Le procès du rédacteur en chef du journal Akhbar al-Yaoum, en détention préventive depuis huit mois pour des accusations d’agression sexuelle, a été ajourné immédiatement après son ouverture mardi à Casablanca, a-t-on appris auprès de ses avocats.
Soulaimane Raissouni (photo), 48 ans, est poursuivi pour «attentat à la pudeur avec violence» et «séquestration», après des accusations d’agression sexuelle portées par un militant pour les droits des personnes LGBT sur Facebook. Le journaliste a toujours nié les faits reprochés.
«Le procès a été reporté au 2 mars afin que nous puissions préparer notre défense», ont déclaré les avocats de M. Raissouni après l’audience, en précisant avoir déposé une demande de remise en liberté.
Une dizaine de militants et de sympathisants ont participé à un « sit-in » de soutien devant la cour d’appel de Casablanca. Brandissant des pancartes frappées de slogans tels que «le journalisme n’est pas un crime», les manifestants ont appelé à la libération de «l’ensemble des prisonniers politiques» au Maroc.
«Au Maroc, on tente de faire taire les voix critiques mais cela ne nous décourage pas (…) J’espère que Soulaimane bénéficiera d’un procès équitable», a déclaré Kholoud Mokhtari, l’épouse du journaliste.
Au moment de son interpellation, l’ONG Reporters sans Frontières avait dénoncé une «campagne de diffamation relayée par les médias en ligne proches des services de renseignement». Une pétition de soutien signée par une centaine de défenseurs des droits humains avait dénoncé le «ciblage des journalistes et des défenseurs des droits de l’homme critiques à l’égard des autorités, avec les mêmes méthodes basées sur des accusations sexuelles».
Taoufik Bouachrine, directeur du journal Akhbar al-Yaoum, a été condamné il y a presque deux ans à quinze ans de prison pour «viol», «traite d’être humain» et «agressions sexuelles».
La nièce de M. Raissouni, Hajar Raissouni, journaliste au même quotidien, a écopé en 2019 d’un an de prison pour «avortement illégal» et «relation sexuelle hors mariage», avant d’être graciée.
Le journaliste indépendant Omar Radi a été placé en détention préventive fin juillet après avoir été accusé de viol, une affaire qui est toujours en cours d’instruction. Face aux critiques, les autorités marocaines insistent sur le respect des procédures judiciaires et sur l’indépendance de la justice.