Jeudi, 30 novembre 2023
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    Histoires extra-ordinaires

    Avec les jours qui allongent et les belles journées ensoleillées qu’on a eues récemment, j’aurais juste envie de vous dire que la Lamotte a vu son ombre et que le printemps arrivera vraiment le 20 mars comme il est écrit sur nos calendriers. Mais j’aurais trop peur d’être prophète de malheur car je sais très bien que tant qu’on ne se sera pas bourré la face de chocolat à Pâques, il est encore beaucoup trop tôt pour aller danser le sirtaki dans un champs de pissenlits. À la place, je vais vous raconter trois petites histoires tout à fait inoffensives et presque banales mais inspirées de faits réels. À lire de préférence à jeûn ou en famille.

    Une Saucisse avertie en vaut deux
    Bonjour mademoiselle, j’aimerais savoir c’est quoi ça, les saucisses selon l’humeur du boucher? 

    – Aujourd’hui ce sont des saucisses aux tomates séchées et basilic. Hum, ça l’air bon, j’aimerais en avoir une comme ça pis une fumée à l’Emmenthal, svp. 

    – Non c’est pas possible de mélanger les saucisses. Il faut que vous en preniez deux de la même sorte. Comment ça, j’fais ça à chaque fois que je viens ici ? 
    – Là c’est pas possible parce que la semaine passée il y avait deux sortes de saucisses dans l’assiette du boucher, mais cette semaine il y en a juste une sorte. 
    Attendez, j’comprends pas là? C’est tu parce qu’il ne vous reste plus de saucisses à l’Emmenthal ? 

    – Non, non, c’est pas ça, c’est juste que depuis qu’on enregistre tout dans l’ordinateur, on peut plus mélanger les items sur le menu comme avant. Je m’excuse mais je peux vraiment rien faire. 
    Bon ben ok d’abord, emmenez-moi en deux à l’Emmenthal pis mettez-moi plus de frites pour que je partage avec ma copine, vous me chargerez un extra ça me dérange pas. 

    -Euh, c’est parce qu’on peut pas remplacer la petite frite par une grosse frite, il faudrait que votre amie prenne une petite frite elle aussi. Attendez-là, vous me direz pas que vous avez deux sortes de patates différentes? 

    – Non, non, c’est parce que ça rentre pas dans l’ordinateur. Quoi? Vous faites vos frites à l’ordinateur? 
    -Ben non, c’est parce qu’il y pas de bouton de programmé pour les frites en extra. 
    Ah bon. Pouvez-vous me charger pour deux saucisses à part et une grosse frite d’abord? 

    -Euh, c’est parce que… Attendez, laissez-moi deviner, y’a pas de bouton juste pour les saucisses dans votre ordinateur, ça vient avec des frites qu’on le veuille ou non. C’est bien ça? 

    – Bien, euh, oui, genre que c’est ça. Ouen ben savez-vous quoi, j’pense que j’vas prendre un végé burger, un hot dof au tofu pis une grosse bière pour digérer tout ça. 

    À chaque patio suffit sa chaise
    Bonjour j’appelle pour commander l’ensemble patio de style bistro à la page 54 de votre catalogue. 

    – Oui bien sûr madame. Désirez-vous l’avoir en blanc ou en vert? 
    En vert si possible, et j’aimerais ça rajouter deux autres chaises svp? 

    – Je vais voir si ça se fait, un 
    instant madame, je vais vérifier avec mon superviseur. (maudit que j’haïs ça quand on m’appelle madame, chu pas si vieille que ça viarge) Madame? 
    Oui, oui, chu là 

    – J’ai vérifié dans l’ordinateur et il semble que ça soit pas possible de rajouter des chaises. 
    Comment ça? Vous en vendez pas à part? 
    – J’suis vraiment désolé madame, l’item 76-1534-2 n’est pas vendu séparément. 
    C’est fin ça, sur quoi j’vas asseoir mes invités? 
    – Vous pouvez toujours prendre des chaises vertes en résine de synthèse pour compléter votre set. 
    Ben oui, ça va être chic encore, les chaises vont être deux fois plus grosses que la table. Vous êtes certain que je peux pas avoir deux chaises à part, ça doit pas être ben ben compliqué, mautadine! 

    – J’aimerais ça pouvoir vous aider madame, mais on peut pas séparer les sets de patio, ils sont déjà tous montés d’avance. 
    Ben oui mais vous me direz pas que les chaises sont collées après la table. Vous pouvez pas en commander deux de plus à l’entrepôt? 

    – Je suis vraiment désolé madame, mais même si je pouvais en commander deux autres, je saurais pas comment les rentrer dans l’ordinateur. Si c’est pas listé, on peut pas vous les vendre. 

    Ah pis savez vous quoi, laissez-donc faire, j’vas asseoir mes invités sur des caisses de lait, ça va être moins compliqué! 

    La morale de ces deux histoires : Y’a rien comme l’ordinateur pour laisser libre cours à sa fantaisie. Après ça, on se demande pourquoi les gens pensent et agissent comme des robots. 

    Un trombone de perdu, dix jardinières de retrouvées
    Je ne sais pas si vous avez déjà entendu parler de ce jeune homme de Montréal qui a décidé un beau matin de partir à la recherche d’une maison avec pour monnaie d’échange un simple trombone en plastique rouge. Une histoire qui a tout d’une légende urbaine mais qui est aussi réelle que la maison en Arizona que le jeune homme en question s’est fait offrir en échange d’un contrat de disque. Il a d’ailleurs sorti un livre l’année dernière pour raconter son histoire. ( Un trombone rouge par Kyle MacDonald ). C’est en s’inspirant d’un jeu auquel il jouait quand il était enfant qui consiste à échanger un objet contre un autre de plus grande valeur que son trombone s’est d’abord transformé en stylo à tête de poisson, pour aussitôt être échangé contre une poignée de porte, puis vinrent ensuite dans l’ordre, un poêle de camping, une génératrice, une motoneige, un voyage en camionnette en Colombie Britannique, pour finir par un contrat de disque, qu’il a finalement troqué pour un an de loyer gratuit à Phoenix en Arizona. Et on dit que c’est par centaines que les offres affluèrent de tous les continents. Ça allait de la plus extravagante à la plus insolite comme ce riche britannique qui lui proposa de rester tout l’été dans sa luxueuse villa hollywoodienne et de rouler à sa guise dans sa Porsche décapotable ou encore cette danseuse nue japonaise qui lui offrit une danse intime pendant 24 heures d’une valeur de 17 000$. Flyé vous dites ? J’échangerais bien une épingle à couche contre une danse contact de 24 heures avec Hugh Jackman. 

    Imaginez si toute la planète commençait à s’échanger les trésors qui dorment dans le fond de nos tiroirs. Riches ou pauvres, tout le monde aurait accès au plus grand bazar virtuel de tous les temps. Ce serait comme des millions de petites ventes de garage en même temps aux quatre coins de la planète. En plus ce serait beaucoup plus écologique de s’échanger nos bébelles entre adultes consentants et par la même occasion faire des rencontres intéressantes (wow, toi aussi tu trippes sur les livres d’Archie et les jardinières en macramé ! Es-tu célibataire?) plutôt que d’attendre qu’un organisme de charité vienne les ramasser pour finir par perdre patience et carrément les foutre à la ruelle. Ce que j’aime bien dans cette histoire de trombone rouge qui voulait devenir une maison c’est qu’on réinvente le recyclage et qu’on évite ainsi le gaspillage d’objets encore fonctionnels qu’on a trop souvent tendance à remplacer par la nouveauté de l’heure par seul souci de mo-dernisme. 

    En attendant qu’on change nos habitudes de surconsommation, pour ceux que ça inté-resse, j’ai la collection complète des fiches recettes de Maman et Marie-Josée Taillefer que j’échangerais volontiers contre un chalet dans les Cantons de l’Est.

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