Jeudi, 16 janvier 2025
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    Priape cinquante ans d’évolution

    En 2024, Priape ou Chez Priape maintenant célèbre ses 50 ans. Cela en fait une monument, une véritable institution dans le quartier avant même que l’on puisse appeler ce secteur «Le Village». On ne reviendra pas sur l’historique, il faut voir notre longue entrevue avec Bernard Rousseau. Contre les différents aléas de la vie et du commerce, y compris la pandémie, Priape est encore là. Mais on a eu très peur. Presque acculé à la faillite, en octobre 2013, c’est le producteur de Saint At large, qui organise le célébrissime Black Party à New York (entre autres), Stephen Pevner, qui rachète le magasin et cela devient Chez Priape ! C’est presque providentiel, mais Priape a été sauvé in extremis. 

    Ce sexshop et magasin de vêtements, d’items érotiques et de fétichisme, de bouquins, de calendriers sexy et d’accessoires possède son propre atelier de cuir où l’on confectionne des dizaines d’items allant des harnais aux chemises, en passant par des jock straps… La «marque» Priape a fait sa renommée et continue, encore de nos jours où l’internet est roi, à faire son petit bout de chemin à l’international.  
     
    «On célèbre les 50 ans de Priape, dèjà. Ouf ! Cinquante ans, ce n’est pas n’importe quel anniversaire, c’est véritablement un “monument” ici dans le Village. Même aux États-Unis, à New York ou ailleurs, c’est très rare de trouver des commerces de la communauté gaie ou LGBTQ+ qui ont résisté au temps, aux développements, aux augmentations de loyer, aux démolitions, etc.», de déclarer Steven Pevner, l’actuel propriétaire de la boutique.
     
    On le sait, ce n’est pas un mystère, plusieurs commerces ont mis la clé sous la porte lors de la pandémie de COVID-19. Malgré la tourmente et l’attente après les confinements, Priape a survécu. Il a survécu grâce aux commandes en ligne. Qu’est-ce que les gens faisaient pendant la pandémie ? Certains, en plus de s’acheter de la bouffe, se sont fait plaisir, littéralement, en ce commandant des vêtements sexy et des jouets sexuels… «Pour notre part, on voyait qu’ils achetaient des dildos et d’autres jouets sexuels, comme les Flesh Light (des masturbateurs), dit en rigolant Steven Pevner ! Qui aurait dit que les Flesh Light auraient eu autant de succès un jour ? Mais c’est le cas. Donc, nos ventes en ligne, de jouets sexuels principalement, ont sauvé Priape de la catastrophe durant cette période-là. Heureusement d’ailleurs.» «Maintenant, les ventes en ligne représentent presque 40% du nombre total des ventes. On expédie en moyenne 19 colis par jour par an et la technologie a évoluée complètement», explique Sylvain Lapolice, webmaster et chef du département web qui a commencé à y travailler en 2000. 
     
    « Mais je rends hommage ici aux propriétaires précédents, comme Bernard Rousseau, entre autres, pour avoir fait circuler le nom de Priape à travers le Canada, pour avoir maintenu la promotion et continué de faire connaître Priape et ses produits, souligne Steven Pevner. C’est ça aussi qui a fait la différence. Les ventes en ligne affluaient parce que les gens étaient fidèles à Priape. Ils auraient pu commander d’ailleurs et il y en a plein sur Internet, mais c’était chez nous qu’ils commandaient. Pour ça, il faut remercier les propriétaires précédents qui ont eu à cœur la marque de Priape, et ce, bien avant moi. » 

    «Ce qui fait la particularité de Priape, c’est le lien de confiance qui s’établit avec les clients, on discute de choses intimes, souvent de ce qui ne se parle pas dans la société et qui est tabou, et cela se fait dans l’ouverture et le respect, rajoute Ricardo Olivares, agent des ventes au département des jouets sexuels depuis 2000. C’est pourquoi il y a des clients fidèles et des nouveaux qui savent qu’il y a cette réputation de Priape et qu’on peut nous faire confiance pour les guider dans leurs choix, les conseiller, les rassurer pour éviter des accidents et des malaises dans l’utilisation de certains objets ou lors de certaines pratiques.» 
     
    «Je ne sais pas de quoi sera fait l’avenir pour Priape, mais je crois qu’il faudra accompagner les jeunes surtout qui manquent d’éducation sexuelle, ils sont habitués à la technologie, au contact virtuel, ils ne sont pas habiles avec les relations interpersonnelles lorsqu’il s’agit de relations sexuelles avec un ou plusieurs partenaires. Il y a comme un manque du côté social et humain. Parfois, je déconseille à quelqu’un d’acheter tel ou tel item parce que, en discutant avec cette personne, je vois bien qu’elle n’est pas prête pour ce genre de chose. Nous avons de plus en plus aussi de personnes trans, et c’est très bien que l’on s’ouvre à cette réalité, encore là il faut écouter la personne, voir quels sont ses besoins propres, ce qu’elle désire atteindre socialement, sexuellement, etc. Je suis heureux dans ce que je fais, c’est très gratifiant de voir que les gens apprécient notre approche», explique Ricardo Olivares.
     
    « Le Priape est un véritable modèle de résilience, d’innovation et de transformation. Entre les déménagements et les incendies, les mutations du commerce de détail et l’arrivée du commerce en ligne, mais aussi l’évolution des besoins des clientèles, ce pionnier du Village a toujours su être à l’avant-garde pour demeurer pertinent. Au fil des ans, le personnel a su créer une véritable relation de confiance avec sa clientèle et c’est ce qui fait son succès des 50 dernières années », de commenter pour sa part Gabrielle Rondy, la directrice générale de la Société de développement commercial (SDC) du Village.

    «Il y a une perception persistante qui veut que Priape soit administrée depuis New York. Ce n’est pas vraie du tout. Je réside et travaille à Montréal plus de six mois par an. Je dois jongler avec le fait de prendre soin de ma mère très âgée [et malade], et qui habite à Baltimore, avec mon entreprise de party à New York. De plus, je travaille en ce moment sur un projet, il s’agit d’une fondation voulant documenter le night life LGBTQ+ post-Stonewall, à New York. J’ai déjà collectionné plus de 75 pièces qui seront présentées lors de l’exposition Disco à Paris prochainement. (Pour ceux qui sont intéressés, voici le lien : https://philharmoniedeparis.fr/en/activite/27966). Mais je le redis, et c’est important pour moi, que Priape n’est pas géré depuis New York, je suis ici à Montréal le plus souvent que possible», d’expliquer Steven Pevner.

    INFOS | 1311, rue Sainte-Catherine Est, Montréal, QC H2L 2H4  
    (514) 521-8451  https://www.priape.com

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