Jeudi, 28 mars 2024
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    Jean-François, Jay et Christian, heureux et en trouple

    Trouple. Le mot peut ressembler à une blague.  Pourtant, dans le langage du polyamour, le trouple est un vrai mot qui désigne une histoire d’amour triangulaire dans laquelle chaque personne entretient une relation amoureuse avec les deux autres. Cette fois-ci, Cupidon et ces flèches bien lancée ont réunis trois gaillards barbus ! Christian Généreux, chargé de projet événementiel et organisationnel, en communication et en développement des affaires; Jean-François Adam, évaluateur en bâtiment; et Jay Hlohinec, gestionnaire sénior pour une grande chaîne de restauration, vivent le parfait bonheur depuis quelques années. Ces trois hommes aux profils professionnels très différents les uns des autres forment un «trouple» (à ne pas confondre avec «trouble»).   

    Pour vous, cette relation amoureuse est aussi forte que celle d’un couple «traditionnel» ?
    Tout à fait ! Et, soyons clair, la perspective à trois est bien différente qu’à deux. On fait davantage attention à ce qu’on dit. Lorsque deux échangent sur un sujet, le troisième peut amener une perspective différente et souvent, tempérer les émotions. Dans un couple régulier — surtout dans la communauté gaie —, à la moindre altercation, souvent un des deux dans le couple lance la serviette et passe au prochain. En trouple, cette dynamique n’y est pas. Nous travaillions nos problèmes et nous trouvons des solutions en gardant les yeux sur la balle (l’objectf), de garder notre relation saine et équilibrée. Bien entendu, il y aura toujours des fluctuations, mais une chose est certaine, nous nous aimons et nous prenons les actions pour trouver des solutions car, tant et aussi longtemps qu’il y aura de l’amour…

    Depuis combien de temps est-ce que vous vivez en « trio » ?
    Nous en sommes à notre cinquième année en trouple maintenant. 

    Comment est-ce que cette relation à trois s’est construite ? Est-ce qu’il y a eu d’abord le couple et ensuite le troisième s’est joint ? Et comment s’est intégré ce troisième élément ?
    Ce qui est drôle est que le tout s’est fait naturellement, sans rien forcer. Autant pour le couple de Christian et Jean-François qui a débuté en août 2014, que lorsque Jay est arrivé dans le portrait, en septembre 2016. Comme déjà mentionnés, à la base nous avons développé une belle complicité, basé sur une bonne communication et le respect. Il faut dire aussi que la vie nous a forcé à nous adapter rapidement également. 

    Déjà que Jean-François qui habitait à Blainville était pour la plupart du temps chez Christian à Montréal, comme il y travaillait. Il en était de même pour Jay qui travaillait au centre-ville et qui habitait à l’Ile Bizard. 


    Au printemps 2017, la maison de Jay a été inondée et elle a dû être démolie. La résidence de Christian est devenue alors pour le trio, le quartier général, et ce, pendant plus d’un an. Pas évident, trois hommes dans un 4 1/2 du quartier Saint-Henri. Cette période a demandé énormément d’organisation, de concession, mais surtout, cela a exigé de la résilience de part et d’autre. Heureusement, nous décidions cette même année de prendre un terrain de camping saisonnier, ce qui nous a permis de nous évader de la ville et de nous ressourcer. Cela a grandement contribué à ce que nous soyons toujours ensemble aujourd’hui et surtout, en mesure de nous adapter rapidement à toutes situations. C’est aussi la raison qui a fait que la pandémie ne nous a pas énormément affecté dans notre quotidien. Il y a un peu plus de trois ans, nous aménagions tous ensemble dans un grand 6 ½, toujours dans Saint-Henri. 

    Est-ce que cette période de confinement vous a contraint à repenser votre façon de vivre ou à changer vos priorités : exemple télétravail, chômage, relations avec les amis, la famille, les sorties, etc. ?
    Comme tout le monde, nous nous sommes adaptés aux mesures sanitaires. Jean-François, travaille déjà de la maison étant travailleur autonome. Par contre, il a dû adapter les visites clients pour éviter tout contact direct. Pour Jay, le stress est omniprésent comme il est en contact direct avec la clientèle pratiquement tous les jours, comme il est gestionnaire dans le domaine de la restauration. Le bon côté est que les bonnes pratiques sanitaires apprises au boulot, il nous les fait appliquer à la maison. Pour Christian, le télétravail était devenu obligatoire, ce qui, parfois, créait de la cacophonie lorsque lui et Jean-François étaient en même temps au téléphone… (rires). Mais nous étions quand même bien organisés déjà avant la pandémie, donc l’adaptation professionnelle a été relativement facile, malgré tout.

    Nous faisons de notre mieux pour respecter l’ensemble des mesures sanitaires. Comme cela empêche le contact humain, ce qui rend difficile de voir en personne nos amis, mais aussi, d’aller voir nos familles respectives comme dans le temps des fêtes par exemple. On s’ennuie de nos proches, mais bon, nous nous devons de faire ces sacrifices pour le bien-être de tous. Bien entendu que nous utilisons les outils électroniques de communications pour rester en contact, mais disons que cela ne remplacera jamais un bon câlin bien senti…

    Pour les sorties, quoique nous ne sortions pas aussi souvent — Ben oui, on vieilli ! (rires) —, aller prendre un verre et changer d’air nous manque également. Pas évident de toujours rester à la maison ou au chalet, surtout quand on travaille de la maison et donc, d’être toujours entre les mêmes quatre murs. Un moment donné, ça commence à être démoralisant. Mais bon, nous sommes très choyés d’être ensemble, on n’a pas trop à s’en plaindre, comparativement à ceux qui sont seuls chez eux.

    Certains projets ont dû être reportés, comme les rénovations au chalet par exemple. Par contre, nous en avons profité pour maximiser notre résidence en ville, en aménageant notre cour arrière avec une piscine, rendre notre intérieur davantage confortable, pour ne nommer que cela.

    Est-ce que c’est une période profitable pour se ressourcer comme couple ou comme trio ?
    Pour nous, sauf de ne pas pouvoir sortir voir nos amis et nos familles, rien n’a vraiment changé. La pandémie pas vraiment eu d’impact sur notre «trouple». Nous avions déjà avant la pandémie une bonne complicité, une bonne communication et beaucoup de respect l’un envers les autres et c’est toujours le cas aujourd’hui. Nous nous soutenons et sommes à l’écoute des deux autres. C’est certain que parfois il y a de l’argumentation, ce qui est normal dans toutes relations, mais dans notre cas, le fait d’être trois amène une perspective davantage d’écoute rationnelle qu’émotionnelle, ce qui permet une résolution de situation davantage constructive.

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