Jeudi, 28 mars 2024
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    Satyriasis (mes années romantiques)

    L’une des plus belles surprises de la rentrée littéraire, Satyriasis relate la fin d’une histoire d’amour entre deux hommes ou, si l’on veut être plus précis, sa mort douloureuse et lancinante pour l’un d’entre eux.

    En effet, comme c’est souvent le cas, l’expression et la perception d’une relation amoureuse diffèrent de beaucoup dans un couple. En ce sens, c’est avec un talent déconcertant que Guillaume Lambert y illustre l’intensité variable présente tant dans l’amour que dans la chair.

    Que ce soit la douleur vive et sourde d’avoir été abandonné ou l’expression la plus crue de la sexualité (son « ode à la putasserie » est irrésistible), l’écriture de l’auteur se révèle comme un véritable coup de poing qui prend littéralement aux tripes.

    On pourrait craindre de s’ennuyer un peu à suivre le cheminement d’un homme en peine, mais l’auteur évite les pièges habituels d’un récit qui s’apitoierait sur soi-même ou qui fleurirait par trop la douleur.

    Au contraire, il marie avec habileté douleur, humour, cynisme et lyrisme dans une écriture qui ne perd jamais de sa beauté malgré l’urgence sous-jacente.  Il évoque avec un talent désarmant l’immensité brutale et implacable de l’amour que ce soit dans son amorce ou dans sa conclusion.

    C’est également avec adresse qu’il nous est permis de vivre, au rythme du narrateur, la compréhension progressive d’un rôle parfois assumé avec une trop grande complaisance dans les drames, petits ou grands, auxquels nous sommes confrontés.

    Il faut également souligner l’intensité que Guillaume Lambert insuffle à l’anecdote la plus insignifiante pour en faire une métaphore qui transcende le sujet lui-même et marque ainsi d’autant plus le lecteur. Le passage sur les gnocchis, par exemple, se révèle bien plus être une métaphore très efficace sur la douleur de voir l’autre nous survivre dans des bras inconnus qu’une simple anecdote sur les nouilles.

    Bref, un premier roman qui se révèle un cocktail explosif : fascinant, brutal, provocant, douloureux et bandant à la fois.

    Comment dire adieu à l’autre, mais surtout, à une part de soi.  

    Satyriasis (mes années romantiques) / Guillaume Lambert. Montréal : Leméac, 2015. 117p.

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