Les drames médicaux sont légion et Brilliant Minds pourrait donc se perdre dans la masse d’une multitude d’autres, si ce n’est que la série s’articule autour de problèmes neurologiques hors normes et que son protagoniste est gai. Bref, après les 21 saisons de Grey’s Anatomy, il est sans doute enfin temps de passer, le mauvais jeu de mots s’impose, à « Gay Anatomy ».
La série nous fait suivre un neurologue au profil résolument atypique : le Dr Oliver Wolf (Zachary Quinto). Non content d’être un prodige de la médecine, il se distingue en prônant une approche plus humaine, bousculant des protocoles très rigides et une vision réductrice de la maladie. Ses manières ne sont pas sans causer de heurts, il est donc licencié de son poste dans un centre médical prestigieux et se voit obligé d’accepter une fonction dans un hôpital surpeuplé du Bronx.
Il est également affecté d’une condition neurologique très particulière : la prosopagnosie, c’est-à-dire l’incapacité d’identifier les visages, y compris son propre reflet. Ce trouble très rare complexifie les relations avec ses collègues, dont les internes qu’il n’arrive tout d’abord pas à distinguer, mais également sa vie amoureuse. Dès son plus jeune âge, deux certitudes ont guidé sa trajectoire : il est gai et sera neurologue. Au fil des épisodes, des flashbacks partagent l’enfance de Wolf marquée par l’ostracisation, tant au regard de sa maladie que de son orientation sexuelle. Comme dans tout drame médical, un lot d’histoires passionnelles se profile et le docteur Wolf n’est évidemment pas indifférent aux charmes de ses confrères masculins.
Au-delà de la voix et de la personnalité, la séduction et l’identification s’articulent cependant autour de la voix, de la démarche, de la coiffure ou d’une autre caractéristique physique dominante. La série est basée sur la carrière du neurologue britannique Oliver Sacks à qui l’on doit plusieurs ouvrages de vulgarisation des troubles neurologiques, dont L’homme qui prenait sa femme pour un chapeau, qui connut un grand succès au milieu des années 80. La matière première ne manque donc pas pour alimenter les différents épisodes de la série.
Les deux premiers épisodes adoptent l’approche classique du cas de la semaine : une mère est convaincue que ses enfants sont des copies des originaux ; une femme qui a perdu tout contact avec son corps et une scène d’ouverture émouvante où un homme souffrant d’Alzheimer retrouve brièvement sa lucidité, le temps de jouer du piano au mariage de sa petite fille. C’est cependant dans l’épisode 3 que la série prend réellement son envol avec un récit bouleversant où un motard fait face au choix déchirant de perdre la vie ou sa capacité à pouvoir générer de nouveaux souvenirs.
Au-delà du fascinant cas médical, l’intérêt se situe également dans les développements entourant la relation tendue entre le neurochirurgien Josh Nichols (Teddy Sears) et Wolf. Cette tension cache-t-elle plus qu’il ne semble ? Vexé de ne jamais être reconnu par son collègue, Nichols est décontenancé lorsque Wolf lui révèle qu’il arrive maintenant à le reconnaître en raison de ses mains gigantesques. Les portes du fantasme s’ouvrent ainsi bien grandes : reste cependant à savoir si la série osera s’y engager. Les plus curieux et curieuses seront par ailleurs intéressé.e.s d’apprendre que les deux acteurs ont déjà interprété un couple dans la première saison de American Horror Story.
La série porte un regard fascinant sur les méandres de l’esprit humain et présente une gamme de personnages hauts en couleur, notamment du côté des internes qui ont tous une personnalité très marquée. La règle d’or des séries télévisées est qu’il faut savoir toucher la tête et le cœur et même s’il est encore trop tôt pour se prononcer, Oliver Wolf pourrait bien réussir ce doublé. Seul l’avenir nous dira si ce pari est remporté.
INFOS | La série Brilliant Minds est disponible, en anglais, sur NBC.