnes trans.»

    Son premier livre, publié en 2017, a été accueilli avec une brique et un fanal par plusieurs personnes trans. «Parce que je suis un homme blanc cisgenre, c’était inacceptable à leurs yeux que je m’intéresse à leurs réalités, alors qu’elles ne me touchent pas directement. Le livre a été taxé de transphobe.» Pourquoi un livre visant à démystifier a-t-il été perçu comme un incubateur à préjugés? «Dans le livre, j’abordais certains stéréotypes que les personnes cisgenres entretiennent sur les personnes trans, entre autres sur l’apparence physique. J’affirmais qu’il fallait aller au-delà de l’allure, de prendre le temps de les connaître et de ne pas les juger. Je disais aussi que même si la transition d’une personne est apparente, on n’est pas obligé d’en parler. Ça a peut-être choqué des gens.»

    En effet, les réactions ont été vives. L’auteur parle même de cyberintimidation. «Pendant deux semaines, j’ai reçu des messages haineux de gens qui n’avaient pas lu le livre. Des photos de moi, transformées avec l’ajout d’écrits haineux, circulaient sur le web. Une personne m’a écrit qu’elle espérait qu’on me crache dessus dans un salon du livre…»

    En contrepartie, le sociologue et spécialiste des genres et des sexualités, Michel Dorais, a lu son livre et n’y a trouvé aucun élément condamnable, selon Jean-Sébastien Bourré. Puis, peu à peu, le livre a trouvé ses lecteurs. «Il permet à des personnes en questionnement et à leur entourage de s’informer. Plusieurs personnes trans qui ont pris la peine de lire le livre m’ont écrit pour me remercier de l’avoir publié, en me disant que c’était un outil pour permettre aux personnes cisgenres de les comprendre.»

    Alors que les personnes trans ont bien peu de tribunes pour s’exprimer, l’une des critiques faites à l’endroit de l’auteur cisgenre était de prendre parole à leur place. Il a donc eu l’idée de recueillir des témoignages sur différents parcours trans-identitaires, afin que les lecteurs mettent un visage sur les réalités trans et comprennent leur vécu avec nuances. Parmi eux, on retrouve l’actrice Gabrielle Boulianne-Tremblay, les militantes Danielle Chénier et Jenni Lang, un enfant non-binaire, une travailleuse du sexe, le président de l’Aide aux trans du Québec, Julien Leroux-Richardson, et Esteban Torres, jeune personne trans connue du grand public pour avoir lancé une boulette de papier au premier ministre du Québec Philippe Couillard. «J’ai approché certaines personnes pour aborder des angles précis, comme la réalité des personnes trans qui sont travailleurs et travailleuses du sexe, mais les angles des témoignages se révélaient en cours d’entretien. Chaque personne me confiait quelque chose d’unique.»

    D’une entrevue à l’autre, l’auteur a perçu beaucoup d’ouverture et un grand besoin de s’exprimer. «Il n’y avait pas de peur ni de gêne dans les discussions. Les participants me disaient tous que c’était génial de faire un livre en leur redonnant la parole pour que les gens comprennent ce qu’ils vivent. Ils ont besoin d’être vus et entendus. Et depuis la sortie du livre, je n’ai pas entendu de critiques ni reçu de commentaires haineux.» Si Jean-Sébastien Bourré donne la parole aux personnes trans, il a également décidé de remettre tous les profits recueillis par les ventes du livre à l’ATQ. «Quand j’ai publié le premier livre, certaines personnes ont dit que je devrais remettre tous les profits à différents organismes, comme si j’allais faire plein d’argent avec ça… alors qu’au Québec, publier un livre n’est pas très lucratif. Cela dit, lorsque j’ai eu l’idée de recueillir les témoignages, je ne voulais pas faire d’argent en utilisant l’histoire des gens.»

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