Jeudi, 18 avril 2024
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    William-Nicolas Tanguay éblouit le Québec un mouvement à la fois

    Aux côtés de sa partenaire créative Laura Perron, William-Nicolas Tanguay a survolé la troisième saison de Révolution pour aboutir en grande finale de l’émission suivie par plus de 1,5 millions de personnes. C’est beaucoup de Québécois.e.s qui ont découvert le génie chorégraphique du tandem Willow, leur extrême authenticité et la façon pleinement assumée qu’a le danseur de jouer avec les codes de genre.


    Pour le numéro de la demi-finale, dans lequel vous deviez raconter une histoire personnelle, pourquoi avez-vous choisi d’évoquer la différence, l’exclusion et l’inclusion?
    William-Nicolas Tanguay : J’étais responsable d’élaborer le numéro de la demi-finale et ce sont des thèmes très chers à mes yeux. En fait, c’est un peu l’histoire de ma vie. J’ai grandi dans une région, le Lac-Saint-Jean, où l’homogénéité prime très férocement. J’ai compris très jeune que j’étais différent dans mon intellect, puisque je vis avec un haut potentiel, une personnalité complexe, une très grand lucidité et un forme de clairvoyance. J’analyse énormément, je fais preuve d’une grande introspection, j’aime regarder les gens et comprendre les dynamiques entre eux. Plus tard, j’ai aussi constaté des différences au niveau de la manifestation de mes désirs. J’ai vécu énormément d’ostracisme et j’ai beaucoup souffert de ça.


    Joues-tu avec les codes de genre au quotidien comme tu le fais parfois sur scène?
    William-Nicolas Tanguay : Sur scène, j’ai tendance à moins jouer avec ces codes-là que dans la vraie vie. Si ce vecteur n’apporte rien à ma pièce, je ne vais pas faire exprès pour l’inclure, car je ne veux pas que ça change la réception du propos. Au quotidien, j’ai une identité de genre très fluide. C’est naturel. Je ne me dis pas : « Qu’est-ce que je peux faire pour choquer les gens? ». Je fais ce que j’ai envie de faire. Je mets des talons hauts et des jupes à l’occasion. J’ai des cheveux, des traits physiques et des comportements à la fois masculins et féminins. Je n’ai aucune gêne à être moi-même.


    Pour en revenir à Révolution, qu’est-ce que ça signifie pour toi d’avoir atteint le top 2?
    William-Nicolas Tanguay : Il faut savoir que je n’ai jamais pensé danser dans la vie. J’ai décidé d’étudier là-dedans seulement en cinquième secondaire. Laura et moi avons choisi de nous inscrire à la première saison de Révolution sur un coup de tête, alors que je ne dansais plus depuis un an. Après cette expérience, nous avons commencé à travailler avec Les 7 doigts de la main et nous sommes devenus professionnels.

    Puis, la Covid est arrivée. Tout s’est arrêté. On a eu envie de refaire Révolution pour pousser nos idées plus loin, en restant connectés à notre authenticité, sans créer l’éblouissement qui ne veut rien dire. Donc, je ressens une très grande fierté d’avoir réalisé tout ça sans jamais essayer de répondre aux attentes.


    À tes yeux, quelle est la signature de Willow?
    William-Nicolas Tanguay : Disons que je me considère plus artiste que danseur et j’ai l’impression de faire de la danse narrative. Laura et moi, on est comme les Pierre Lapointe de la danse. C’est un artiste qui m’inspire énormément, qui ne va pas faire de grandes envolées vocales, mais plutôt se concentrer sur le texte. On reconnaît son timbre de voix, mais ce qui le caractérise plus, c’est son intellect, sa façon d’écrire, les messages qu’il traite et la manière de les traiter. Avec Willow, on se concentre davantage sur le sens et les symboles que sur la virtuosité de nos corps.


    Comment expliques-tu l’immense complicité qu’on sent entre Laura et toi?
    William-Nicolas Tanguay : Des fois, dans la vie, il y a des rencontres qui sont inexplicables. On a cette complicité absolument fantastique qui relève de la mythologie de l’âme sœur. On s’est connus il y a six ans, lorsque j’ai déménagé à Québec en cinquième secondaire. Elle est la première personne que j’ai rencontrée et c’était comme si on s’était toujours connus. À partir de ce moment-là, on a commencé à passer notre vie au complet ensemble.


    Quand as-tu fait tes débuts en danse?
    William-Nicolas Tanguay : Au secondaire, j’ai fait du cheerleading à Roberval durant cinq ans. J’étais l’un des rares gars qui voulaient danser et faire les portions de gymnastique. Puis, en quatrième secondaire, j’ai commencé des cours de gym et de danse. C’était très mal perçu par les gens. Certains parents allaient voir mon père pour lui dire qu’ils n’accepteraient jamais que leur gars fasse ça. D’autres me pointaient du doigt en disant : « Ça, tu ne veux pas devenir ça. »


    Comment tes parents composaient avec tout ça?
    William-Nicolas Tanguay : Ma mère est super bienveillante et mon père m’a toujours pris comme j’étais. Dans sa jeunesse, il a étudié à Ottawa et il a eu accès à l’instruction. Il est d’une grande intelligence. Son réflexe était de renforcer mes aptitudes. Mes parents m’ont toujours soutenu.

    INFOS |williamnicolastanguay.com & instagram.com/tanguawi

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