C’est en 2021 que la série Wanda Vision frappe de plein fouet le petit écran et génère les théories les plus folles. Depuis lors, une suite était attendue avec impatience puisque certaines questions demeuraient en suspens. La série “Agatha All Along” (Agatha à chaque fois) apporte plusieurs réponses, tout en exhumant des limbes (ou des Enfers ?) un personnage iconique !
L’action s’amorce alors que le cadavre d’une jeune femme est découvert. L’enquêtrice (Kathryn Hahn) flaire que quelque chose cloche, et pas seulement avec le meurtre, mais sans pouvoir en déterminer la nature. Il s’agit de l’intervention d’un mystérieux adolescent (fantastique Joe Locke de la série Heartstopper) qui ramène à la vie sa mémoire défaillante. Elle est une sorcière, Agatha Harkness, à qui on a volé ses pouvoirs et trois ans de son existence : l’univers dans lequel elle évoluait jusqu’alors n’était que fiction.
Pour retrouver sa puissance et échapper à une horde sanguinaire, elle doit constituer un sabbat de sorcières et emprunter une route maléfique, semée d’épreuves, où les survivantes verront leurs souhaits exaucés. Elle réunit donc plusieurs sorcières déchues, formées par la crème des actrices (Debra Jo Rupp, Aubrey Plaza, Sasheer Zamata, Ali Ahn et Patti LuPone), ainsi que l’adolescent afin de pénétrer dans une dimension tissée à même les clichés des séries et des films associés à la magie noire ou aux femmes en position de pouvoir. On y retrouve notamment des références au giallo (un genre italien qui combine le policier, l’horreur et l’érotisme), au Magicien d’Oz et même à l’univers aseptisé de la série Real Housewives.
La série résiste à la tentation de faire d’Agatha une « bonne sorcière » et maintient au contraire sa part d’ombre, tout en semant de nombreuses questions sur son passé. A-t-elle bien tué de sang-froid pour gagner ses pouvoirs ? Est-il vrai qu’elle a sacrifié son fils, Nicholas Scratch, pour mettre la main sur un livre de sortilèges ? Par ailleurs, qui se cache derrière l’ado ? Un sortilège empêche quiconque de découvrir sa véritable identité : qui a lancé un tel sort et que cherche-t-on à cacher ?
Bien que la série ouvre plusieurs pistes, notamment une voulant que l’ado serait la réincarnation de Nicholas Scratch, tout semble indiquer qu’il s’agisse de Billy Maximov, le fils de Wanda et de Vision, qui a sombré dans le néant à la toute fin de Wanda Vision. Au-delà de son apparence, calquée sur celle de la BD, plusieurs autres indices nous orientent dans cette direction : il est gai, la série mentionne le démon Méphisto (auquel il est normalement associé) et, lorsqu’il réalise ses premières incantations, il répète les formules à trois reprises.
Son arrivée sonne ainsi la venue de l’un des sorciers les plus puissants de l’univers Marvel, Wiccan, et annonce également la formation de l’équipe des Young Avengers, ainsi que l’avènement d’un personnage d’une importance cosmique, Teddy Altman, dit Hulkling, son futur petit ami. Considérant la frilosité habituelle de l’univers cinématique Marvel au regard de l’homosexualité, on ne peut qu’accueillir avec enthousiasme, mais également avec prudence, cette entrée fracassante.
Une série qui ménage de nombreuses surprises et n’hésite pas à flirter avec l’horreur, tout en versant
allègrement dans l’humour noir. Au fil des épisodes, le voile du mystère s’éclaircit et s’obscurcit d’un même souffle, alors même que vérités et mensonges s’entrelacent.
Décision étrange de Disney au regard du doublage français
Depuis la série Écho, Disney semble avoir cessé de produire un doublage québécois pour plusieurs de ses séries. Le doublage réalisé en France est généralement de bonne qualité, mais rend rarement compte de la réalité nord-américaine. À titre d’exemple, dans la série Écho des membres des Premières Nations utilisent le terme « amérindien » pour se désigner, alors que plus personne au Québec ou en Amérique n’emploie cette expression.
Bien qu’on ne retrouve pas de tels faux pas dans le doublage de la présente série, on ne peut que regretter que Disney maintienne cette décision puisque, bien que le produit final soit correct, il n’est pas aussi inspiré que celui de Wanda Vision qui avait été réalisé au Québec. À noter cependant l’excellente traduction de la chanson « La ballade de la Route des sorcières », qui sert de porte d’entrée vers la dimension maléfique.
Les neuf épisodes de Agatha All Along (Agatha à chaque fois) sont disponibles, en anglais et en français, sur Disney+.
https://www.youtube.com/watch?v=R9pXbNz6Vbw
Agatha à chaque fois (Bande-annonce française)