Depuis les années 90, chaque décennie est associée à une série d’animation jeunesse superhéroïque qui bouscule les codes du genre. Young Justice reprend fièrement ce flambeau en amenant au petit écran une représentation riche et diversifiée incluant des personnages LGBTQ+ et même… un trouple!
Les années 90 ont été marquées par Batman : The Animated Serie (Batman) et les années 2000 par Justice League et Justice League Unlimited (La Ligue des justiciers) : chaque série y marie intrigues et enjeux humains. Les années 2010 se distinguent par l’apparition d’une série, en apparence anodine, qui se révèle pourtant hors norme avec des intrigues si bien ficelées qu’il demeure bien souvent impossible d’en anticiper la conclusion : Young Justice (La ligue des justiciers : Nouvelle génération) dont la quatrième saison fut présentée en 2022.
L’action est centrée autour de Robin, Aqualad et Kid Flash qui, au cours de la première saison, décident de s’affranchir de leurs mentors adultes et s’associent à Miss Martian, Superboy et Artemis pour contrer un réseau de clonage qui cache de sombres desseins. Les jeux de coulisses s’y multiplient puisqu’une taupe se cache au sein du groupe et que chacun des membres dissimule un terrible secret. On parle ici d’un véritable tour de force scénaristique qui accroche autant les plus jeunes que les adultes.
Les autres saisons naviguent dans les mêmes eaux avec un accent toujours placé sur le développement des personnages. Par ailleurs, la série ne détourne pas son regard de la part d’ombre qui sommeille en chacun d’eux, qu’il s’agisse de problèmes identitaires, de la séduction destructrice des super pouvoirs ou de problèmes post-traumatiques. Par exemple, un arc narratif secondaire, étalé sur près de 15 épisodes, évoque avec un réalisme troublant la dépression d’un personnage suite au décès d’un proche. On est très loin de la structure habituelle des séries de SF où tout se règle au cours d’un même épisode.
La série se distingue également par un niveau d’inclusivité proprement abasourdissant dans l’animation jeunesse, que ce soit au regard de la diversité ethnoculturelle ou dans la représentation des genres et des orientations sexuelles. Dans la saison 3 (subdivisée en 3 et 4), Aqualad présente ainsi l’homme qui partage sa vie alors que la saison 4 (subdivisée en 5 et 6) intègre des questionnements en lien avec les religions (Islam et chrétien), différents couples bisexuels, gais et lesbiens ainsi qu’un personnage non binaire.
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Mais le fait d’armes de la saison 4, qui décrochera sans doute la mâchoire de plusieurs dans un contexte de série jeunesse, est l’inclusion d’une union polyamoureuse comptant deux hommes (dont un triton) et une femme. Bien que présent dans une intrigue secondaire, la série ne se contente pas d’effleurer le concept, mais le souligne au contraire en dépeignant les démonstrations d’affection entre les trois conjoints. Un geste qui la propulse à des années-lumière de la représentativité des séries jeunesse des 40 dernières années ou même des timides avancées de Marvel au cinéma ou à la télévision.
La rigueur et l’inventivité des scénarios et la complexité des personnages de ces séries sont telles que James Gunn, le nouveau maître d’œuvre de l’univers cinématographique étendu de DC, a mentionné qu’elles inspireraient les prochains films mis en chantier par Warner. Comme le réalisateur et scénariste a déjà présenté le personnage de Peacemaker comme bisexuel, dans l’excellente série éponyme, on ne peut donc attendre qu’avec grande curiosité les futures productions de Warner.
Pour le moment, on peut se délecter avec quatre saisons qui combinent action, aventure, humour et drame dans un impressionnant exercice de haute voltige scénaristique!
Young Justice est disponible, en anglais, sur Prime Video.
La ligne des justiciers : Nouvelle génération est disponible, en français, sur Télétoon.