Vendredi, 29 mars 2024
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    Afrique : Où en sont les droits des personnes LGBTQI+  en 2022 ?

    En cette période où on souligne nos fiertés, il est intéressant de se demander où en sont les droits des personnes LGBTQI+ en Afrique aujourd’hui? Le mois juin étant le mois qui rappelle les émeutes de juin 1969 aux États-Unis, lorsque la police fit une descente dans un bar gai le Stonewall Inn à New-York. Les personnes homosexuelles, lesbiennes et trans, habitué.e.s de ce bar, se sont révoltées contre les autorités policières et décidèrent de ne plus raser les murs, de revendiquer leurs droits à la dignité humaine comme tous les citoyens.

    Si les pays (majoritairement du Nord), où les droits des personnes de minorités sexuelles sont acquis, considèrent ce mois comme celui de la célébration la fierté et des droits acquis, en Afrique on est encore très loin sur la route pour l’égalité des droits. 

    En Afrique aujourd’hui, on peut dire qu’une situation assez disparate subsiste selon les pays. D’une part, on peut dire que globalement l’homophobie et la transphobie sont légarement répandues dans les mentalités et soutenues par les gouvernements. Près de 28 pays criminalisent encore l’homosexualité et considèrent l’homosexualité, comme un acte contre-nature, on pourrait citer des pays comme le Cameroun, le Sénégal, l’Ouganda … Quatre pays vont plus loin en pratiquant de la peine de mort, c’est le cas au Nord du Nigéria, de la Somalie, du Soudan, et de la Mauritanie. Il faut noter que tous les pays de l’Afrique du Nord sans exception criminalisent l’homosexualité.

    D’autre part, heureusement, il y a des avancées. Déjà en Afrique Centrale, la plupart des pays ne criminalise pas l’homosexualité : le Congo, la RDC, l’Angola, qui a décriminalisé en 2019, et le Gabon également en 2020. En Afrique de l’Ouest plusieurs pays également ne criminalisent plus l’homosexualité. C’est le cas du Bénin, de la Côte d’ivoire, du Mali, du Niger, du Burkina-Faso entre autres et du Botswana, du Mozambique, du  Lesotho du côté de l’Afrique Australe.

    Sans oublier l’Afrique du sud qui a décriminalisé l’homosexualité de sa constitution en 1996 après l’arrivée au pouvoir de Nelson Mandela. Ce dernier estimait que cette loi était un héritage colonial du ‘’Common Law’’. Et en 2006, l’Afrique du Sud devenait le premier pays et le seul pays en Afrique à autoriser le mariage pour les personnes de mêmes sexes.

    Le combat est donc long et difficile. Heureusement quelques alliés, et pas des moindres, ont pris cette cause à bras le corps. Le premier d’entre eux a été évidemment l’Archevêque et Prix Nobel de la paix Desmond Tutu, qui en plus du combat contre l’apartheid, l’associa à tous ses autres combats contre la discrimination. Il avait d’ailleurs dit que «les lois anti-homosexuelles seraient regardées dans le futur, comme aussi fautives que l’apartheid». Il y a eu bien entendu Nelson Mandela, homme de droit qui avait compris qu’on ne pouvait lutter contre la discrimination raciale et en reproduire une autre, par la discrimination liée à l’orientation sexuelle ou à l’identité de genre. On pourrait citer également l’avocate camerounaise Maître Alice Nkom, qui vient de recevoir le Prix Allié.é Janette-Bertrand des mains de la Fondation Émergence en ce mois de Fierté à Montréal au Canada. Des écrivains Africains en parlent de plus en plus dans leurs livres et font comprendre que, contrairement à ce qu’on pourrait croire, l’homosexualité a toujours existé en Afrique comme partout ailleurs dans le monde.

    L’écrivain sénégalais M. Mbougar Saar y consacre tout un livre. Auteur De Purs hommes, il écrit «Il y a un paradoxe dans le fait de dire que nous sommes aussi dans l’humanité, dans l’histoire, et de vouloir s’en extraire sur la question de l’homosexualité. Il n’y a aucune raison pour que des mœurs qui concernent l’humanité n’aient pas cours au Sénégal. Ceux qui accusent les occidentaux d’avoir importé l’homosexualité se trompent». De même, des écrivaines africaines, réputées pour la justesse et la perspicacité de leurs écrits, comme Léonora MianoChimananda Ngozi Adichie, traitent aussi de l’homosexualité en Afrique. 

    Je vois une lueur d’espoir que je n’avais jamais vue auparavant. Je deviens depuis de plus en plus optimiste, et pense qu’avec le temps, les Africain.e.s comprendront qu’ils et elles se trompent de colère en cédant à la haine et à toutes ses violences contre leurs propres frères et sœurs.

    Je propose donc d’une part, la sensibilisation et la vulgarisation dans la société des notions de respect et de célébration de la différence de l’humanité de chaque être humain, qui pourrait s’inspirer des concepts de Ubuntu (Je suis, parce que nous sommes – de l’interdépendance) et du Kasala (qui est la célébration de notre identité, de notre unicité et celle de l’autre). D’autre part, l’autonomisation grâce à l’éducation, à la formation et finalement à l’acquisition d’un métier, le travail étant un facteur important d’intégration et ce, quel que soit notre métier comme dit le proverbe, Il n’y a pas de sots métiers, il n’y a que de sottes gens.

    Je terminerai en disant que pendant que dans les pays du Nord, on parle de droits humains et de fierté, en Afrique, on serre encore les dents, on lutte non seulement pour les droits humains, mais on lutte surtout pour le droit d’exister, pour le droit à la Vie. Pourtant les Africains, comme tous les autres peuples devraient savoir que la vie humaine est sacrée, comme le dicte cet extrait de La Charte du Maden du Mali de 1222 : «Une  vie est une vie. Une vie n’est pas plus ancienne ou plus respectable qu’une autre. De même qu’une vie n’est pas supérieure à une autre». 

    Et Martin Luther King de dire «Une loi ne pourra jamais obliger une personne à m’aimer, mais il est important qu’elle lui interdise de me lyncher».

    J’interpelle donc les autorités politiques africaines et les autorités de l’Union Africaine à inclure dans toutes leurs constitutions et à mettre en application la protection de tous et toutes, peu importe l’orientation sexuelle, l’identité de genre, l’origine ou la religion.

    — Fabrice Nguena

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