Avec raison, les associations s’inquiètent qu’au Liban, un groupe d’hommes se faisant appeler « Les Soldats de Dieu » ait attaqué un bar du quartier Mar Mikhaël, qui présentait un spectacle de drags.
Des défenseurs des droits humains ont dénoncé une attaque par un groupuscule extrémiste chrétien d’un bar qui organisait un drag show au Liban, où s’intensifie une campagne anti-LGBT+.
Mercredi soir dernier, une quinzaine d’hommes se réclamant des “Soldats de Dieu” se sont rassemblés devant un bar du quartier de Mar Mikhaël, haut lieu de la vie nocturne à Beyrouth, ont indiqué des témoins qui ont requis l’anonymat pour des raisons de sécurité.
Ils ont attaqué plusieurs personnes et provoqué des dégâts matériels devant le bar, alors que les employés ont fermé les portes de l’établissement pour protéger les dizaines de clients qui s’y trouvaient, selon eux.
“Ils disaient « Nous sommes les soldats de Dieu…vous allez brûler en enfer »”, a dit un témoin.
Dans une vidéo circulant sur les réseaux sociaux, on peut entendre un homme crier à l’adresse des clients : “ce n’est que le début, nous vous avons averti cent fois“.
L’année dernière, les “Soldats de Dieu” ont diffusé une vidéo montrant des membres du groupe déchirant un panneau d’affichage sur lequel figuraient des fleurs aux couleurs arc-en-ciel à Beyrouth.
Le Liban est considéré plus tolérant que d’autres Etats arabes par rapport à l’homosexualité. Celle-ci reste toutefois sanctionnée par la loi et les institutions religieuses continuent d’exercer une influence majeure sur les affaires sociales et culturelles dans ce pays multiconfessionnel.
L’attaque du bar montre “comment le discours de haine peut facilement se traduire en violence organisée“, a affirmé George Wardini, membre de l’organisation Proud Lebanon, qui défend les droits des LGBT+.
La campagne “d’incitation et d’intimidation lancée par le Hezbollah a franchi les lignes politiques“, a-t-il dit en référence au puissant parti islamiste chiite.
En juillet, le chef du Hezbollah Hassan Nasrallah a affirmé que, selon la loi islamique, tout homosexuel “devrait être tué“.
Pour Rasha Younes, de Human Rights Watch, l’attaque “signale un tournant dangereux“. C’est “la concrétisation de la rhétorique anti-LGBT+“, a-t-elle dit à l’AFP.
Aya Majzoub, directrice régionale adjointe d’Amnesty International pour le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord, a dénoncé “une escalade alarmante dans les attaques contre les personnes LGBTI, faisant suite à des propos troublants tenus par des responsables politiques et des personnalités religieuses de haut rang“.
“Les autorités libanaises doivent immédiatement cesser de créer un environnement propice à la répétition d'(actes) de discrimination et de violence à l’encontre de la communauté LGBTI“, a-t-elle ajouté.
Le Liban a annulé à plusieurs reprises ces dernières années des activités de la communauté LGBT+, notamment sous la pression des autorités religieuses.
Neuf députés ont présenté un projet de loi le mois dernier au Parlement pour décriminaliser l’homosexualité, mais ont été la cible d’une campagne de critiques.