Ce que l’on sait de l’acte terroriste qui a touché la communauté LGBTQ d’Oslo

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Les services de sécurité norvégiens privilégient l’hypothèse du « terrorisme islamiste » après des tirs mortels dans la nuit près d’établissements gais en plein centre-ville d’Oslo, une fusillade qui a entraîné l’annulation de la marche des Fiertés LGBT officielle prévue ce samedi.

L’auteur présumé de l’attaque qui a fait 2 morts (un homme d’une cinquantaine d’années et l’autre d’une soixantaine d’années) et 21 blessés, dont 10 graves, a été arrêté samedi à 1 h 19, cinq minutes après les premiers signalements.

Il « est soupçonné d’homicide, tentative d’homicide et acte terroriste », a indiqué un responsable de la police, Christian Hatlo, lors d’une conférence de presse. Ce dernier chef d’accusation est motivé par « le nombre de blessés et de tués, le nombre de scènes de crime – au moins trois – et (…) il y a de bonnes raisons de croire qu’il avait l’intention de semer la terreur », a-t-il ajouté. 

La fusillade s’est produite aux alentours de 1 h (heure locale) à l’extérieur d’un pub, Per på hjørnet, puis devant un club gai voisin, le London Pub, dans le quartier alors noir de monde en cette chaude nuit d’été où se déroulaient différentes soirées LGBTQ du week-end de la Fierté à Oslo.

Selon un journaliste de NRK présent sur place au moment de la fusillade, le tireur est arrivé avec un sac d’où il a retiré une arme avec laquelle il a tiré. Il a été arrêté, et aurait a priori été seul au moment des tirs».

Un témoin interviewé par le journal Verdens Gang (VG) a évoqué « une scène de guerre ». « Il y avait plein de blessés au sol qui avaient des blessures à la tête », a-t-il déclaré. Sur une vidéo filmée par un téléphone portable et diffusée par ce journal, on voit trois policiers maîtriser un homme à terre. Des civils ont aidé à la capture du suspect ainsi qu’aux premiers soins, selon la police, qui a salué « une contribution héroïque ».

Selon la police, le pronostic de survie des blessés n’est pas connu encore. 

La marche des Fiertés LGBT officielle qui devait avoir lieu samedi après-midi à Oslo – pour la première fois depuis trois ans à cause de la pandémie – a été annulée sur recommandation de la police.

Un défilé spontané a cependant réuni quelques milliers de personnes aux cris de We’re here, we’re queer. We won’t disappear (Nous sommes ici, nous sommes queer. Nous ne disparaîtrons pas).

«Je trouve que c’est fantastique que cette marche ait lieu, sinon il aurait gagné», a expliqué à l’AFP une participante d’une cinquantaine d’années, visiblement bouleversée.

En signe de solidarité, de nombreuses personnes, souvent en larmes et silencieuses, sont venues déposer des drapeaux arc-en-ciel et des bouquets de fleurs près des lieux de l’attaque bouclés par la police

Qui est l’auteur présumé ?
Le suspect, citoyen norvégien, a un long historique de violences et de menaces, a déclaré Roger Berg, le chef des services norvégiens de renseignement intérieur (PST), chargés de l’antiterrorisme.

L’homme avait déjà eu affaire à la police pour des faits mineurs comme port d’un couteau ou encore une condamnation pour possession de stupéfiants. Deux armes « anciennes » ont été saisies en lien avec l’attaque : une arme automatique et une arme de poing. Des médias norvégiens l’ont identifié comme étant Zaniar Matapour, présenté comme un père de famille d’origine kurde iranienne arrivé dans son enfance en Norvège.

Connu pour possession de stupéfiant, il a été arrêté cinq minutes après les premiers signalements, selon les forces de l’ordre. Deux armes à feu, que la police a décrites comme anciennes, ont été saisies en lien avec l’attaque.

La sécurité a été renforcés dans la capitale pour faire face à d’autres incidents étant donné les activités de la fierté qui se déroulaient dans différents établissements.

À ce stade, la police estime que l’auteur de la fusillade a agi seul, même si l’enquête devra faire la lumière sur de possibles complicités en amont.

Les effectifs policiers ont été renforcés dans la capitale pour faire face à d’éventuels incidents, et les agents, qui ne sont généralement pas armés en Norvège, ont reçu la consigne de s’armer dans tout le royaume.

Réactions
L’homme avait déjà eu affaire à la police pour des méfaits mineurs, comme le port d’un couteau ou une condamnation pour possession de stupéfiants.

«Aujourd’hui, on devait célébrer l’amour et colorer nos rues des couleurs de l’arc-en-ciel. À la place, nous sommes envahis par le deuil», a réagi le premier ministre norvégien Jonas Gahr Støre lors d’une conférence de presse.

«Même si on n’est pas sûrs que ce sont les milieux homosexuels qui étaient visés, nous savons qu'[ils] sont les victimes», a-t-il ajouté. «Nous partageons votre désespoir. Nous sommes unis.»

Le roi Harald, lui, s’est dit horrifié«Nous devons nous rassembler pour défendre nos valeurs : la liberté, la diversité et le respect mutuel», a-t-il déclaré dans un communiqué officiel.

Un pays pourtant relativement épargné par les tueries
Généralement peu confrontée aux effusions de sang, la Norvège avait été le théâtre d’attaques sanglantes le 22 juillet 2011 quand l’extrémiste de droite Anders Behring Breivik avait tué 77 personnes dans un attentat à la bombe contre le siège du gouvernement à Oslo et une fusillade contre un rassemblement de jeunes travaillistes sur l’île d’Utoya.

Depuis, le pays a été épargné par ce type d’action. Notamment par les attentats djihadistes qui ont frappé l’Europe ces dernières années.

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