Mercredi, 12 février 2025
• • •
    Publicité

    Est-ce que les hétéros tournent le dos aux queers ?

    De grandes entreprises abandonnent leurs politiques d’équité, de diversité et d’inclusion. Les États-Unis élisent un ogre qui mange des minorités pour déjeuner. Le Canada s’apprête à porter sa pâle copie au pouvoir. Meta (Facebook, Instagram) cesse la vérification des faits et ouvre la porte à la désinformation. En ce début d’année, je me demande si les hétéros sont en train de tourner le dos aux communautés LGBTQ+.

    La nouvelle est tombée le 7 janvier 2025 : Meta met fin à son programme de vérification des faits aux États-Unis. La décision fut annoncée peu avant l’investiture de Donald Trump, alors que plusieurs élus républicains et Elon Musk affirment que la vérification des faits est une censure contre les voix conservatrices. En d’autres mots : ils se plaignent que leurs mensonges soient contredits publiquement.

    Désormais, les nouvelles règles entourant les propos haineux permettent aux adeptes de Facebook et
    d’Instagram de décrire les LGBTQ+ comme des personnes souffrant de maladie mentale. Voici ce que dit Meta : « Nous autorisons les allégations de maladie mentale ou d’anormalité lorsqu’elles sont fondées sur le genre ou l’orientation sexuelle, compte tenu du discours politique et religieux sur la transidentité et l’homosexualité et de l’utilisation courante et non sérieuse de mots tels que “bizarre”. »


    Ce revirement n’est pas une exception. Au cours des derniers mois, plusieurs militant.e.s de droite ont mené une campagne afin que les grandes entreprises jettent aux poubelles leurs politiques d’équité, de diversité et d’inclusion (EDI). Depuis quelques années, ces mesures ont (entre autres) ouvert la porte à des formations sur les enjeux des minorités et à une plus grande diversité dans la composition des conseils d’administration, des rôles de pouvoir et des employé.e.s. Sous pression, plusieurs géants y ont mis fin : Walmart, Molson Coors, Ford, Harley-Davidson, Lowe’s et bien d’autres.

    Lorsque Walmart, qui emploie 1,6 million de personnes chez nos voisins du sud, a annoncé la nouvelle en novembre dernier, le commentateur politique Robby Starbuck a publié ceci sur X : « C’est la plus grande victoire à ce jour pour notre mouvement visant à mettre fin au wokisme dans l’Amérique des entreprises », comme le rapportait La Presse. Eh oui, encore ce fameux wokisme. Un terme si souvent détourné de son véritable sens par la droite que même des partisan.e.s de la gauche en ont peur. Sans oublier quelques queers qui s’expriment ouvertement contre un concept voué à l’éveil envers les inégalités sociales. Quelle ironie quand même !

    L’automne dernier, la population américaine a non seulement réélu un violeur, un menteur et un intimidateur, qui s’amuse ces jours-ci à évoquer son plan pour annexer le Canada, mais elle l’a fait en sachant à quel point il est dangereux pour les droits humains. Grâce à ses nominations de juges à la Cour suprême, la protection du droit à l’avortement a été renversée.

    Les républicains comme lui s’attaquent inlassablement aux personnes trans et non binaires, en plus d’empêcher le partage d’informations de base sur les orientations sexuelles et les identités de genre dans plusieurs États. Il a suffi que Trump affirme qu’il allait s’attaquer à l’inflation pour qu’il obtienne une majorité de votes, même si plusieurs de ses politiques mettent en danger des millions de personnes.

    Évidemment, l’anxiété quotidienne reliée aux finances personnelles est indéniable. Mais le président américain n’a aucune crédibilité dans le domaine. Il est criblé de dettes. Il ne comprend pas les bases de l’économie.

    Il n’a pas le pouvoir de régler l’inflation. Plusieurs de ses idées peuvent même l’empirer. Pourtant, il a fallu qu’un ignoble personnage comme lui prétende que l’inflation aux États-Unis était la faute de Joe Biden, alors que le phénomène touche la planète entière, pour que les gens votent pour lui. Peu importe les horreurs qu’il ajoutera à son palmarès.

    Tout cela m’amène à douter de la loyauté de nos allié.e.s chez les hétéros… même au Canada ! En effet, combien d’électeurices se préparent à voter pour Pierre Poilièvre, un politicien qui a passé les derniers mois à répéter que tout était de la faute des Libéraux, qu’il fallait amincir le gouvernement, couper plusieurs programmes sociaux et abolir CBC-Radio-Canada ? Par ailleurs, je ne serais pas surpris s’il laissait ses député.e.s déposer des projets de loi qui pourraient détruire plusieurs vies LGBTQ+.

    On me répondra que les mentalités canadiennes sont ouvertes et que nos allié.e.s sont solides. Je répliquerai qu’iels sont souvent égoïstes, inconscient.e.s des effets de leurs décisions et d’une ignorance ahurissante. Tant que j’aurai à expliquer pour la septième fois — aux mêmes hétéros — la définition du mot queer, le concept de non-binarité, l’utilité des toilettes neutres et les
    besoins des trans, je vais douter.

    Du même auteur

    SUR LE MÊME SUJET

    LEAVE A REPLY

    Please enter your comment!
    Please enter your name here

    Publicité

    Actualités

    Les plus consultés cette semaine

    Publicité