Jeudi, 10 octobre 2024
• • •
    Publicité

    Une illustration de deux femmes en hijab qui s’embrassent vexe certains musulmans

    Une université ontarienne qui a publié sur Instagram une illustration sur laquelle deux femmes portant un hijab sont sur le point de s’embrasser a décidé de retirer ladite illustration à la suite de nombreuses plaintes de la communauté musulmane. L’illustration servait à faire la promotion de la Journée internationale contre l’homophobie, la transphobie et la biphobie. Elle montre aussi un homme en fauteuil roulant et une autre personne qui se tiennent la main, un couple noir ainsi que deux hommes de race différente sur le point de s’embrasser. Les mots «Celebrate the Power of Love [Célébrons le pouvoir de l’amour]» y sont écrits.

    Elle a été publiée par l’Université Western, de London, en Ontario, sur sa page Instagram afin de souligner le 17 mai. D’ailleurs, l’illustration elle-même a été créée par un collectif européen may17.org qui souligne la journée de lutte contre l’homophobie et incite les organismes qui le désirent de reprendre les visuels qu’elle a produit.

    Or, quelques jours plus tard, l’Université Western a décidé de supprimer l’illustration en question en raison de plusieurs plaintes et d’une pétition sur change.org. Celle-ci était signée par plus de 35 000 personnes, mardi après-midi.

    Ce qui est dépeint est extrêmement irrespectueux, insensible et complètement imperceptible pour la communauté musulmane dans son ensemble, peut-on lire dans le libellé de la pétition.

    La pétition, qui n’est pas signée, demande que l’illustration soit supprimée, que l’Université Western présente ses excuses à la communauté musulmane et que des améliorations soient faites aux procédés de l’université pour s’assurer qu’une telle situation ne se reproduise pas. Puisque l’université a supprimé l’illustration mais que les deux autres conditions n’ont pas été remplies, la pétition continue de recueillir des signatures.

    «Il convient également de préciser que si vous n’êtes pas musulman, vous n’avez pas le droit de nous dire ce que nous pouvons et ne pouvons pas trouver offensant», peut-on y lire. «L’illustration a mis de nombreuses femmes musulmanes mal à l’aise en montrant le hijab sur des femmes se livrant à une activité sexuelle; l’Université Western a contribué à la sexualisation et à la fétichisation du hijab, y ajoute-t-on.

    La communauté musulmane ne devrait pas permettre et ne permettra pas à la mentalité coloniale de se demander si nous avons le droit d’être contrariés; nous le faisons, et nous le sommes.»

     

    L’illustration supprimée

    L’Université Western a d’abord décidé de bloquer les commentaires dans sa publication Instagram. Puis, jeudi, la direction supprimait la publication et publiait une explication.

    «Notre intention avec cette illustration était de démontrer le soutien indéfectible de Western à la communauté 2SLGBTQ+ lors de la Journée internationale contre l’homophobie, la transphobie et la biphobie», peut-on y lire. «Nous comprenons également que l’image était bouleversante pour certains membres de la communauté musulmane».

    L’universaité Western ajoute que la publication visait à déclencher des discussions sur la manière de soutenir les musulmans homosexuels. Mais,«afin de promouvoir cette discussion dans le respect, nous avons supprimé l’image pour ne pas détourner l’attention de ces conversations importantes», indique le communiqué de l’université.

    Mais il n’y a pas d’unanimité du côté des musulmans. Quelques musulmans croient que que l’illustration n’aurait pas dû être supprimée. C’est le cas de Shawn Ahmed, un musulman homosexuel de Toronto. Mais il se dit peu surpris de la réaction de certains membres de la communauté musulmane.

    Shawn Ahmed

    «Je ne suis pas surpris», a-t-il déclaré en entrevue avec la CBC. «En tant que musulman queer, je fais face constamment l’homophobie dans la communauté et à l’islamophobie à l’extérieur de la communauté.»

    Il ajoute que, lorsqu’il était plus jeune, il était déchiré entre sa foi et sa sexualité. «J’ai songé au suicide. Je pensais que si Allah ne voulait pas que je sois gai, je devrais peut-être mourir. Il y a des gens qui pensent ça en ce moment, des gens qui sont dans le même état d’esprit que j’étais il y a des années.» Il affirme que l’université n’aurait pas dû supprimer l’illustration.

    «Je peux voir pourquoi ils l’ont retirée. Et honnêtement, j’aurais préféré qu’elle reste», a déclaré M. Ahmed. «Je n’envie tojtefois pas la position dans laquelle ils se trouvaient. C’était une décision difficile.» Il ajoute que le symbolisme de la suppression de l’image est très dommageable.

    «Il y a des gens qui s’identifient comme musulmans, qui croient en Allah et qui croient en l’islam, mais qui s’identifient aussi comme homosexuels ou trans. […] Quand Western supprime sa publication, [l’université] affirme d’une certaine manière que nous n’avons pas le droit d’être acceptés.»

    Sans surprise, dans une déclaration, le London Council of Imams [Conseil des imams de London, traduction libre] se prononce en faveur de la suppression de l’illustration.

    «Bien que nous comprenions que l’intention de l’affiche publiée sur May17.org est de promouvoir l’inclusion, nous pouvons voir que l’objectif n’a pas été atteint et que les moyens utilisés étaient contraires à l’inclusion», soutient le communiqué. «Beaucoup ont eu l’impression que les musulmans étaient pris pour cible en ayant un symbole de leur religion inclus dans l’affiche. Nous rejetons sans équivoque toute déclaration haineuse dirigée contre une religion ou un groupe en raison de sa religion, de sa culture, de son origine ethnique et/ou de son orientation sexuelle.»

    À partir d’informations diffusées lors d’un reportage d’Andrew Lupton, de la CBC.

    Abonnez-vous à notre INFOLETTRE!

    Du même auteur

    SUR LE MÊME SUJET

    LAISSER UN COMMENTAIRE

    S'il vous plaît entrez votre commentaire!
    S'il vous plaît entrez votre nom ici

    Publicité

    Actualités

    Les plus consultés cette semaine

    Publicité