Samedi, 7 septembre 2024
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    Le Village et ses boutiques de vêtements (première partie)

    Le Village gai de Montréal est perçu bien souvent comme un quartier où l’on ne retrouve que des bars, des cafés et des restaurants avec quelques épiceries et pharmacies. À y regarder de plus près, c’est bien plus que ça… En plus des commerces proposant des vêtements plus fétiches (comme Priape, Armada par The Men’s Room ou encore Urs WearBear) ou de sports (WOD Sports, sur Amherst), on compte également dans le Village cinq boutiques depuis fort longtemps : le designer Dinh Bá, Évolution Homme par Joe Bloe, Boutique Osez ainsi que les succursales de Bedo et Ernest. Certains propriétaires, comme ceux de Osez et Évolution – qui a célébré d’ailleurs son 24e anniversaire en novembre –  croient tellement au Village et à son avenir qu’ils ont acheté l’édifice dans lequel ils logent pour s’assurer de la stabilité de leur entreprise… Voici donc le premier d’une série de deux articles. 

    À l’angle de Sainte-Catherine et de Saint-Timothée, on y trouve une succursale d’une chaîne de boutiques de vêtements, plus petite qu’Ernest, certes, mais non moins québécoise elle aussi, soit Bedo. Qui l’aurait cru et, pourtant, «Bedo possède cette boutique dans le Village depuis 42 ans maintenant ! C’est une des plus anciennes boutiques Bedo à Montréal !», indique Jocelyn Tremblay, le gérant, qui compte près de 20 ans de service à cet endroit. Bedo loge dans un édifice qui appartient à son voisin Yellow. Du T-shirt aux jeans, en passant par des chemises et des chandails à la mode, Bedo offre des vêtements autant pour l’homme que pour la femme. Avec sept magasins en tout, dont un en Ontario, Bedo est une compagnie bien québécoise qui essaie d’ailleurs de présenter des vêtements conçus et fabriqués ici même et ainsi favoriser l’industrie et les emplois locaux. 

    «Lorsque je suis rentré ici, on tenait 70% de vêtements pour homme et 30% pour femme, aujourd’hui, cela s’est renversé tant et si bien que c’est 60% femme et 40% homme. Le quartier s’est beaucoup diversifié, il faut constamment se réajuster et offrir ce que les gens aiment. Notre collection est maintenant plus ‘’casual’’, plus sport, et on ne vend plus de vestons, même la clientèle de Radio-Canada recherche quelque chose de moins formel et plus relaxe de nos jours», commente l’avenant et sympathique Jocelyn Tremblay reconnaissable à ses cheveux «bleachés» et à la tête de quatre employés pour cette succursale… 

    Pour Jocelyn Tremblay, l’avenir augure bien dans le Village. «C’est un quartier en évolution, estime-t-il. Du côté de la sécurité, cela s’est stabilisé, cela a aidé d’avoir plus d’effectifs policiers qui patrouillent le secteur. Notre clientèle est régulière à 30%, mais on voit aussi de plus en plus de touristes qui s’arrêtent à la boutique. L’été, il y a beaucoup d’activités. Curieusement, même si ce n’est pas apparent au premier coup d’œil, mais un festival comme Osheaga nous apporte une bonne clientèle de jeunes touristes, gais ou non, mais des jeunes ouverts d’esprit, et aimant dépenser.  Avec le CHUM qui vient d’ouvrir à proximité, c’est très positif pour le quartier.» Comme d’autres commerçants – et c’est une constante qui est ressortie lors des entrevues –, on croit au Village, mais Jocelyn Tremblay, qui est originaire de Québec, est d’avis «qu’il faut des commerces originaux dans le Village, des endroits éclectiques un peu comme le Renard, qui est un bar oui, mais qui est plus trendy, différent, plus jeune et qui attire une nouvelle clientèle». C’est là, pour lui, que réside le futur…

    À quelques pas de là, le passionné designer de mode Dinh Bá a pignon sur rue sur Amherst au sud de De Maisonneuve. Il occupe de vastes locaux de plus de 3 000 pieds carrés. La clientèle le verra souvent à la production ou à la table de coupe. «J’ai 25 points de vente au Canada, mais je suis un créateur, pas un gestionnaire de personnel ou de production de masse, je suis un artiste et je garde une vision de tout faire ici, au Québec, de vouloir faire à une petite échelle, mais avec un grand souci de la qualité», souligne Dinh Bá. Un design chic, mais simple, des lignes souvent pures, des matières de grande qualité, un look à la fois sophistiqué et détendu, c’est ce que proposent souvent les collections de ce designer. On ne sera pas surpris que la boutique offre presque exclusivement des vêtements pour femmes. «Malgré tout, même si les mentalités ont changées, les hommes demeurent encore conservateurs dans leur habillement, ils osent un peu moins que les femmes, c’est un marché qui est plus difficile c’est pour cela que je fais quelques pièces pour hommes, mais on ne peut malheureusement pas être trop créatif dans ce domaine-là», pense Dinh Bá qui est dans le milieu de la mode depuis 16 ans. 

    Même s’il vend également sur le web, ce jeune designer voit débarquer chez lui, sur la rue Amherst, une clientèle enthousiaste qui le suit depuis plusieurs années. Des gens de Radio-Canada, de TVA et aussi des personnalités artistiques. 

    «J’aime bien la rue Amherst, nous sommes près de Sainte-Catherine, dit Dinh Bá. Mais Amherst continue de se développer avec des types de commerces souvent différents et complémentaires de ceux sur Sainte-Catherine. L’été, avec la piétonisation [d’Aires Libres], il y a bien des gens qui passent, qui entrent, qui viennent voir, c’est agréable. Ce qui nous nuit, c’est le manque de places de stationnements sur Amherst et le prix des parcomètres. Cela n’aide pas les commerçants.» Bien qu’il aimerait être propriétaire de son local comme « Évolution » et « Osez », il n’en a malheureusement pas les moyens. «C’est difficile d’avoir un édifice dans le Village, les prix ont beaucoup augmenté, c’est exorbitant, mais heureusement que je m’entends bien avec le propriétaire du local…» Pour Dinh Bá aussi, il est là pour rester… «Moi je suis chanceux, parce que bien d’autres designers ont fermé boutique, mais le fait qu’il n’y a plus de Semaine de la mode ne nous aide pas à publiciser et à nous rendre plus visible, nous, les designers québécois, note-t-il. C’est dommage aussi que le gouvernement n’investisse pas plus dans les petites entreprises d’ici et ainsi favoriser tout ce qui se fait localement…»  

    Dans le prochain numéro de FUGUES nous parlerons des boutiques Ernest, Osez et Évolution Homme par Joe Blo.

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