Sans aucun doute, l’un des grands maîtres du roman historique, Dominique Fernandez nous entraîne cette fois-ci dans le sillage des peintres florentins de la Renaissance, plus précisément Agnolo Bronzini et ce, suite à la découverte d’un manuscrit de ses mémoires (fictives) chez un vieil antiquaire.
C’est en compagnie de Jacopo Pontormo et Rosso Fiorentino, deux de ses contemporains que l’on pénètre progressivement dans la quotidienneté de ses artistes dont on ne connaît finalement que peu de choses.
Dominique Fernandez fait sans aucun doute preuve d’astuce en choisissant ces derniers puisque, leurs passés étant particulièrement nébuleux, une marge de manœuvre importante s’offre donc à lui pour laisser libre cours à son imaginaire.
Malgré le peu d’informations disponibles, Fernandez demeure un historien chevronné : même s’il fait preuve d’une certaine liberté quant au quotidien des personnages, il n’en demeure pas moins que son portrait d’une époque demeure sans tache.
Cette Société, évoquée dans le titre, représente l’incarnation d’un pacte conclu entre les peintres florentins qui non content de cacher leur propre sexualité, s’ingénient à déjouer la censure de l’Église en insufflant leurs œuvres d’ambiguïtés, notamment dans la représentation des corps, et de messages dont seuls les initiés peuvent comprendre le sens.
C’est donc la chronique d’une époque où s’affrontent, souvent en coulisse, des forces théologiques et politiques, de même que leurs impacts dans la quotidienneté de trois générations de peintres.
Un portrait surprenant et riche qui change, fort heureusement, de l’image trop sage qui nous en est souvent donnée!
La Société du mystère / Dominique Fernandez. Paris : Grasset, 2017. 602p.