Le titre est accrocheur. Pisser debout sans lever sa jupe, cela suscite automatiquement des interrogations aussi bien pratiques que métaphoriques. Et c’est bien dans la seconde assertion qu’il faut le prendre. Olivier Arteau*, qui signe et met en scène cette création, tient à nous surprendre, tient à nous emmener sur des chemins de traverse pour nous questionner. Nous questionner sur quoi ? Sur les stéréotypes entourant la question du genre. Olivier Arteau, en tout cas, ne s’y reconnait pas. Mais alors, comment se définir, comment s’extraire des conventions du genre et comment, à défaut de se trouver, s’y retrouver ?
Même s’il est le maitre d’œuvre de ce Pisser debout…, Olivier Arteau inscrit son travail dans la collaboration avec des ami.e.s de longue date, comme avec de nouveaux qui complètent l’équipe. Quitte à bouleverser les codes, l’artiste souhaite aussi ébranler ceux du théâtre en mariant aussi bien le texte, la musique, la danse et les éclairages, dans une quête du spectacle total où chaque art trouverait sa place et sa raison d’être sur scène. Tout un défi.
Fabien Piché et Vincent Roy seront de Pisser debout… comme interprètes, mais aussi comme chorégraphe pour le premier et concepteur sonore pour le second. Ils ont en commun avec Olivier Arteau de ne pas se limiter uniquement à un champ de création. « C’est difficile de résumer ce spectacle, disons qu’il est constitué en quatre tableaux, raconte Vincent Roy en entrevue, avec un prologue dans lequel apparait le personnage principal, puis la rencontre de plusieurs ami.e.s qui chacun.e représente une partie de la diversité que l’on peut retrouver aujourd’hui dans nos communautés. S’ensuivent alors des discussions autour de la question centrale : est-ce que nos corps nous appartiennent réellement ? »
Est-ce qu’il est possible de s’autodéterminer dans une société hétéronormative, pour reprendre les mots de Fabien Piché : « C’est un peu une étude autour de nos préjugés que nous avons tous, même en faisant partie des communautés LGBTQ+, sur celles et ceux qui la composent, continue le comédien, en fait sur ce qui fonde nos identités aussi bien individuelles que collectives. »
Cette intrusion dans ce monde où chacun.e aurait la possibilité de s’autodéfinir en dehors ou en rupture avec les normes existantes laisse apparaitre une autre question en filigrane, celle de l’individualisme de plus en plus grand dans nos sociétés. En somme, comment faire du lien pour que le collectif puisse exister et que chacun.e puisse y trouver sa place ?
* LIRE LE PORTRAIT D’OLIVIER ARTEAU SIGNÉ SAMUEL LAROCHELLE :
Pisser debout sans lever sa jupe ou jongler avec son alter égo…
– Fugues Septembre 2022
« La seconde partie du spectacle est plus performative et on ne parlera pas de l’épilogue pour garder l’effet de surprise, ajoute Vincent Roy, mais ce qui est sûr c’est qu’Olivier Arteau mise beaucoup sur la globalité des langages sur scène, sans se restreindre au texte pour avancer dans sa recherche. »
Pisser debout sans lever sa jupe prend alors les allures d’un party comme on les aime, là où la confiance règne, où l’on s’amuse bien évidemment, mais sans oublier de réfléchir et de partager, de tisser ou de retisser des liens avec les différences qui nous constituent.
INFOS | Pisser debout sans lever sa jupe
Texte et mise en scène d’Olivier Arteau
Du 2 au 11 mars 2023 au Centre du Théâtre d’Aujourd’hui