La publication du fascicule No 30, en juillet dernier, signe la conclusion de l’épopée palpitante des Paper girls à travers le temps, l’espace et une découverte de soi-même fascinante. Le récit s’annonçait pourtant relativement tranquille puisqu’il nous invitait simplement à suivre les aventures de quatre adolescentes gagnant un peu d’argent en tant que camelots.
Pourtant la livraison des dits journaux, au cœur d’un petit matin blafard d’un mois de novembre 1988, se révèlera tout sauf ordinaire pour Erin, MacKenzie, KJ et Tiffany puisqu’elles seront bien vite confrontées à deux factions opposées, venues d’un futur lointain, résolues à sortir victorieuses d’une guerre du temps dont les jeunes filles ne comprennent ni les tenants et niles aboutissants.
C’est au rythme des tribulations de ces dernières que le lecteur pose progressivement les pièces d’un casse-tête complexe dans lequel elles jouent un rôle plus fondamental qu’elles ne le croient tout d’abord. Elles y seront aidées ou contrecarrées, par leurs alter ego de différentes lignes temporelles et confrontées à une vision souvent dérangeante de leur propre avenir.
C’est notamment au cœur de ce maelstrom d’émotions que KJ aura une vision d’un baiser échangé avec MacKenzie et réalise la nature des sentiments qu’elle éprouve pour sa consœur de travail. Elle ne peut cependant qu’être troublée par ce baiser annoncé puisque MacKenzie fait montre d’une homophobie virulente et que rien ne laisse entrevoir qu’elle ne puisse jamais changer.
C’est au cœur de chassés-croisés à travers le temps, au sein d’enjeux planétaires, que les deux jeunes filles vont cependant se découvrir. Mais l’amour de KJ et MacKenzie, de même que la force des alliances tissées entre les quatre jeunes filles, saura-t-il survivre à un retour au présent et à la possibilité d’en perdre même le souvenir? C’est à découvrir au cœur d’une conclusion percutante!
Récipiendaire de deux prix Eisner, en 2016, pour la Meilleure nouvelle série et Meilleur crayonneur/encreur, la BD est un plaisir tant pour l’intelligence du récit que pour son graphisme mainte fois salué par la critique.
La refonte est disponible en anglais, chez Image Comics, dans deux superbes volumes contenant les fascicules 1 à 20, et en français, chez Urban Comics, dans 5 volumes renfermant les 25 premiers fascicules.
Nul doute que les dernières refontes respectives seront publiées au cours des prochains mois. Dans l’intervalle, plonger déjà avec délectation et empressement dans l’univers de ces quatre camelots hors du commun.
Paper girls / Brian K. Vaughan, Cliff Chiang, Matt Wilson & Jared K. Fletcher.