Mardi, 11 février 2025
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    L’univers d’Evergon exposé à Québec

    « Certaines images pourraient ne pas vous choquer ! » indique Evergon en clin d’œil coquin à celles et ceux qui visiteront l’exposition importante que lui consacrera le Musée national des beaux-arts du Québec, du 20 octobre au 23 avril. D’emblée, l’univers d’Evergon intrigue et fascine. Pour les personnes qui le découvriront pour la première fois, sachez que l’artiste est considéré comme une icône de la culture au Canada et l’un des plus prestigieux représentants de la photographie contemporaine. Son travail a été largement présenté partout au Canada et aux États-Unis, mais aussi un peu partout ailleurs.

    © Evergon

    Né en 1946 à Niagara Falls en Ontario, Evergon vit et travaille à Montréal, où il a longtemps enseigné à l’Université Concordia. Il a mené une fructueuse carrière de photographe étalée sur 50 ans et marquée par l’audace. Véritable pionnier, tant sur le plan artistique que social, il n’a jamais hésité au fil du temps à croiser des enjeux percutants associés à la diversité culturelle, corporelle et identitaire. L’artiste remet sans cesse en question les genres et leurs présupposés, les faisant basculer d’un côté puis de l’autre pour mieux définir leurs ancrages.


    Matériau de prédilection : la photographie
    À travers toute une série d’approches photographiques exploratoires, Evergon approfondit les termes d’une identité queer masculine et féminine, secouant les perceptions trop arrêtées. Il bouscule les fondements de l’image photographique par une esthétique baroque étonnante et balaie les canons de beauté usuels en représentant des corps atypiques auxquels il donne du panache. Il sort ainsi des sentiers battus, tout en exploitant les pouvoirs séducteurs de la photographie, capable d’inventer des mondes de fiction ou des théâtres.

    Sur le plan technique, sa pratique en photographie a ouvert la voie à de nouvelles méthodes de travail, notamment avec l’utilisation inusitée qu’il a faite du Polaroïd. La pertinence de son travail s’est bâtie sur plusieurs années de pratique, où les différentes œuvres s’ancrent dans une continuité marquée par une recherche inspirée et cohérente. Dépourvu d’un désir de choquer, l’artiste souhaite plutôt montrer, dévoiler certains tabous, en dérangeant certes, mais surtout en bousculant les idées préconçues.

    Son travail devient une œuvre documentaire qui s’inscrit dans la photographie contemporaine. Evergon est devenu, grâce à ses innovations et son rayonnement international, un pilier en art actuel autour duquel gravitent de nouvelles expériences artistiques. Explorant des techniques photographiques variées, Evergon a produit une imagerie forte, toujours émouvante et parfois irrévérencieuse. Il a remué des questionnements sur l’identité sexuelle, alors qu’il revisite avec une rare vitalité les genres du portrait, du paysage ou du nu.

    Evergon, Ron with magpies, de la série The Caucasians in Birdland, 1982. © Evergon


    Entrez dans l’univers burlesque et charnel d’Evergon
    Articulée en neuf sections, cette rétrospective majeure couvre l’ensemble de la carrière d’Evergon, de 1971 à aujourd’hui. C’est plus de 230 œuvres qui sont réunies pour la première fois afin de présenter ce personnage haut en couleur et son travail aux visages pluriels. Le parcours de l’exposition donne à voir toute une série d’autoportraits, de collages, ainsi qu’une parade d’objets du quotidien présentés sous un angle théâtral. Pour la série des Polaroids — petits, moyens et de format géant —, ils permettent de remarquer le gout de l’artiste pour les tableaux anciens qu’il revisite avec hardiesse, ainsi que son amour du jeu et des saltimbanques.

    Evergon, Ron with magpies, de la série The Caucasians in Birdland, 1982. © Evergon


    Evergon s’amuse aussi avec d’autres fictions, celles des Ramboys, une société masculine, secrète, inventée de toutes pièces par l’artiste. Les corps s’échauffent parfois dans certaines séries d’images, où la nudité et la sexualité se font plus crues. Une section est aussi consacrée à Margaret, la mère de l’artiste, l’une de ses muses et sa plus grande admiratrice. Enfin, il aborde aussi le thème de la fragilité de la vie, de l’éventualité de la mort, où il se met en scène comme un vieux sage, en plus de rendre hommage à ceux qu’il a vu mourir, aux disparus.


    INFOS | Evergon. Théâtres de l’intime, du 20 octobre 2022 au 23 avril 2023,
    au Pavillon Pierre Lassonde du Musée national des beaux-arts du Québec, à Québec.
    www.mnbaq.org

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