Dimanche, 16 mars 2025
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    Love Lies Bleeding ou la beauté des corps

    Le deuxième long-métrage de la réalisatrice britannique Rose Glass raconte sans faux semblant la romance passionnée entre Lou (Kristen Stewart), la gérante d’une salle de sport miteuse et Jackie (Katy O’Brian), une bodybuildeuse à la poursuite de son objectif. 

    Au beau milieu du nulle part d’une Amérique Reagannienne, Kristen Stewart alias Lou, gère une salle de sport bas de gamme, uniquement fréquentée par des hommes alpha.

    Cette fille d’une petite crapule de la région, Lou Sr. (Ed Harris), également propriétaire de l’établissement, est cernée par la violence. Celle que son père fait subir autour de lui ainsi que celle de son beau-frère (Dave Franco) qui bat lâchement sa sœur.

    Autant dire tout de suite que pour la gérante de ce gym, la vie est tout sauf rose. L’éclaircie dans ce ciel sombre intervient tout de même lorsqu’elle rencontre Jackie, personnage incarné par une Katy O’Brian massive et métamorphosée, en route pour passer un concours de culturisme à Las Vegas.

    Quand elle voit cette bodybuildeuse au corps sculpté — qu’elle enfermera dans l’addiction à toutes sortes de produits, stéroïdes et compagnie —, un soir, entre tous les appareils de musculation, son cœur s’emballe. Sa raison aussi, puisque toute la haine qu’elle retenait jusqu’ici au plus profond de son âme se brise instantanément. 


    Ensemble, les deux jeunes femmes vont tout faire pour trouver un bonheur qui les fuit et pourquoi pas une porte de sortie à leur condition. Mais, la violence de l’endroit auquel elles appartiennent ne va pas en décider ainsi. Le point de non-retour est franchi avec Beth (Jena Malone), suite à une énième manifestation de violences conjugales subies. De là, les parts d’ombre des protagonistes s’invitent sur le devant de la scène et ni Lou ni Jackie ne sont épargnées.

    Sauvages, les deux héroïnes se font happer par leur passé et les effusions de sang viennent tacher cet amour quasi pur. Un pied dans la brutalité parfois comique, surtout libératrice, l’autre dans le genre de l’horror-story cher à David Cronenberg, Love Lies Bleeding s’inscrit également dans la lignée des duos surprenants et maudits — Bonnie et Clyde ou Thelma et Louise —, en somme, la tradition du couple en fuite. Cette fuite vers l’avant pour laisser sur le carreau la famille de Lou et rejoindre Las Vegas ne se fera pas sans heurt ni tracas ni sans son lot de cadavres en piteux état.

    REVIEW: Love Lies Bleeding – [art]seen

    Bien que le gore (le gout de l’hémoglobine à l’écran — joue un rôle essentiel dans ce film, il est parfois dépassé par la beauté. Celle du corps de Jackie lorsque Lou la dévore des yeux. À travers son regard, Rose Glass exprime un désir brûlant pour cette musculature imposante, érotisée au possible.

    En faisant cela, la réalisatrice s’écarte dès lors du prisme de la puissance physique, généralement associée à ce type de gabarit. Dans le sillage de cette idée, la cinéaste montre que malgré des traits physiques traditionnellement rapportés au genre masculin, une femme peut-être forte certes tout en étant surtout séduisante. Qu’elle peut aussi se faire du bien, comme certaines scènes le soufflent.

    Très réalistes, sans cet artifice de rigueur dans bien d’autres longs-métrages, ces séquences dévoilent les rudiments du plaisir féminin. Tout particulièrement quand le personnage de Kristen Stewart, ouvertement lesbienne dans ce film, somme Jackie à partager avec elle ses habitudes de masturbation.

    Notons que Love Lies Bleeding a été réalisé par une équipe majoritairement queer, fait rare pour un film hollywoodien.

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