Quelques mois après la fin des tournages de Si on s’aimait, Gabriel et Sébastien entretiennent un lien amical et non amoureux. Peu importe. Plus de 800 000 téléspectateurs sont tombés sous leurs charmes. Le comédien et le chanteur ont d’ailleurs profité de leur plateforme pour ouvrir les esprits sur la fluidité de genre, l’asexualité et la séropositivité.
Quelles étaient vos motivations pour vivre cette aventure?
Sébastien: Quand j’ai découvert la première saison, un peu sur le tard, j’ai regardé 30 épisodes en trois jours et je suis tombé complètement amoureux du concept. Même si les «personnages» de la saison 1 vivaient des histoires très différentes de la mienne, je trouvais plein de conseils judicieux à appliquer dans ma vie. J’ai senti que c’était une expérience dont j’avais besoin, moi qui n’ai jamais été en couple. Mon but premier était donc de travailler sur moi. Si j’avais terminé l’émission en formant un couple, c’aurait été un bonus.
Gabriel: L’aspect thérapeutique m’interpellait vraiment beaucoup. Ça ne fait pas longtemps que j’assume mon identité queer et mon asexualité. Je savais que j’étais valide de me sentir comme ça, mais j’avais besoin d’une façon de l’affirmer haut et fort. C’était un gros défi d’assumer ça devant beaucoup de monde à la télé, mais ça s’est révélé très bénéfique. Aujourd’hui, je suis fier de la personne que je suis.
Qu’est-ce que ça vous fait d’imaginer qu’autant de gens ont été témoins de vos rencontres avec la thérapeute Louise Sigouin?
Sébastien: Si on a pu aider des gens à se poser des questions et à cheminer, tant mieux. Gabriel et moi, on s’est beaucoup livrés et les réactions des téléspectateurs ont été très positives. Je m’attendais à ce qu’ils m’aiment en général et à être confronté à du jugement, voire de la haine, par moments, mais ça n’a pas été le cas du tout. On ne parle pas d’une vague d’amour, mais d’un tsunami d’amour! Les gens ont vraiment été réceptifs à nos réalités et très curieux d’en apprendre plus. Ça nous donne foi en l’humanité.
Gabriel: Dans le processus avec Louise, on était dans une position vulnérable: on se livrait beaucoup, on n’avait pas beaucoup de filtres et on essayait de se comprendre. Cela dit, c’était important pour moi de parler d’asexualité et d’agressions sexuelles entre hommes, parce que ça existe au sein de la communauté LGBTQ+ aussi. Chaque fois que j’abordais des sujets semblables, je me disais que si ça pouvait aider une seule personne à se reconnaître ou ouvrir la discussion, c’était tant mieux. Depuis le début de la diffusion, j’ai reçu beaucoup de messages sur l’asexualité. Certaines personnes ont carrément ouvert une porte sur un tout nouveau monde, en réalisant qu’elles ont le droit de se sentir comme ça également. Je suis aussi très fier du parcours de Sébastien, qui a parlé de VIH.
Sébastien, quel impact penses-tu avoir eu en parlant du fait que tu es séropositif?
Sébastien: Je crois que d’en avoir parlé d’un point de vue personnel et émotif, et non avec des statistiques et des informations scientifiques, ça a permis de connecter avec les gens. Ils ont reçu la nouvelle en ouvrant leur cœur et leur esprit. Ça rendait cette réalité-là plus vraie et plus humaine. Par ailleurs, le fait d’expliquer ce que je vis avec des mots que tout le monde comprend, ça a permis à monsieur et madame Tout-le-Monde de bien accueillir l’information.
Gabriel, sens-tu qu’il y a beaucoup de confusion autour de l’asexualité?
Gabriel: Tout ce qui tourne autour de l’asexualité est un immense spectre. Je me considère comme graysexuel, c’est-à-dire que si j’ai une forte connexion avec quelqu’un, je peux avoir des envies une fois de temps en temps, mais mon attirance est complètement nulle de prime abord. Dans la vie de tous les jours, ça ne m’est jamais arrivé de croiser quelqu’un et d’avoir envie de l’embrasser ou de coucher avec. Certains asexuels n’auront jamais d’attirance de leur vie. Pour ma part, il s’agit davantage d’une attirance affective que sexuelle. En général, l’asexualité demeure très méconnue. On en parle très peu dans les médias, spécialement entre hommes du milieu gai. C’était important pour moi de mettre en lumière cette identité sexuelle.
As-tu un coté militant?
Gabriel: Je viens d’une famille très militante. Ma mère a travaillé toute sa vie pour la cause féministe et mon père pour les autochtones. Ça fait aussi partie de mon identité, mais je voulais surtout permettre une prise de conscience aux gens puisqu’on vit dans une société hyper sexualisée. En tant que personne asexuelle, c’est parfois difficile se retrouver. On a souvent l’impression d’être bizarre. Je trouvais ça intéressant de dire qu’on a tous le droit d’apprécier notre sexualité et la personne que l’on est.
Où en es-tu dans ton processus face à ton identité de genre?
Gabriel: C’est très récent dans ma vie de vouloir porter des robes publiquement et de montrer mon côté plus féminin que je sens très fort à l’intérieur de moi. Cela dit, j’utilise toujours le pronom « il » et je suis encore en cheminement. Quand je pense à l’idée de sortir en talons dans la rue, je réalise que je ne suis pas encore prêt à y aller à fond. C’est un long processus qui me plaît beaucoup.
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