Deux adolescents sont propriétaires d’une agence de détectives spécialisée dans le paranormal. Là où cette prémisse assez clichée diffère des autres productions du genre, c’est que le premier est mort en 1916, le second en 1989 et que leur clientèle est décédée depuis des lustres.
Dans l’Angleterre du début du siècle, Edwin (George Rexstrew) passe de vie à trépas à la suite d’attaques répétées des élèves d’un collège privé. Soixante-dix ans plus tard, Charles (Jayden Revri) subit le même sort après avoir pris la défense d’un compagnon de classe. Plutôt que de passer dans l’au-delà, les deux hommes décident d’offrir des services d’enquête à leurs congénères tourmentés.
Contraint de faire équipe avec une jeune médium, Crystal Palace (Kassius Nelson), qui a perdu tous ses souvenirs, une nouvelle enquête les mène dans une petite ville portuaire des États-Unis où ils devront croiser le fer avec des démons, la sorcière Esther (Jenn Lyon), des gnomes à l’esprit tordu, ainsi que des anges qui cherchent à régler le problème administratif de ces deux « âmes perdues ». Ce périple est également l’occasion d’un voyage initiatique où chacun sera amené à dévoiler la part d’ombre qui l’habite.
Edwin est attiré par Charles, mais comme il est le produit d’une époque où l’homosexualité est considérée comme le mal ultime, il ne peut s’empêcher de croire qu’il mérite sans doute les 70 ans qu’il a passés en enfer avant de réussir à s’en échapper. Charles cache un passé traumatique sous une façade boute-en-train et Crystal, de son côté, cherche désespérément à recouvrer sa mémoire. Il faut cependant prendre garde à nos souhaits puisqu’ils pourraient bien se réaliser…
Chemin faisant, ils feront équipe avec une bouchère punk (Briana Cuoco) qui a développé un béguin pour une mystérieuse correspondante anonyme et Niko (Yuyu Kitamura), une amatrice de manga qui porte un regard émerveillé et naïf sur tout et sur rien.
La série ne tombe pas dans le piège des romances à l’eau de rose et met en scène un faisceau d’émotions complexes et de personnages qui sont tout sauf manichéens. Certaines intrigues semblent ainsi s’orienter dans une direction pour soudainement basculer dans une autre. C’est notamment le cas du Roi des chats (Lukas Gage) — un être à la fois vaniteux et fragile — qui inflige un sortilège à Edwin, mais tente également de le séduire.
Les personnages sont issus de Sandman, une bande dessinée de Neil Gaiman qui a également eu droit à une magnifique adaptation sur Netflix dans une série qui se distingue par une très riche représentation LGBTQ+. Il n’est pas nécessaire d’avoir visionné la première pour plonger dans celle-ci, même si un lien organique existe bien entre les deux puisque l’actrice Kirby Howell-Baptiste y interprète, à chaque fois, le personnage de la Mort.
Dead Boy Detectives se révèle un alliage efficace d’action, d’humour, d’émotion et de drame ! Le doublage français est de très bonne qualité, même si j’ai sourcillé devant « Crystal Method », une référence évidente au crystal meth erronément traduit par « Crystal la sorcière ».
INFOS | Sur Netflix en anglais et en français