Jeudi, 25 avril 2024
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    Campagne contre la syphilis

    Deux beaux pompiers en camisole passaient de table en table lors d’un 5 @ 9 au Sky Pub, le vendredi 5 novembre dernier. Paul et Gérard invitaient les clients à donner un peu de leur temps et de leur personne à un test gratuit de dépistage de la syphilis. Une trentaine de personnes en ont profité. Trente, c’est bien! Mais la communauté peut faire mieux… 

    «Les gens sont cool et nous reçoivent bien. C’est vrai que le costume est à notre avantage», expliquent Paul et Gérard, nos deux « pompiers » Séro-Zéro, costumés ainsi pour souligner le caractère urgent de l’opération. «Certains ont voulu attendre un peu avant de monter à l’étage pour faire la prise de sang; d’autres ont préfèré aller à une des adresses indiquées sur la carte d’affaires qu’on leur a remise.»


    Avec d’autres actions du même genre au Sky, au Parking, au Stud et à l’Aigle Noir, cette opération conjointe de Séro-Zéro, du CLSC des Faubourgs et de la Direction de Santé Publique (DSP) de Montréal avait pour objectif, en proposant un dépistage gratuit (cinq minutes pour une prise de sang), de sensibiliser les gais au retour de la syphilis au sein de la communauté depuis quelques mois. «Or, plusieurs gais en sont porteurs et peuvent transmettre l’infection pendant un an, voire deux ans, et ne le savent pas», précise le Dr Lambert de la DSP.


    On parle déjà d’épidémie, car les chiffres restent alarmants: en 1998, on ne comptait que trois cas de syphilis dans tout le Québec. Depuis, on en compte 375 dont 70% à Montréal. De plus, cette recrudescence est particulièrement visible chez les gais de 35 à 55 ans, une génération qui a pourtant connu le sida avant les trithérapies et qui devrait, croit-on, être plus vigilante.

    Clientèle ciblée Cette campagne est volontairement dirigée vers les hommes ayant des relations sexuelles avec des hommes autant pour des raisons statistiques que sociales. «Nous avons limité une information forte dans les médias et lieux gais pour ne pas alarmer la population non gaie et ne pas stigmatiser encore une fois la communauté LGBT», explique Élisabeth Lacombe, intervenante de la DSP présente au Sky ce soir-là. «De plus, les services de santé ne pourraient répondre à une demande explosive de dépistage, inutile dans une population statistiquement nulle en termes de syphilis.»

    Rappel des faits La syphilis se transmet lors de relations sexuelles, par voie orale ou anale. Les premiers signes passent presque inaperçus: des lésions sans douleurs à l’endroit où la bactérie a pénétré le corps et des rougeurs sur la paume des mains et la plante des pieds. Au second stade, on ressent des symptômes proches de la grippe. Tout cela paraît bénin. Mais la syphilis peut causer de graves dommages à plusieurs organes importants (cœur, cerveau, os, foie, peau) et ce, des années plus tard, si elle n’est pas traitée. Un traitement tardif enrayera la bactérie, mais les dégâts causés seront quant à eux irréversibles. On arrête la démolition, mais on ne peut plus reconstruire!

    Rappel des soins Raison de plus pour commencer tôt, notamment par un dépistage. Contrairement au VIH, la syphilis se soigne par un traitement antibiotique de pénicilline, d’autant plus léger s’il est administré dès les premiers stades. «Dans le cadre de cette campagne, nous visons plus spécifiquement les personnes atteintes du VIH car la syphilis, plus difficile à traiter, évolue rapidement. Les gais séropositifs représentent près de 45% des cas de syphilis», précise le Dr Lambert. Si la croissance de l’infection est moins grande en 2004, le Dr Lambert espère voir les chiffres de la syphilis plafonner, voire même diminuer en 2005.

    Infos sur www.syphilis.qc.ca ou encore 1-866-675-PHIL

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