Lorsque nous prenons connaissance des résultats de l’étude récente du GRIS-Montréal 1, un sentiment d’inquiétude nous envahit. Les données sont alarmantes: en 2024, 33,8% des jeunes se disent inconfortables face à une amie lesbienne, comparativement à 15,2% en 2017.
Pour un ami gai, ce pourcentage grimpe à 40,4% en 2024, contre 24,7% en 2017. Ce recul marque une régression inquiétante des attitudes envers la diversité sexuelle. Et pourtant, malgré ces chiffres glaçants, nous choisissons de ne pas céder au désespoir.
Nous voulons transformer cette inquiétude en action, portés par l’appel du GRIS-Montréal et de la Fédération des comités de parents du Québec (FCPQ). Ensemble, ils exhortent les parents, les enseignants, et tous ceux qui gravitent autour de nos jeunes à agir. Nous réitérons cet appel, mais nous le destinons aussi aux décideurs et aux leaders: il est impératif de renforcer les ressources nécessaires pour combattre l’intolérance et protéger les droits de la personne.
Trump
Les paroles de haine et de discrimination s’insinuent dans notre quotidien, banalisées dans les discours politiques et sociaux. Lors de son discours inaugural le 20 janvier, Donald Trump a déclaré que pour le gouvernement américain, seuls deux genres existeront dorénavant: homme et femme. Ce message d’exclusion, loin d’être anodin, résonne jusqu’à nous, alimentant un climat d’hostilité envers les personnes trans, non-binaires et intersexes.
Et les échos de cette intolérance se font entendre ici même, au Québec, dans les mots choquants de certains jeunes dans les écoles secondaires. Dans ses interventions dans les écoles, Ensemble est témoin de propos racistes, sexistes, homophobes et anti-droits de la personne qui sont véhiculés sans gêne. Ces paroles ne sont pas de simples provocations. Elles incarnent une violence insidieuse qui détruit le tissu social et gangrène le vivre-ensemble. Elles rappellent avec brutalité l’urgence d’agir.
Malgré ce contexte sombre, nous entrevoyons une source d’espoir: le travail infatigable des organismes communautaires, un filet social essentiel. Ces organisations, appuyées par des milliers d’enseignants et d’éducateurs, font preuve d’une détermination sans faille pour contrer l’intolérance et promouvoir les droits de la personne. Toutefois, ces efforts ne suffisent pas. Nos écoles, déjà débordées, ne peuvent y arriver seules. Le soutien des communautés et des décideurs est indispensable.
Mobilisation
Nous appelons toutes les forces vives à se mobiliser. Que vous soyez parent, enseignant, leader communautaire ou décideur, votre rôle est crucial. Face à une réalité où un jeune sur trois subit de la discrimination, il est temps de dire «ça suffit».
Nos droits humains et notre dignité ne sont pas négociables. Nous avons le devoir de créer un espace où chacun peut grandir dans le respect et la dignité. Il ne s’agit pas seulement d’une question de justice sociale: c’est une question d’humanité. Rappelons-nous cette simple leçon apprise dans l’enfance: «Ne fais pas aux autres ce que tu ne voudrais pas qu’on te fasse.»
Ensemble, ravivons l’espoir. L’espoir est un investissement pour l’avenir. C’est maintenant qu’il faut miser dessus. Unissons nos forces pour faire du vivre-ensemble une priorité partagée et enseignée. Ce combat ne se limite pas à la défense des communautés LGBTQ+: il touche tout le monde. C’est un appel à la mobilisation, pour nos jeunes, mais aussi pour nous tous.
Jean-Sébastien Vallée, Directeur de l’éducation et des communications Equitas, centre international d’éducation aux droits humains
et Rafaël Provost, Directeur général ENSEMBLE pour le respect de la diversité

