« Y’a de l’amour dans l’aiiiiiiiiir ». On commence à le sentir tranquillement pas vite, du moins les rues pleines de détritus et l’odeur de porcherie qui plane sur la ville sont là pour nous le rappeler, il n’est vraiment pas loin, il est sur le pas de la porte, « ze prin-temps is in ze house ». Évidemment, comme j’écris deux semaines avant la sortie du ma-gazine, au moment où vous lirez ces lignes il sera en train de nous tomber un pied de neige sur la tête et je passerai encore pour une belle dinde qui raconte n’importe quoi.
Mais ne soyons pas prophètes de malheur et faisons comme si l’hiver le plus plate des dix dernières années était déjà loin derrière nous. Qui dit printemps dit saison des amours. Pis avez-vous trouvé oiseau à votre nid ou écureuil à vos noisettes? Moi, je n’ai jamais vraiment besoin d’attendre l’appel de la nature pour aller tremper ma moule dans les eaux tourbillonnantes de chez matante Sonia ou pour aller jouer du pipeau derrière les branches dégarnies d’un bouleau du Mont-Royal. Parce que laissez-moi vous dire que ça fait un méchant boutte que la Lamotte a vu son ombre. Mais printemps des amours ou pas, en ce moment j’ai bien d’autres préoccupations que d’aller me faire renifler la rosette par un doberman en rut dans les rues du Village.
D’abord, je ne vous embêterai pas avec ça, même si ce n’est pas l’envie qui manque, mais je suis en pleine préparation de mon prochain voyage. Bon elle s’en va où encore la chienne? En Corse mes amours. Mais comme ce n’est pas avant la fin mai, on s’en reparlera dans deux mois.
Ensuite, le mois de mai rime chaque année avec anniversaire du Cabaret Mado. Onze ans et je suis toujours aussi comblée de bonheur et heureuse de me donner en spectacle soir après soir. Et si vous me faites l’honneur de continuer à fréquenter mon cabaret encore longtemps, on devrait être bons pour célébrer le 25e ensemble. Et le plus merveilleux, c’est que j’aurai toujours 29 ans!
Mais le printemps n’est pas seulement annonciateur de bonnes nouvelles. Ça fait un bon six mois que je me retiens de vous en parler parce que je me doute que, comme moi, vous êtes écoeurés d’en entendre parler, mais là si on continue de nous tourner le fer dans la plaie avec la foutue commission Charbonneau, je ne réponds plus de mes actes la prochaine fois que je croise un poseur d’asphalte! Ça va faire le niaisage! C’est rendu aussi ridicule qu’un spectacle de téléréalité, les blondes siliconées et les douchebags en moins. Si seulement à la fin de leur interrogatoire on les enduisait de plumes et de goudron, ça vaudrait la peine d’endurer leurs aveux de fraude. Et voulez-vous ben me dire qu’est-ce qu’on attend pour commencer à porter des accusations? Y va-tu falloir qu’une caméra de J.E. pogne monsieur TPS et monsieur 3% les culottes baissées dans un gang bang avec nos ex-maires de Montréal et de Laval?
Bout d’viarge! On s’est fait crosser d’aplomb par nos élus et leurs mafieux et on reste le nez collé sur la télé, la bouche ouverte et les doigts tachés de crottes de fromage à suivre ce mauvais feuilleton-télé qu’on croirait tout droit sorti de l’imaginaire d’un scripteur de Dallas! Quand je pense à tous nos millions dilapidés en voyages, en escortes et en pots-de-vin de toutes sortes, j’aurais envie d’aller cracher des grenouilles et pisser de la bave de sauterelle sur la tête de ces malotrus! Même si on prévoit des poursuites en l’an 2086 alors que je serai morte et ressuscitée deux fois, comme d’habitude, ce seront seulement quelques boucs émissaires qui payeront pour le crime impuni des autres. Et je peux vous assurer que ce n’est pas demain la veille que nos élus arrêteront de piger dans les coffres de l’État pour distribuer stylos Mont Blanc, montres Birks et billets de spectacles à leurs précieux amis avec l’argent gagné à la sueur de notre front. Pendant ce temps là on continue de nous rire en pleine face en nous disant qu’il y aura dorénavant plus de vigilance concernant l’argent qu’on dépense pour le bien de notre société. Euh, allo, on vous croit pus pantoute. C’est exactement ce qu’on nous a dit au lendemain du scandale des commandites et après les millions de dollars perdus en études pour trouver l’emplacement du nouveau CHUM qu’on a fini par bâtir à côté de l’autre! Prenez-nous donc pour des caves! Mais où sont donc les entartistes quand on en a besoin?
En tout cas, moi si j’avais des millions à voler vous pouvez être certains qu’y’a pas une crisse de cenne qui se ramasserait dans les poches d’un élu, d’un sociétaire, d’un contacteur ou d’un expert en études bidons.
Moi si j’avais des millions j’en donnerais une bonne partie aux organismes d’aide humanitaire pour loger et nourrir les itinérants, pour m’occuper des victimes de violence conjugale, des enfants mal nourris, des personnes en perte d’autonomie, des junkies et de tous les laissés pour copte de notre société. J’investirais dans la culture et je diviserais le reste en parts égales pour améliorer les services à la population. Moi si j’avais des millions, je planterais des arbres au lieu des armoires publicitaires qui défigurent nos trottoirs, je ferais des parcs à la place des stationnements, j’allongerais la piste cyclable au plus crisse et je triplerais le nombre de supports à vélo, je ferais des voies réservées au covoiturage au lieu de construire un nouveau pont, je rendrais piétonnière la plupart des grandes artères le week-end et surtout, je réparerais les champs de mines qui nous servent de rues.
Et avec les quelques dollars restants, j’offrirais une passe de transports en commun à tous les politiciens. T’es représentant du peuple? Ben voyage comme le peuple s’ti!
Moi si j’avais des millions à investir dans une communauté ce serait sûrement pas pour que ça profite à une gang de cravatés à casquette du Canadien qui se gavent de chocolat Le Nôtre et sablent le champagne Laurent Perrier en jouant au golf avec mon argent. Bâtard! Ça fait assez longtemps qu’on patauge dans la bouse de vache, là y faut qu’on passe la hose pis vite!
Et comme un malheur ne vient pas seul, quand on ne nous fait pas suer avec la crosse-mission Charbonneau, on nous bombarde de nouvelles insignifiantes sur les agissements du nouveau Pape Francois 1er ! Désolé amis catholiques, mais je comprends difficilement qu’une société comme la nôtre qui prône fièrement le respect des individus et le droit à la différence s’intéresse à un homme qui véhicule des idées ultraconservatrices et rétrogrades qui sont loin de favoriser l’évolution des mentalités. Mais ce qui me fait vraiment grimper dans les rideaux de la chapelle Sixtine c’est la couverture médiatique dont ce vieux rabougri jouit en ce moment. Le Pape sourit à la foule, le Pape prend des enfants dans ses bras, le Pape liche les pieds des prisonniers. Who cares? Est-il vraiment d’intérêt planétaire de savoir qu’il a célébré la messe en français, béni des malades en espagnol et roté en portugais? Il me semble qu’il y a des choses beaucoup plus intéressantes dans ce monde que de suivre l’agenda quotidien d’un homme qui baragouine la même rengaine que ses prédécesseurs. Faites le bien par-ci, vivez pieusement par-là, aidez votre prochain, soyez chastes. Même si on le dit plus humble et plus près du peuple, il refuse toujours de reconnaitre l’homosexualité, de permettre aux femmes d’avorter, d’accepter les femmes au sein de l’Église ou d’admettre que le port du condom est le meilleur moyen pour se protéger du sida. Si j’ai bien compris le message que le Pape envoie aux fidèles de sa religion c’est : tous les hommes sont égaux aux yeux de Dieu ( y compris les milliers de prêtres pédophiles ) sauf les homos, les femmes et les impurs qui osent baiser sans procréer. Pas très moderne le vieux crouton!
Pas mêlant, ma mère de 87 ans qui a toujours été une bonne catholique pratiquante a une ouverture d’esprit beaucoup plus grande que celui qui se déclare représentant de Dieu sur terre. Alors un nouveau Pape, moi ça ne me fait pas un pli de plus sur les ovaires. Et je vous assure qu’on me payerait cher pour que je monte les marches de l’Oratoire à genoux pour célébrer sa gloire. Désolé mon cher François, tu as peut-être mené une vie exemplaire, tu diras peut-être des choses extraordinaires et, au fil des ans, tu moderniseras peut-être ton discours, mais souhaitons que les médias soient aussi humbles que tu te déclares et qu’ils nous foutront la sainte paix, papale ! Et tant pis si on me refuse l’entrée au paradis pour outrage à la papauté, de toute façon, j’espère bien aller direct en enfer où il risque de faire beaucoup plus chaud et d’avoir un bien meilleur party! Alléluia!
Mado en cire : Le célèbre Musée Grévin vient d’ouvrir une succursale à Montréal au dernier étage du Centre Eaton. Si vous ne le saviez pas encore, on m’a immortalisée dans la cire de crayons Crayola. La prochaine étape, un clone de Mado qui prend ma place sur la scène du cabaret pour me permettre de voyager 12 fois par année!