Mardi, 22 avril 2025
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    Le supplice d’une queue

    Tiré à une centaine d’exemplaires en 1931 puis réédité brièvement à faible tirage en 1990, Le supplice d’une queue en ravira sans nul doute plus d’un.

    Il est, en effet, on ne peut plus rare que sensualité et lyrisme soient si bien enlacés. Le propos est relativement simple, presque banal même, en regard de la production littéraire gaie contemporaine : un homme, Albert, en rencontre un second, Armand, avec lequel il consommera une brève relation sexuelle.

    Par la suite, les deux hommes se reverront, et Armand partagera avec son complice le drame qui l’habite. En effet, celui-ci est doté d’une queue à ce point gigantesque qu’il lui est difficile d’avoir une relation sexuelle avec qui que ce soit. Il est impossible de la prendre en bouche et on image évidemment les défis inhérents aux autres options.

    Cette tragédie agite à ce point Armand qu’il désire enfin de confier le poids de son terrible fardeau. On pourrait s’attendre à une lassante litanie de (non-) prouesses sexuelles, mais le texte transcende l’anecdote.

    Rarement est-il en effet donné de lire un texte empreint d’une telle qualité. La description d’une simple fellation prend à la gorge par la beauté de la prose et en laissera plusieurs pantois :

    “… plus bas encore, regravissant aussitôt le long de la verge gonflée à éclater, et qui faisait un doux mouvement de roulis, s’attacha définitivement sur un point presque imperceptible, mais d’où il semblait à Albert que tout son corps irradiait jusqu’aux limites du monde, s’y fixa, insista, pénétra toujours plus avant, et tout à coup lancinante et fondante, et se rétrécissant dans un tourbillon de plus en plus étroit qui n’en finissait pas de s’enrouler, entra jusqu’au plus secret de tous les os d’Albert gémissant et suppliant…”

    Un ouvrage incontournable qui, au départ, faisait partie d’un triptyque auquel devaient s’ajouter La couronne de pines et Le fils de Loth dont seul le dernier fur retrouvé et publié.

    À déguster!

    Le supplice d’une queue / François-Paul Alibert. Paris : La Musardine, 2002. 125p.

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