Un roman où deux univers s’entrecroisent : la fiction et la réalité (mais l’est-ce vraiment?). L’action est articulée autour du personnage de Théo qui est celui que l’on a aimé, délaissé ou simplement croisé au hasard des rues ou d’un regard échangé dans un bar.
Le lecteur fait connaissance avec chacun des personnages le temps d’un ou de plusieurs chapitres : quels sont ses désirs, ses craintes, son passé, son présent ainsi que son futur? Le thème dominant est celui des relations interpersonnelles, de la naissance de celle-ci jusqu’à sa conclusion.
L’effervescence de la rencontre, l’étiolement craint et anticipé de la passion, la rupture, le retour du processus lassant de la drague, l’appréhension de devenir vieux garçon. Le tout peut sembler déprimant, mais est évoqué avec sensibilité, délicatesse et intelligence.
Par ailleurs, chaque chapitre est entrecoupé de feuillets intercalaires où l’auteur lui-même, en parallèle du personnage de Théo qui effectue le même cheminement, réfléchit sur la nature même du processus d’écriture.
Le temps de cette brève pause, l’auteur prend même un certain recul, métaphoriquement parlant, sur ce qu’il a écrit. Éventuellement, il traverse même le quatrième mur et décide d’introduire, rétroactivement, un personnage au récit.
Une écriture maîtrisée, toute en nuances, qui aborde deux sujets complexes avec une grande simplicité. L’auteur, Serge Fisette, ne sombre pas dans la masturbation intellectuelle. Au contraire, il évoque sobrement, à l’aide de multiples événements et de petits et grands drames, des préoccupations qui dépassent bien souvent notre quotidienneté.
L’ouvrage est accompagné de trois magnifiques photographies de Louise Viger.
Un pur plaisir!
Sur le papier devenu miroir / Serge Fisette. Montréal : Les Heures bleues, 2012. 105p. (Le dire)