Philippe se prépare à un été de douce oisiveté sur l’île de Ré en compagnie de jeunes de son âge avec lesquels il fera bon de boire un verre, d’étaler son corps sur la plage, de danser et de flirter. Cette promesse de farniente sera brusquement interrompue avec la disparition de Nicolas : un drame demeuré sans réponse qui marque à jamais l’esprit de l’auteur.
On l’aura compris, Philippe Besson navigue dans les eaux de la mémoire et de la fiction au cœur d’un récit où il redonne forme à son adolescence, avec les amours de jeunesse, les non-dits comme les aveux, l’insouciance et les regrets d’une époque maintenant révolue, où se trament également la recherche identitaire et l’intolérance.
Le roman se déroule un an après Arrête avec tes mensonges : Philippe n’est plus le garçon timide de 17 ans qui vivait ses amours masculines dans la clandestinité. Il évoque dorénavant ses désirs sans réel tabou et amorce même une passion estivale avec Marc, un touriste parisien de passage. Bref, c’est pour lui le plaisir de retrouver un paysage connu et rassurant au cœur d’une délicieuse nonchalance, où chaque jour ressemble inéluctablement au précédent. Jusqu’à un fatidique soir d’été…
L’auteur évoque avec adresse la fin abrupte d’une adolescence insouciante et un passage à l’âge adulte marqué par l’incompréhension d’un drame qui semble parfois presque intangible, voire irréel. En effet, la disparition de Nicolas ne repose que sur son absence. S’agit-il d’une fugue, d’un suicide, d’un crime ? Le jeune homme était d’un naturel torturé, marqué par un passé douloureux, mais n’est-il pas un peu facile de tout expliquer, de tout ramener aux traumas du passé ?
Philippe Besson présente un récit bouleversant où il n’hésite pas à ouvrir grandes les portes de son intimité, de même que d’un désarroi qui perdure : « il faut parfois que quelqu’un disparaisse pour qu’on apprenne la valeur de la vie, pour comprendre à quel point elle est fragile et précieuse, la vie. »
INFOS | Un soir d’été / Philippe Besson. Paris : Julliard, 2024, 204 p.